dimanche 31 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 31 octobre 2021

 31/10/2021

Raciste, négationniste, xénophobe, antisémite, islamophobe, facho, virus. Aujourd’hui, Anne Hidalgo vient d'ajouter une nouvelle entrée à la Norme des injures qu'il est possible d'adresser à Zemmour : guignol.

"J’en appelle à ce que cette élection présidentielle soit une vraie élection avec un vrai débat et pas une candidature d’un guignol. C’est un guignol qui est en train de porter notre pays vers une situation qui ne correspond en rien à ses valeurs. Je veux que le débat de cette élection porte véritablement sur la vie des Françaises et des Français". Ce n'est pas tout : elle déplore que "Zemmour occupe l’espace médiatique de manière éhontée" et appelle le CSA à la rescousse.

Anne Hidalgo traite Éric Zemmour de Guignol : quelques titres
Anne Hidalgo traite Éric Zemmour de Guignol : quelques titres

Il est difficile de parler d'Anne Hidalgo sans tirer sur l'ambulance. Je m'étais ici affligé du manque de naturel de Zemmour dans ses premières vidéos, je dois maintenant reconnaître qu'avec Mme Hidalgo nous sommes mis en présence d'un nouveau sommet, tant elle paraît "fausse" et son discours emprunté. Je le dis sans plaisir. Un candidat de la gauche sociale-démocrate responsable, crédible, intelligent, fait cruellement défaut, tant l'actuelle maire de Paris semble loin de ce portrait. Ses interventions rappellent, d'une certaine façon, les pires prestations de Ségolène Royale. Les sondages placent Mme Hidalgo autour des 5%. C'est misérable, d'autant plus qu'on ne la voit guère "renverser la table" pour donner un nouveau souffle à une campagne déjà à la peine.

Le CSA, pour mémoire, a déjà sévi en provoquant l'éviction de Zemmour de l'émission Face à l'Info. Si le but était de supprimer l'homme de notre actualité, l'échec est total. Nous l'avons déjà dit, toutes les nouvelles mènent à Zemmour, et l'on ne saurait concevoir une discussion sur la sécurité, l'islamisme, le futur de notre pays ou d'autres sujets sensibles sans évoquer ses idées, fût-ce pour s'efforcer de les combattre.

Article précédent    Article suivant

samedi 30 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 30 octobre 2021

 30/10/2021

« Monsieur Zemmour n'est pas antisémite », pour la bonne raison qu'il « reproduit beaucoup de scénarios culturels liés au judaïsme », a déclaré Jean-Luc Mélenchon sur BFM. Quels sont ces scénarios culturels ? « On change rien à la tradition, rejet de la créolisation. » Ce ne sont pas des considérations nécessairement négatives, car « tout cela a son mérite, car ça lui a permis de survivre dans l'histoire. » Face à la mini-tempête soulevée par ces propros, le chef de la France Insoumise a admis s'être « mal exprimé. »

La mini-tempête en question, à bien y regarder, a eu deux causes. La première : le soupçon d'antisémitisme, pour avoir lié la judéité supposée de Zemmour à sa position politique. La seconde, celle d'oser affirmer que Zemmour n'était pas un antisémite. Cette dernière déclaration offusque le front anti-Zemmour pour qui l'antisémitisme du chroniqueur ne fait aucun doute.

J'ai déjà écrit ici combien je suis mal à l'aise sur ces sujets d'une religion, ou d'une tradition, prêtée à Zemmour, sans que l'on puisse trouver de lien entre cet héritage et les propos du futur candidat. Hélas pour moi, le sujet d'un « vote juif » et son corollaire, « un Juif ne devrait pas dire ça », s'est invité dans le débat. Le grand rabbin de France Haïm Korsia a déclaré sur que Zemmour était « antisémite certainement, raciste évidemment. » Pour le président du CRIF Francis Kalifat, « pas une voix juive ne doit aller au candidat potentiel Éric Zemmour. » Anne Sinclair aurait déclaré il y a quelques semaines : « Je veux dire ma honte qu’une partie infime de la communauté suit Éric Zemmour. J’ai honte. »

Je ressens pour ma part une profonde honte devant un tel spectacle. Je ne trouve pas de racisme dans les propos de Zemmour, qui milite précisément pour l'assimilation de tout être humain, quelle que soit son origine ou la couleur de sa peau. Le concept de racisme, il est vrai, change de sens selon celui qui l'invoque, et aucun accord sur ce point ne pourra être trouvé si l'on ne s'appuie pas avant toute discussion sur une définition commune. Je ne pense pas avoir jamais entendu Zemmour tenir des propos antisémites. Sa lecture des basses œuvres du régime de Vichy ne relève pas de cette catégorie, mais d'une vision historique à laquelle il faut opposer des arguments tout aussi historiques (je note qu'un historien franco-israélien, Alain Michel, partage l'approche de Zemmour. Je ne sais pas si cela a valu à ce chercheur installé en Israël d'être traité d'antisémite.)

Meeting de Zemmour à Nantes
(c) Le Parisien lien

Nouvelle du jour, les antifas et leurs camarades d'extrême gauche ont protesté contre la venue de Zemmour à Nantes en provoquant divers troubles et en attaquant une voiture de police. L'un des slogans était, nous dit Le Parisien, « Zemmour à mort, à mort les fachos. » Peut-être la police devrait-elle laisser Zemmour et ses partisans se faire exterminer, pour garantir la paix civile ? Comble du désir mimétique, cette manie de vouloir massacrer les opposants prend tous les atours du fascisme.

Article précédent    Article suivant

vendredi 29 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 29 octobre 2021

 29/10/2021

Les manifs anti-Zemmour des antifas signalent, d'une part, un amour immodéré de l'apocope, d'autre part la persistance par-delà les âges des vieilles recettes du Komintern. Si un antifa manifeste, l'objet de son courroux, automatiquement, est un fa. Nul besoin de définir plus loin ce qui se cache derrière ce fa que l'on a créé en creux, par la seule vertu de l'existence de ses opposants. À une autre époque, ce passe-partout sémantique et gratifiant m'aurait enchanté. Hélas, un siècle d'enseignements, à peu près, nous mettent en garde contre les discours bienveillants servant de rideau de fumée aux plus sordides politiques - plus sordides encore que celles de ces fa que l'on entendait combattre.

Il y a certes des raisons de s'inquiéter. Le tumulte des antifas intimide des élus susceptibles d'accueillir Zemmour, qui a vu son portrait transformé en cible dans une rue de Nantes. Que cela soit un appel au meurtre ou une blague idiote, l'effet immédiat est de maintenir les feux sur le non-candidat et de convaincre encore plus ses partisans que Zemmour, ce Prométhée contemporain, est dans la mire de tous ceux qui veulent se payer celui qui porte la lumière dans les ténèbres.

Article précédent    Article suivant

jeudi 28 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 28 octobre 2021

 28/10/2021

"Pauvre Marine Le Pen, je la plains. Je la plains de devoir parler comme Marlène Schiappa, comme la gauche, de parler comme les féministes. Mais vous savez, j’avais été le premier à le dire et à la diagnostiquer : c’est une femme de gauche, tous ses réflexes sont de gauche. Elle est en décalage avec son électorat."

Quand Zemmour présente Marine Le Pen comme une femme de gauche, il veut dire que son comportement reprend ceux de la gauche actuelle. C'est exact, du moins en partie, quand on pense que les sorties de la présidente du RN ne prennent plus pour cible une certaine immigration, comme c'était le cas à une époque, et qu'elle s'était donnée pour consigne de ne pas parler de "grand remplacement". Du reste elle demeure une étatiste convaincue, comme les camarades insoumis ou assimilés. Il n'en reste pas moins que ces différentes positions sont largement partagées à gauche, à droite et au centre. Alors, parler de "la gauche" dans ces conditions est délicat.

L'un des marqueurs historiques entre "gauche" et "droite" était la façon de considérer les influences respectives de l'inné et de l'acquis. Pour la droite, l'inné primait (l'hérédité, les grandes familles, bon sang ne saurait mentir, les chiens ne font pas des chats, etc.). L'acquis, pour la gauche, était la valeur déterminante, chacun étant en mesure de s'élever par l'exercice de la raison, nonobstant ses origines biologiques.

Ce sempiternel débat s'est évaporé dans un tourbillon échevelé. Le combat pour l'acquis, aujourd'hui, s'incarne dans le mouvement woke (et compagnie) avec son engagement pour la fluidité généralisée, y compris celle des sexes : tout est acquis, tout est choix personnel, sauf le "statut racial" qui fait de vous une victime, en qualité de descendant supposé de victimes, ou un bourreau, pour la même invraisemblable raison. Si l'on décide de voir ici le nouveau clivage gauche-droite, il ne fait alors aucun doute que nous trouvons d'un côté les Verts, partisans de ce relativisme exalté, et de l’autre Zemmour, résolument opposé à cette folie venue d'outre-Atlantique. Entre les deux, toutes les nuances de gris.

Il est paradoxal que Zemmour défende les chances de tous en voulant mettre fin aux quotas censés combattre les discriminations, quand ses opposants "progressistes" voudraient au contraire renforcer de tels privilèges. Paradoxal, car ici c'est Zemmour qui tient un authentique discours de gauche dans cette drôle de guerre à fronts renversés.

Article précédent    Article suivant

mercredi 27 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 27 octobre 2021

 27/10/2021

L’histoire retiendra que Zemmour a réussi à se placer, lui et ses thèmes, au beau milieu du jeu politique. Voilà qu'il sort de sa manche la carte du permis à points, qu'il faudrait supprimer ; et tout le monde d'exposer son avis, ses témoignages, son vécu, ses déboires, de narrer par le menu sa poignante saga dans laquelle on s'est fait retoquer, voyez la chose dans l'injustice de son horreur, pour une vitesse d'un malheureux kilomètre-heure en trop sur une route droite et large comme une piste d'envol où nul danger ne saurait se blottir, autour de ce damné permis à points dont, assure-t-on en passant, quelques juristes viennent de s'aviser qu'il serait peut-être hors la loi.

Marine Le Pen se rend en Hongrie et se vante d'être reçue avec plus d'honneurs que le chroniqueur, ce qui est sans doute vrai, mais bon, sa visite succède à celle de Zemmour et s'apparente à un jeu d'imitation. Emmanuel Macron, lui, se fait un spécialiste du poil à gratter là où ça fait mal. Après la commémoration du 17 octobre 1961, voilà qu'il annonce restituer des œuvres d'art au Bénin, histoire de « redonner à la jeunesse africaine accès à son patrimoine ». Face à une assemblée de protestants, il parle d'un récit « commun [...] enrichi par toutes les religions » ; ce récit, cela va de soi, « prétend chaque seconde à l’universel » et « n’est pas réductible à une identité figée ». Il serait injuste de penser que ces événements, vraisemblablement prévus de longue date, sont dictés par le combat contre les idées de Zemmour, mais l'important est ailleurs : chacun pense à Zemmour quand Macron s'exprime ou quand Marine Le Pen se rend à Budapest.

Récemment, notre président a inauguré le « musée Dreyfus » en appellant « à ne pas oublier ». Dreyfus, comme Pétain, comme Papon, sont des sujets qui « marquent » la pensée de Zemmour, et qui « marquent » aussi la frontière avec l'inacceptable. On touche ici aux tabous. Le président le sait bien et ne se prive pas de jouer ses atouts face à un Zemmour, sur ces sujets, parfois désinvolte, trop expéditif, dans sa dangereuse manie d'idéologiser notre histoire, qu'il traîne comme d'indécentes scories.

Côté sondage, aucun bouleversement, Macron en tête avec 23%-25%, Zemmour et Le Pen derrière dans l'intervalle 16%-18%. Z, disent les analystes, aurait atteint son plafond, il ne progresse plus, d'où son geste envers les « classes populaires » et la mise en lumière du permis à points, ce symbole de l'iniquité généralisée dont la France périphérique est la victime.

Article précédent    Article suivant

mardi 26 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 26 octobre 2021

26/10/2021

On se demande combien gagnent les scénaristes de Netflix, Canal +, Disney, etc., pour nous pondre des histoires souvent indigentes aux dialogues mille fois entendus, quand on découvre la séquence qui mit hier, en direct, Eric Zemmour en position de dialoguer avec une femme voilée. Contenu explosif, apparemment, puisque le tweet annonçant l'extrait a été retiré presto par Cnews, et que la vidéo elle-même a, dit-on, disparu de Youtube. Je ne sais pas ce qu'il en est mais je l'ai trouvée il est vrai sur Dailymotion - ci-dessous - sans aucune garantie qu'elle fonctionne. Gardons-nous des sortilèges de l'image : le verbatim du dialogue permet, je pense, de mieux comprendre encore par quels détours est passée la discussion et de quelle manière le dialogue parfois vif s'est déroulé. Un dialogue, je le répète, qu'aucun cinéaste n'aurait osé imaginer, et surtout pas présenter sous la forme qui suit.



Jean-Marc Morandini Je voudrais savoir, Rachida, pourquoi vous portez le voile ?

Rachida Bonjour monsieur Zemmour, bonjour monsieur Morandini. Si je porte le voile aujourd'hui, c'est parce que j'ai choisi de le porter. Je le porte depuis peu, mais c'est vraiment parce que mon cœur, ma foi, m'a dicté, m'a guidé vers ce voile, vers ma confession qui est musulmane. Pourtant je suis française, mais j'ai ma petite religion, qui est très grande, et que je respecte, comme toutes les autres religions. Ce voile, ce bout de tissu que je porte sur la tête, fait de moi la femme que je suis, et je ne changerai pas.

JMM Est-ce que ça vous choque, Eric Zemmour, de voir Rachida dans la rue, comme ça, avec le voile ?

Zemmour Oui. Et je vais lui dire pourquoi.

R Dites-moi.

Z D'abord, si vous voulez, est-ce que vous imaginez, à la Mecque, une jeune femme en minijupe ?

R Je ne suis pas à la Mecque.

Z Par respect pour la Mecque, elle ne mettrait pas une minijupe.

R Comment pouvez-vous comparer la France...

Z Ah mais la France pour moi est sacrée. Ça c'est une première chose.

R Oui, mais comment pouvez-vous parler de la France...

Z (en même temps) Donc par respect... en France...

Z Vous savez, il y a un vieil adage en France, qui dit "à Rome, fais comme les Romains".

R D'accord.

Z Donc à Rome on fait comme les Romains. Au Maroc, on fait comme les Marocains.

R Mais je fais, je suis française, je travaille...

Z (en même temps) Non, non, madame, vous ne faites pas comme les Français

R ... je travaille, je paye mes impôts, j'éduque mes enfants

Z Mais ça...

R ... mes enfants vont à l'école, je travaille, j'ai toujours travaillé, ça fait vingt ans que je travaille...

Z Chère madame...

R ... j'ai toujours respecté mes frères, mes sœurs, mes cousins, mes voisins, mes amis, mes collègues, mes patrons...

Z Chère madame...

R Je les ai toujours respectés.

Z Ça, vous le... je peux parler ?

R Et ce bout de tissu, M. Zemmour, excusez-moi, ce bout de tissu M. Zemmour, ne fait pas une personne, je suis une femme. Voyez la femme que je suis, ne voyez pas le tissu que je porte sur la tête.

Z Moi je ne vois que le tissu que vous avez sur la tête. Parce que vous, vous ne montrez que ça. Voilà. Quand vous êtes dans l'espace public, qu'est-ce que vous... laissez-moi répondre.

R Oui, je vous laisse parler.

Z ... vous montrez votre tissu. Donc vous dites à tout le monde : "je suis musulmane".

R Non.

Z La France... bien sûr que si ! La France, vous savez, c'est la laïcité. On n'est pas dans un pays arabo-musulman.

R Mais justement ! C'est un pays laïc !

Z Laissez-moi finir. Laissez-moi finir. Laïc, qu'est que ça veut dire ? Ça veut dire, d'une part, la liberté religieuse, mais ça veut dire aussi, madame, le devoir de discrétion. Ça veut dire que dans l'espace public, on ne dit pas à tout le monde "vous voyez, je suis musulmane". Non ! On dit  "je suis français". Je finis. Vous savez, madame, quand vous dites...

R Un bout de tissu.

Z Un bout de tissu qui veut dire tout !

R Non.

Z Madame, le vêtement est éminemment politique. Et je vais vous dire quelque chose : vous savez, vous dites, "c'est moi qui l'ai voulu, c'est ma foi, etc."

R Oui.

Z Bon. Vous savez très bien que l'islam ne repose pas exclusivement sur la foi, qu'il y a des injonctions très strictes, très précises...

R Ni sur un bout de tissu.

Z Ni sur un bout de tissu. Très strictes, et qui avant tout relèvent du contrôle social. Donc en vérité, il y a antithèse, antinomie, entre la liberté individuelle que vous revendiquez, et l'islam qui est une religion qui ne connaît pas la liberté individuelle, puisque islam veut dire soumission.

R Non.

Z Donc quand vous nous dites...

R Non.

Z Ah si madame, islam veut dire soumission.

R Non.

Z Qu'est-ce que ça veut dire ?

R Soumission, ça veut dire qu'il faut que je demande l'autorisation à mon mari, pour que je...

Z Non, non, non, non. Vous demandez l'autorisation au texte.

R Non !

Z Vous demandez l'autorisation au texte.

R Je suis une femme libre.

Z (en même temps) c'est le texte qui vous commande.

Z Non, madame. Vous n'êtes pas libre, non.

R Libre. Et c'est ce que j'inculque...

Z (en même temps) ça n'existe pas en islam

R C'est ce que j'inculque et ce que je dis à mes enfants. C'est la liberté. Nous sommes en France.

Z Madame...

R Liberté, égalité, fraternité, monsieur Zemmour. Respectez uniquement la liberté. Respectez la femme que je suis, non pas le foulard que je porte. Juste la femme que je suis.

Z Alors enlevez-le si ce foulard n'a pas d'importance !

R Enlevez votre cravate à ce moment-là !

Z Mais je l'enlève quand vous voulez.

R Mais moi aussi.

Z Mais la cravate n'est pas un (inaudible)

JMM Allons-y ! Allons-y !

Z Mais la cravate, madame... mais la cravate...

R Enlevez votre cravate, j'enlève mon tissu !

Z Alors très bien.

(il passe le micro à JMM et commence à dénouer sa cravate. Ce faisant :)

Z Et je signale que la cravate n'est pas un élément religieux. Et que donc elle ne signale rien de la religion.

R Le foulard non plus...

Z, sans cravate et le col relevé : Allez-y madame !

R Le foulard c'est la foi, c'est ce que l'on porte en nous.

Z Non, non. C'est l'injonction religieuse. Ce n'est pas la foi, madame. En islam... j'attends toujours que vous enleviez votre foulard. Allez-y, je vous en prie.

R Oui, je vais l'enlever. Et vous allez me respecter pour autant ?

Z Mais bien sûr.

R Ah, d'accord. (elle commence à défaire son foulard) Alors, tissu ou pas tissu, c'est le respect qu'on cherche.

Z C'est une évidence.

R On est d'accord.

Z On est d'accord.

R La liberté.

Z Non.

R (en détachant les syllabes) Je choisis de le porter, je choisis de le retirer.

Z (en même temps) Madame... C'est faux, madame.

R On va rien (inaudible) imposer...

JMM Laissons-la retirer, laissons-la retirer.

Z Je vous en prie.

R Personne ne m'imposera quoi...

Z Je vous en prie.

R Je décide, faut bien l'entendre, hein, je décide de l'enlever.

JMM Et vous décidez de l'enlever, voilà.

Z Très bien.

R Voilà

Z Très bien. Non, vous ne l'enlevez pas, là, voilà, très bien.

(R est maintenant tête nue. On entend des hommes crier quelque chose dans la rue)

R, regardant Z : Alors ?

Z Très bien, alors vous voyez, là, là, vous respectez la laïcité.

R Non, non, non, je me respecte moi-même.

Z Non, madame. Non, madame.

(ils parlent en même temps)

R Sachez une chose : le foulard ne fait pas la religion. Non, le foulard ne fait pas la religion.

Z Je suis d'accord avec vous.

R Comme votre cravate, ça ne vous donne pas plus d'intelligence ?

Z Ah, absolument d'accord. On est d'accord. Mais ça n'a rien à voir.

JMM Est-ce qu'aujourd'hui, sans foulard, là, maintenant que vous avez enlevé le foulard à la demande d'Eric Zemmour...

Z Ah non, pas à la demande, pas à la demande.

R Pas à la demande. J'ai décidé de le retirer.

JMM Bon, enfin, c'est un échange. Vous avez décidé de le retirer, je suis d'accord. Est-ce que vous vous sentez différente, sans foulard ?

R Non ! Non !

Z Alors pourquoi vous le mettez ?

R Parce que j'ai décidé de le porter !

Z C'est faux, madame.

R Parce que c'est ma foi, monsieur.

JMM Eric Zemmour, le fait qu'elle l'ait enlevé, qu'elle a enlevé son foulard, ça prouve que c'est une femme libre.

Z Mais...

R Mais oui !

Z Chère madame. Je vous rép... Oui bien sûr c'est très bien, je vous remercie. Ce que je veux dire - vous voyez, vous le remettez !

R Vous pouvez remettre votre cravate aussi.

Z Mais je vous en prie. Moi je vous répète que ce n'est pas un signe religieux.

R Ce n'est pas un signe religieux...

Z Non.

R Même le foulard.

Z Si.

R Non.

Z Ben pourquoi vous le remettez alors ?

R Vous voyez !

Z Puisque vous dites que c'est la foi. Madame...

R Vous avez juste vu les cheveux en plus, sinon c'est la même femme qui est en face de vous, monsieur Zemmour, vous avez la même personne.

Z Vous vous contredisez.

R Vous avez la même personne en face de vous.

Z Vous vous contredisez.

R Vous avez vu, je n'ai pas changé.

JMM Attendez, attendez.

Z Si vous ne me laissez pas parler, on ne peut pas discuter. Vous vous contredisez. Vous dites que c'est un acte de liberté, et après vous dites que ce n'est pas un signe religieux. Faudrait savoir. Pourquoi vous le mettez si ce n'est pas un signe religieux ? C'est évidemment un signe religieux.

R Non.

Z Et c'est évidemment écrit dans le Coran. Et vous respectez le Coran. Vous n'êtes pas libre, car en islam il n'y a pas de liberté individuelle.

R Monsieur Zemmour...

JMM On va essayer d'avancer un petit peu. Attendez, je vous redonne la parole dans un instant. (à Zemmour) La kippa vous gêne de la même façon ?

Z Oui. Moi, vous savez, quand j'étais enfant...

JMM Donc vous êtes pour qu'il n'y ait plus de kippas non plus dans la rue.

Z Absolument. Quand j'étais enfant, moi, je suis de confession juive, tout le monde le sait, quand j'étais enfant j'habitais là et on allait parfois à la synagogue. Et on mettait la calotte - on appelait ça calotte, d'ailleurs, en français - on mettait la calotte dans la synagogue, évidemment. Et dès que je sortais de la synagogue, ma mère me disait : "tu mets ça dans ta poche". Pourquoi ? Parce que elle, elle respectait la laïcité. La religion, c'est dans le privé. Ce n'est pas dans le public, dans l’espace public, et je vais vous dire pourquoi. Est-ce que vous savez pourquoi on ne met pas la religion dans l’espace public ? Parce que sinon, il ne peut pas y avoir de débat démocratique. Je m'explique. Si entre nous on peut discuter, voyez, sauf que à partir d'un certain moment vous allez me dire "c'est ma foi", donc on ne peut plus discuter, parce qu’il y a Dieu qui vient. Donc on sort Dieu du débat démocratique. Et dans l'espa...

JMM Elle n'a pas évoqué Dieu.

Z Si, si ! Elle a dit "c'est ma foi" !

R Oui !

Z La foi, c'est Dieu.

JMM Ça ne vous empêche pas de parler, Eric Zemmour.

Z Bien sûr. Mais ça nous empêche d'avoir un débat à égalité. Elle, elle est portée par la foi de Dieu.

R Je vous considère comme tout homme...

Z Vous ne comprenez pas ce que je dis.

R Juste, comme je vous dis, je suis une femme, vous discutez avec une femme, là, pas avec une musulmane. Vous parlez avec une femme...

Z Non !

R On est d'accord.

Z Non madame.

R Je suis de confession...

Z Vous ne pouvez pas, vous ne pouvez pas...

R Vous êtes juif, ce n'est pas écrit sur votre front  

Z Justement, ce n'est pas écrit sur mon front, vous, c'est écrit sur votre front.

Fin de la transcription.

Ce dialogue a quelque chose que je trouve passionnant, tout simplement parce que c'est un dialogue. Pas d'invectives. Pas d'entourloupe. Pour Rachida, son foulard n'est qu'un bout de tissu, comme elle le répète, et faire toute une histoire pour ce morceau d'étoffe, nous dit-elle, ne servirait qu'une querelle bien vaine. Pourquoi lui chercher noise de vouloir ainsi honorer sa foi ? Du reste, cette pièce de vêtement est, selon elle, tout aussi anodine que la cravate que porte Zemmour.

Pour Zemmour, ce n'est pas un bout de tissu. C'est un signe distinctif : celui de l'allégeance à une religion. Son affichage public contrevient à la laïcité, et ne saurait dès lors prétendre à la neutralité. De plus, cette religion étant pour lui liberticide, à cause des multiples contraintes qu'elle fait peser sur ses fidèles, il ne saurait être question d'accepter le voile au nom de la liberté.

L'échange de bons procédés - l'homme retire sa cravate, la femme son foulard - est un jeu de dupes. Se défaire d'une cravate ne prête à aucune conséquence. Je n'ai pas vu des fanatiques de Monsieur de Fursac ou de Hugo Boss se fendre d'appels à la haine contre le sacrilège commis par Zemmour et exiger qu'on étranglât le drôle avec un nœud Windsor.

Rachida, elle, a reçu des menaces de mort. Celle qui voulait prouver sa liberté en même temps que sa foi subit la vindicte d'excités pour qui le retrait de ce bout de tissu est tout sauf bénin, preuve que la portée symbolique du foulard dépasse celle d'un simple vêtement. Les femmes courageuses, en Iran ou ailleurs, nous disent exactement la même chose. Retirer le voile est une liberté ? Sans aucun doute. Ceux qui en parlent le mieux sont des anciens musulmans, des apostats, qui s'efforcent d'attirer notre attention sur les manœuvres des Frères musulmans, ou autres organisations similaires, occupés à grignoter petit à petit notre société par des petites concessions sur des aspects apparemment anodins qui sont pour eux autant de victoires.

Dans le cas présent, le cours des événements, on le voit, sert davantage la cause de Zemmour que celle de Rachida, obligée de se garder de ses coreligionnaires outrés par le geste d'une femme se croyant libre ; le futur candidat se trompe lourdement, toutefois, quand il néglige cette tendance profonde qui pousse l'homme libre à préférer, plébisciter parfois, la tyrannie. Jean-François Revel avait consacré un essai éblouissant à cette tentation totalitaire - c'est le titre de l'ouvrage - qui scandalisa tant les "bien-pensants" de l'époque. Plus d'une décennie avant le livre de Fukuyama, il apportait déjà un démenti à la perspective d'une fin de l'histoire. Nous aurions tort de l'oublier et de considérer que les femmes choisissant d'arborer un symbole de soumission le font contre leur gré.

PS - je trouve la vidéo de l'émission entière sur la chaîne de Zemmour. La voici.

Article précédent    Article suivant


lundi 25 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 25 octobre 2021

 25/10/2021

Titres en vrac : Creil rend hommage à Shaïna, adolescente enceinte brûlée vive en 2019. Toulouse. Un homme armé d'un couteau menace des pompiers venus lui porter secours. L'A13 fermée entre Paris et St-Cloud après un vol de câbles. Il tente de stopper un "rodéo urbain" dans sa commune, un maire du Calvados reçoit un coup de matraque. Toulouse : la maison d'un retraité squattée pour la troisième fois. Colombes : des policiers abattent un homme qui les menaçait d'un couteau. Il poursuit ses agresseurs et reçoit cinq coups de couteau. Un jeune homme grièvement blessé par des individus armés de sabres à Roubaix. Bordeaux : une voiture fonce sur des CRS, les policiers ouvrent le feu et blessent un homme. Toulouse. Il blesse sa victime au couteau, s'enfuit et chute de 10 mètres sur les quais de la Garonne. Armé de deux couteaux, l’individu qui menaçait des policiers à Montrouge sort libre du tribunal.

Un dernier : Changement d'heure : quand aura lieu le passage à l'heure d'hiver ?

On serait tenté de répondre que l'hiver est déjà là, et que l'heure véritable risque bien d'être la 25e, l'heure de la déshumanisation. Le temps est-il venu où rien ne peut plus être rattrapé, qui voit le néant blafard, avec sa gueule de raie, happer nos lendemains pour les entraîner dans d'insondables abysses ? Le monde s'est défait sous nos yeux et gît en un fatras désolé. Notre civilisation : un grand cadavre à la renverse ; le seul qui entend s'insurger porte en lui d'autres menaces, tout aussi démesurées, pire encore que la nuée portant l'orage. L'espérance fuit l'homme, comme une symphonie qui s'éloigne.

Article précédent    Article suivant

dimanche 24 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 24 octobre 2021

 24/10/2021

Au Grand Jury RTL, Zemmour égal à lui-même. Un journaliste l'attaque : "Vous divisez la société".

Zemmour réplique : "Oui. Je la divise entre Français et étrangers". Osé, direct et sans artifice. Sa façon de répondre brise les standards de l'interview politique et favorise sans contredit sa popularité. Beaucoup s'effrayent de le voir ainsi faire glisser la fenêtre d'Overton, pour reprendre une tarte à la crème de la politicosphère. Il est moins convaincant, cependant, en prônant la fin du permis à points. J'avoue être surpris par cette sortie démagogique, et m'attends à voir invité sur les plateaux TV le routier Tarzan qui avait fait trembler le gouvernement en 92 ou 93. L'un des interviewers a eu son scoop en direct, Zemmour a pris sa décision, même s’il la garde pour lui, oui, la résolution que tout le monde attend a bien été arrêtée et sera bientôt dévoilée. Cela ne change absolument rien, mais le journaliste était content de lui.

Juste avant Zemmour, Alain Finkielkraut intervenait sur Cnews. Je regrette que la parole de ce philosophe soit si rare - heureusement, nous avons ses livres - tant son analyse est judicieuse. Au sujet du non-candidat auquel tout le monde pense :

"Zemmour prend en charge l'angoisse existentielle d'un nombre grandissant de Français qui se demandent si la France va rester la France, si leur droit à la continuité historique sera enfin respecté ou continuera d'être bafoué. C'est la raison de son succès et ce n'est pas en l'insultant qu'on pourra en finir avec lui. [...] Zemmour a le mérite de mettre la question de la France, la France que nous voulons, au cœur du débat de l’élection présidentielle."

Oui, c'est son mérite, son très grand mérite, et l'on sait gré à l'essayiste de le noter, d'autant plus qu'il explique également son très profond désaccord avec Zemmour :

"Là où je suis en désaccord avec Zemmour, c'est que j'ai le sentiment que sa France n'est pas la mienne. [La France de Zemmour c'est] l'égoïsme sacré, l'intérêt national qui prime sur tout, qui prime sur les principes, c'est la France au sens de Charles Maurras. [...] Moi je suis du côté de la France de Péguy, une France à laquelle on peut s'attacher par le cœur et par l'esprit, et ce qui me désole avec Zemmour, c'est qu'il incarne le retour de Maurras, du réalisme maurassien, alors que c'est de Péguy que nous avons absolument besoin."

Finkielkraut dit la vérité vraie, la seule exactitude. Nous aimerions tant qu'un candidat puisse mettre la France au cœur des débats tout en chérissant les principes qui sont l'honneur de notre pays, en se refusant à renvoyer dos à dos les "deux camps" de la guerre froide et en considérant Poutine comme le monstre froid qu'il est, et non en allié potentiel.

Article précédent    Article suivant

samedi 23 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 23 octobre 2021

 23/10/2021

Voilà qu'à la télé un intervenant associe Zemmour à la pègre des années 60, en renvoyant le candidat-sans-l'être à la maléfique hérédité dont sa famille est porteuse, pour mieux détruire la France. Je n'avais encore jamais entendu un tel argument, oh, il y a bien les frères Zemour, avec un seul m, qui animaient la chronique criminelle des 70, et ceci peut expliquer une confusion bien regrettable, dans sa formulation comme dans ses sous-entendus. On attend le prochain qui accusera Zemmour de pratiquer des tarifs abusifs pour les décolorations dans les salons de coiffure qui portent son nom. Y a-t-il donc si peu de choses sensées à opposer au journaliste pour que l'on croie bon de clamer haut et fort de telles balivernes ?

Même son de cloche pour disqualifier Zemmour sur des sujets historiques. « Je suis venu ici, à Rouen, sur la terre du Débarquement et de Jeanne d’Arc pour vous parler de défense et de la politique étrangère », lit-on sur son compte Twitter. Ah ah, mais le débarquement n'a pas eu lieu à Rouen, s'esclaffent un grand nombre de commentateurs, vous voyez, il est nul en histoire, c'est un pitre, un cuistre, un imposteur ! (mais ce n'est évidemment pas ce qu'il a dit dans cette phrase mal fichue dans laquelle manque un article, ou se trouve un article de trop, chose qui ne dérange guère, visiblement). L'autre grande affaire, c'est de lui prêter une curieuse conception de la chute de Rome. Il aurait cité Gengis Khan comme l'homme responsable de cet événement. À ce que je comprends il n'aurait pas lui-même proféré une telle ânerie, mais aurait acquiescé trop vite, dans le feu de la conversation, à cette étrange hypothèse, au lieu de la reprendre.

J'aimerais pourtant que ses détracteurs se penchent sur des convictions avancées par Zemmour dans ses livres et ses articles, à mon avis si graves qu'elles confinent au délire. Sa réhabilitation de Georges Marchais tient à mes yeux de l'égarement le plus total, le pompon étant décroché quand l'ancien premier secrétaire du PCF est élevé au titre de gaulliste pur sucre - une position que pour ma part je trouve plus scandaleuse que la thèse du Glaive et du Bouclier, à laquelle, au moins, adhéraient de vrais résistants, qui n'avaient pas volontairement travaillé pour la Luftwaffe.

Article précédent    Article suivant

vendredi 22 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 22 octobre 2021

22/10/2021

« 67% des Français s'inquiètent d'un "grand remplacement" », titre Challenges.

Pour Renaud Camus, qui a contribué à populariser l'expression, le grand remplacement n'est pas une théorie. C'est un constat. Je le cite :

« Pouvez-vous développer le concept de Grand Remplacement ? - Oh, c'est très simple : vous avez un peuple et presque d'un seul coup, en une génération, vous avez à sa place un ou plusieurs autres peuples. »

La locution sent le soufre. Il s'agirait, en dépit des rectifications de Camus et du contenu de son livre qui porte ce titre, d'une théorie complotiste d'extrême droite de la pire espèce. À partir de cette confusion dans la façon d'appréhender l'expression, toutes les équivoques sont possibles. On peut estimer qu'il existe factuellement une substitution du peuple et le déplorer. Ou bien, on peut s'inquiéter de cette éventualité qui décrit un possible lendemain, sans pour autant être fidèle à la réalité actuelle. Ou encore, il est possible de s'affliger que cette expression, avec ses sous-entendus complotistes et fascisants, a le malheur d'avoir été forgée ; et qu'elle se soit si bien répandue par la faute de Zemmour ou d'autres, car elle révèlerait alors les sombres pensées qui travaillent notre société et encouragerait d'inévitables massacres racistes. Autre possibilité, reconnaître le « bouleversement démographique » tout en se refusant à employer une expression marquée par l'infamie. Ce n'est pas tout, car certains, se voyant dans la peau des « remplaceurs », se félicitent ouvertement de ce phénomène. Il est peut-être inutile de parler de ceux qui trouvent dans ce fait une merveilleuse opportunité pour notre civilisation - la créolisation - et, naturellement, des avocats d'une illusion tenace fondée sur des aprioris nauséabonds, vouée à s'évaporer comme un spectre lugubre face à la lumière apportée par la moindre étude un peu sérieuse.

J'en ai certainement oublié. Zemmour, pour le sujet, reste parfaitement dans la veine camusienne : insister sur le constat et accuser les experts qui prétendent dire autre chose d'aveuglement ou de compromission (le « lyssenkisme »). Pour une fois, les références cinématographiques de Z tiennent la route, quand il évoque les films de Claude Sautet des années 70. Il est vrai que le Paris de Sautet paraît sorti d'un univers parallèle. Et on voit mal comment un réalisateur de notre temps qui voudrait faire une nouvelle version de Max et les ferrailleurs (plût au ciel qu'aucun remake de ce genre ne soit médité) puisse donner aux membres du gang de minables leurs noms d'époque, Abel Maresco, P'tit Lu, Robert Saidani, Jean-Jean ; l'indic « dromadaire » s'appelle en réalité Cyriaque. On n'ose imaginer ce que ces pauvres types sortis d'une histoire des Pieds Nickelés deviendraient dans un cauchemar à la Bac Nord.

Article précédent    Article suivant

jeudi 21 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 21 octobre 2021

21/10/2021

Chacun y va de son indignation sur Zemmour et son fusil du RAID.

Christian Jacob : « C'est un geste totalement irresponsable » (Le Figaro)

Rachida Dati est « choquée » (Europe 1)

Pour Robert Ménard sur Cnews, « C'est une connerie d'avoir fait ça » (oui, il dit « connerie » et personne ne le reprend, et je pense que personne même ne le remarque, c'est ainsi, l'époque est ainsi)

Laurent Berger, à RTL : « Je pense qu'il n'a évidemment pas la stature, et que cet homme est dangereux dans ce qu'il propage comme idées, xénophobes, d'appel à la fin des contre-pouvoirs (...) Il n'est pas du tout à la hauteur, il a des attitudes et des propos intolérables. »

Ghislaine Ottenheimer : « C'est tellement lamentable de voir que quelqu'un de ce niveau prétend à la fonction présidentielle... »

La conseillère de Zemmour, nous dit-on, aurait exulté en voyant le tweet de Marlène Schiappa, « de l'or en barre » pour servir la campagne du journaliste. Pas sûr, mais pourquoi pas après tout, j'ai plutôt le sentiment d'une certaine indifférence devant ce geste pas très malin et la réaction surjouée.

Bonne nouvelle (quoi que...), deux soutiens s'affirment ou se réaffirment en sa faveur. Un chanteur, Jean-Louis Murat, aurait déclaré son amour pour Michel Onfray et Éric Zemmour, selon Closermag. Jean-Marie Le Pen, lui, doit trouver hilarant de comparer son chouchou à un dictateur, pour mieux le glorifier : « La seule autre personne envers laquelle j'ai éprouvé un tel élan naturel de sympathie est Saddam Hussein ».

Cette nouvelle est parue dans la section « divertissement » du site msn, on attend avec impatience dans ces pages d'autres allusions cocasses aux regrettés Brejnev ou Mao Zedong, ces hommes rudes mais, dit-on, irrésistibles boute-en-train dans le cadre privé. Mais bon, pour Jean-Marie Le Pen, aucun inconvénient à comparer Z à l'un des hommes les plus terrifiants des 50 dernières années (et peut-être aussi des 50 derniers siècles). On ne sait pas trop comment l'ex-chroniqueur vit la chose, mais cela ne m'étonnerait guère que cela ne lui fasse ni chaud ni froid, étant donné sa conception trouble des tyrannies (l'un des pires aveuglements de Zemmour). Toujours est-il que celui que l'on compare tour à tour à Mussolini, Hitler et Trump (pour le journaliste moyen, tout ça c'est à peu près la même chose) doit se sentir drôle de se retrouver dans le même sac que Saddam le cogneur, protecteur de son cousin Ali le chimique qui avait remis au goût du jour la vogue du gaz moutarde. Bref. On sait que ce genre de choses (j'allais écrire « de détails ») ne touche pas Zemmour qui, en bon gaulliste, ne juge les faits, aussi épouvantables soient-ils, qu'en fonction de l'intérêt qu'il y trouve pour la France.

Article précédent    Article suivant

mercredi 20 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 20 octobre 2021

 20/10/2020

Trois faits marquants à inscrire ce jour dans la saga zemmourienne. Hier, l'apparition à Versailles du chroniqueur dans une salle comble et, selon la presse, tout acquise au combat contre l'avortement. Je n'ai pas eu le temps d'examiner ce qui a effectivement été dit lors de cette soirée paraît-il mémorable, mais le lien entre l'idole d'une certaine droite et le mouvement « pro-vie » est solidement établi par maints commentateurs qui trouvent ici une nouvelle occasion de déplorer l'émergence d'un « Trump français ».

Ensuite, un sondage non officiel, et sorti on ne sait d'où, annonçait placer Zemmour à 21%, à deux points seulement du président sortant. Ce chiffre explosif était censé être dévoilé à 18h. À l'heure où j'écris ces lignes - sept heures passées ce soir - l'affaire a fait pchit, personne ne parle plus de cette nouvelle qui devait enflammer la précampagne. Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous comme des brebis, mais au-dedans ce sont des loups féroces.

Et puis, en visite du salon Milipol (l'événement mondial de la sûreté et de la sécurité intérieure des États, dit le site dédié), Zemmour prend un fusil, l'épaule maladroitement, blague avec les journalistes : « Ça rigole plus hein, poussez-vous, reculez ! » Marlène Schiappa envoie un tweet :

« Viser des journalistes avec une arme en leur disant « reculez ! » n’est pas drôle.
C’est horrifiant. Surtout après avoir dit sérieusement vouloir « réduire le pouvoir des médias. »
Dans une démocratie, la liberté de la presse n’est pas une blague et ne doit jamais être menacée. »

Zemmour :

« Je ne braque personne, vous savez, je n'ai menacé personne. Il n’y a aucun message politique ou menace. Marlène Schiappa essaie de monter une polémique. »

Puis :

« Marlène Schiappa est une imbécile. Voilà ce que je lui réponds, qu'elle est grotesque et ridicule. Elle essaye de chercher à monter en neige une polémique grotesque. Tous les Français vont se moquer d’elle, et ce n’est pas la première fois. »

Une « imbécile », ce n'est pas chic, mais d'un autre côté, l'insulte vient d'un homme que l'on ne se prive pas de traiter de facho, de collabo, ce qui n'est guère plus engageant, sur le plan du savoir-vivre. Le geste de Zemmour est sans aucun doute maladroit, car on ne vise personne avec une arme, même rendue inopérante. Qu'un journaliste soit dans la ligne de mire, et voilà tous les défenseurs de la liberté d'expression qui viennent s'insurger contre ce geste du refoulé, dévoilant sans fard l'âme noire d'un adorateur dissimulé de la NRA. Il est dès lors flagrant (selon ce schéma mental) qu'il inscrit chaque jour un peu plus sa trajectoire mortifère dans celle de l'ancien président américain, celui qui flattait les fanatiques du 2e amendement.

Article précédent    Article suivant

mardi 19 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 19 octobre 2021

19/10/2021

Y'en a qui ont essayé, y-z-ont eu des problèmes. L'humoriste Philippe Chevallier a annoncé voter pour Marine Le Pen. Nous donnera-t-on encore à entendre les sketches qu'il présente au côté de son complice Régis Laspalès ? D'autres comiques ont déjà commis des déclarations similaires (Franck de Lapersonne, Jean Roucas). Le moins que l'on puisse dire est que cela n'a pas profité à leur carrière. On attend le premier saltimbanque suicidaire, ou visionnaire, avouer sa passion pour Zemmour. Joachim Son-Forget annonce son soutien à Z, nous apprend Marianne, mais ce n'est pas un professionnel du divertissement (seulement un amateur doué et parfois dérangeant avec ses saillies dignes d'un Dupontel). Ce défenseur imprévu ne viendra sans doute pas de France Inter : le ricanement offensif et malsain a été érigé en ce fief en arme de combat, comme vient de le noter Alain Finkielkraut. Un combat contre l'audiovisuel public semble s'être doucement installé : Causeur et Cnews s'interrogent ouvertement sur le sens d'une taxe qui finance une antenne orientée et fière de l'être, quand Zemmour réfléchit à une suppression de la redevance - ce qui nous a valu une nouvelle chronique rageuse de France Inter. Démagogie ? Peut-être. Je ne vois pas d'inconvénient pour ma part à financer un service audiovisuel public, à condition qu'il se distingue par la qualité de ses émissions, son pluralisme, le respect des auditeurs, ce qui passe par une langue française maîtrisée, pour nous changer de l'ordinaire actuel. Quant à supprimer la redevance, Zemmour n'est pas le premier à poser l'hypothèse. Mais voilà : y'en a qui ont essayé, y-z-ont eu des problèmes.

Article précédent    Article suivant

lundi 18 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 18 octobre 2021

18/10/2021

L'un des sujets à la mode, dernièrement, est l'éventuelle alliance entre Zemmour et Marine Le Pen. Ménard (certes pas l'auteur du Quichotte, je parle ici de Robert) œuvre à cette fin pour donner vie à cette « alliance des droites » qu'il appelle depuis longtemps de ses vœux. Une sourde rumeur insinue que Zemmour deviendrait peut-être le premier ministre de Le Pen. Je me mêle de ce qui ne me regarde pas, mais enfin, c'est plutôt Mme Le Pen qui me paraît en position de briguer un ministère si Zemmour était élu, et encore je la vois mal exercer la moindre responsabilité. Si la bataille s'est réellement engagée entre « le parti du sursaut et le parti de l'Autre », pour reprendre la formule lumineuse d'Alain Finkielkraut, alors Zemmour est aujourd'hui le plus prometteur défenseur du « parti du sursaut » - tout simplement parce qu'il est seul à endosser clairement ce rôle. Je l'écris sans aucun enthousiasme, tant sont grandes mes réserves sur l'homme.

L'autre thème porteur et en voie de banalisation, ce sont les attaques à l'arme blanche. Un islamiste norvégien a commis un petit massacre urbain (cinq morts, je ne sais combien de blessés) avec un arc et une arme contondante non identifiée, un député britannique est mort sous les coups de poignard d'un autre agresseur de la même obédience, une guirlande de « faits divers » de la même espèce émaillent l'actualité de l'hexagone et des pays voisins sans que l'on sache toujours les motivations de l'assaillant, selon la presse. Et voilà que deux enseignants marseillais reçoivent des menaces de mort assorties d'une photo de Samuel Paty, tandis qu'un appel à couper les têtes de Zemmour et Marine Le Pen a circulé un certain temps sur les réseaux sociaux. Voici l'âge de l'horreur ordinaire.

Article précédent    Article suivant

dimanche 17 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 17 octobre 2021

17/10/2021

Pascal Praud a eu mille fois raison, cette semaine, de critiquer la façon dont Zemmour cite Les Tontons flingueurs dans un chapitre où il évoque l'assassinat d'enfants par Mohamed Merah. Je trouve ce passage, ainsi que quelques autres, navrant au plus haut point. Je me reconnais dans la plupart des critiques adressées au parallèle que fait l'écrivain entre l'assassin et ses victimes. Rien ne va dans ce court chapitre intitulé "La terre et les morts", ni l'enchaînement logique des prémisses, ni le style, ni les références. La conclusion est l'aboutissement de cette incohérence conceptuelle : "Étrangers avant tout et voulant le rester par-delà la mort". Aux dernières nouvelles, un mort ne "veut" rien du tout, et c'est se prendre pour une sybille que d'expliquer la volonté post-mortem de jeunes âmes avant leur calvaire. Il flotte dans cette phrase un parfum mystique dont Zemmour est parfois coutumier (on se souvient de son étonnante remarque sur les morts rapprochées de Coluche, Le Luron et Véronique Mourousi dans le Suicide français - étonnante, mais révélatrice).

Le choix de citer Les Tontons flingueurs, dans ce cadre, est évidemment une bourde monumentale. En dehors de ce contexte, les références à ce film peuvent également être discutées : le cinéma d'Audiard est parfois réjouissant et souvent affligeant, et les Tontons n'échappent pas à ce trait de caractère. Ces films français d'un certain genre et d'une certaine époque flattent le goût nostalgique de quelques générations (celle de Zemmour, celle de Pascal Praud), attirance à laquelle je n'échappe pas non plus, sans pour autant m'illusionner au point de voir là des œuvres impérissables du 7e Art. Leur charme est ailleurs, dans le portrait d'une France qui n'est plus, un pays que l'on aimait brocarder le sourire en coin et qui aujourd'hui nous fait cruellement défaut.

Dans la presse :

Sur les réseaux sociaux, un homme veut que les musulmans se réunissent pour « couper la tête » d'Éric Zemmour et de Marine Le Pen (Le Figaro)

Pour Yannick Jadot, Éric Zemmour est un « petit collabo de salon » (Le Point)

Éric Zemmour ou la revanche de Charles Maurras (La Règle du Jeu)

On est en direct : Jordan Bardella tacle Eric Zemmour sur la question des prénoms (Télé 7 jours)

Eric Zemmour is France’s Margaret Thatcher (The Spectator)

Éric Zemmour, el torbellino ultra que agita las presidenciales francesas (Leonoticias)

Saiba quem é Eric Zemmour, a nova face da extrema direita da França (Brasil247)


Article précédent    Article suivant

samedi 16 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 16 octobre 2021

16/10/2021

Deux commémorations parallèles et que la folie ambiante, pour notre plus grande affliction, risque de considérer comme vouées à des causes opposées. Une cérémonie s'est tenue en hommage à Samuel Paty, ce professeur décapité il y a un an par un islamiste. Un monument en forme de livre a été dévoilé à Conflans-Sainte-Honorine, une plaque a été inaugurée au ministère de l'Éducation nationale, un square portera son nom près de la Sorbonne. Samuel Paty envisageait de montrer des caricatures de Mahomet à ses élèves. Ces caricatures, qui avaient poussé d'autres islamistes à faire un carnage à Charlie Hebdo, avaient été publiées au départ dans une revue danoise. À cette époque, l'Europe s'interrogeait encore sur la possibilité de se moquer de l'islam comme on le faisait du catholicisme, en réponse à l'assassinat de Theo Van Gogh par un fou d'Allah, déjà. Van Gogh avait réalisé un film critiquant la place laissée aux femmes dans le monde arabo-musulman, en collaboration avec Ayaan Hirsi Ali, qui avait fui le monde musulman et décrit, dans son livre Insoumise, l'incompatibilité essentielle entre les textes fondateurs de l'islam et la société libre occidentale. Il faut se souvenir de cette longue et sanglante filiation pour revenir au tout début de la catastrophe actuelle : l'idée qu’islam et islamisme ne sont pas fondamentalement différents. Zemmour ne dit pas autre chose, et l'on se souvient que Philippe Val, Bernard-Henri Lévy et Alain Finkielkraut avaient alors milité pour que cette femme fuyant l'horreur soit accueillie en France.

L'autre commémoration ravive la mémoire d'un massacre perpétué à Paris contre des manifestants rassemblés par le FLN. Le Monde : "Massacre du 17 octobre 1961 : Emmanuel Macron dénonce « des crimes inexcusables », « commis sous l’autorité de Maurice Papon »". C'est la première fois que l'Élysée prend pareille initiative, et on ne m'enlèvera pas de la tête que cet acte officiel ne doit rien au hasard. L'Algérie, Papon, l'islam, tous les ingrédients sont là pour faire surgir le diable Zemmour de sa boîte et l'inciter à proférer de nouvelles paroles "inacceptables". La manœuvre est limpide et pose une nouvelle fois Macron en homme courageux, humaniste et lucide, face au tenant d'un discours "rance", "rabougri", "étriqué" et, naturellement, "raciste". Le président enfonce encore davantage le coin entre l'électorat "attaché aux valeurs de la République" et celui des "extrémistes", en appuyant sur la position de Zemmour décidément infréquentable. Cela dit, il est délicat d'appréhender sereinement le drame du 17 octobre 1961 étant donné que les historiens les plus cités sur le sujet sont des communistes, et l'on sait l'emprise de cette idéologie sur le récit historique (et cela est tout aussi vrai au sujet de Pétain). Une vision historique qu'il est nécessaire de questionner, tout comme celle de leurs opposants d'extrême droite, bien évidemment ; toutefois, si le cordon sanitaire semble solidement établi à la droite de la droite, je ne vois rien de tel du côté de la gauche marxiste.

Article précédent    Article suivant

vendredi 15 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 15 octobre 2021

15/10/2021

Au tour de Bernard-Henri Lévy de passer dans l'émission de Pascal Praud, ce matin. Charge à lui d'apporter une réponse à Zemmour qui répondait à la chronique que lui, BHL, avait écrite, soulevant les réactions qu'on sait. On attend maintenant la réponse à cette réponse qui elle-même répondait, etc., à moins qu'un nouveau face-à-face n'ait lieu, sans que l'on n'espère de meilleurs résultats que les autres fois.

BHL s'inquiète d'avoir été traité de "traitre" et se demande ce qu'un président élu ferait d'un homme ainsi qualifié. La question est légitime. Tout autant que celle de savoir le destin d'un homme comparé au "premier Mussolini". Praud n'a pas posé la question (mais il en a posées d'autres et, il faut le dire, très pertinentes). Lévy, me semble-t-il, est un peu à la peine quand il s'agit de savoir comment défendre la France : s'il partage le constat de Zemmour sur l'existence d'un péril, il se réfugie dans ses grands principes dès lors qu'il s'agit d'édicter des mesures. Rappeler le rôle de la République, expliquer aux femmes se baignant tout habillées qu'elles ne s'inscrivent pas dans la tradition française, pourquoi pas, mais je ne sache pas que de telles initiatives pédagogiques n’aient jamais fait changer d'avis des gens profondément attachés à des coutumes qui ne sont pas les nôtres.

S'il y a péril reconnu, la différence s'établit au sujet de son intensité. Pour BHL, la France est une grande nation qui pourra surmonter, en étant elle-même, les défis qui lui sont posés. Pour Zemmour, au contraire, la France n'est plus un grand pays et se trouve en danger de mort, tout comme les "petites nations" dont BHL s'est fait un défenseur (un mot au sujet des Kurdes : je ne me souviens pas d’avoir entendu BHL formuler des réserves sur l'idéologie totalitaire, explicitement marxiste-léniniste, à laquelle s'affilient tant de mouvements de "combat" ou de "résistance" kurdes à la bannière frappée de l'étoile rouge. J'entends bien que ces mouvements combattent des dictatures ou des groupes de terroristes, mais l'ennemi de mon ennemi n'est pas toujours mon ami, comme nous l'enseigne l'histoire du siècle passé).

Article précédent    Article suivant

jeudi 14 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 14 octobre 2021

14/10/2021

Zemmour, invité de Praud, c'était Demolition Man. Il balaye sans férir les attaques de BHL, ce "Malraux de Carnaval", et ne se prive pas de réaffirmer qu'il se comporte en tant que patriote, loin du "juif imaginaire" où on voudrait l'enfermer. Autant le dire, il est bon quand il cogne de la sorte, et possède un réel talent pour retourner les coups d'où qu'ils viennent. Libération, l'accusant d'être un millionnaire ayant recours à l'optimisation fiscale (comme si cela était le plus vil des crimes et délits), est renvoyé aux subventions publiques que l'hebdomadaire engloutit sans barguigner. Bien vu.

Praud aussi est bon, il faut le dire, même quand il affiche ses désaccords, et surtout quand c'est le cas, d'ailleurs. Drôle d'homme, ce Pascal Praud, qui prouve qu'un grand amateur de foot peut en avoir dans la cervelle, tout étrange que cela puisse paraître. Oui, Zemmour manque de "sensibilité", fidèle à ses principes de ne pas se laisser berner par le pathos (et, on l'imagine, à ceux de se comporter en homme, pas en femme). Le fait est dérangeant, très dérangeant, et rejoint confusément la posture gaulliste de renvoyer dos à dos les "empires" rivaux, quand bien même celui-ci serait plutôt libre et celui-là tout à fait totalitaire. La real politik a ses vertus et ses détresses et Z paraît ne pas se soucier de celles-ci.

L'argument qu’il oppose dernièrement à ceux qui voudraient protéger des étrangers - ceux qui ont servi la France en premier lieu - est tout trouvé. "La France est en danger de mort. Il faut d'abord sauver la France". On comprend qu'il "démocratise" ici une crainte renaudcamusienne. On peut l'entendre, quand un ancien président évoquait une possible partition. Mais on peut aussi se méfier d'une telle justification, qui ouvrirait la porte aux pires aveuglements.

Article précédent    Article suivant

mercredi 13 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 13 octobre 2021

13/10/2021

Zemmour à 17 ! Que dis-je, à 17, à 18 maintenant ! Qualifié pour le second tour dans tous les cas de figure ! Où cela s'arrêtera-t-il ? "Dès qu'il sera candidat", disent certain. "Il ne se présentera pas", annoncent d'autres. Ou encore : "ces sondages sont bidons, la manœuvre est trop grosse, si vous voyez ce que je veux dire."

Allez savoir. La quête de la juste prédiction convoque tous les Nostradamus du PAF. Dans l'attente, l'article de BHL continue de faire des vagues. Il y a de quoi. Je ne suis pas en désaccord sur tout, mais je formulerais cependant une nuance au sujet de la rhétorique "maurrassienne" : Maurras vomissait la démocratie, comme tout lecteur un peu sérieux peut s'en persuader. Zemmour, au contraire, voue un culte à la démocratie "du peuple, par le peuple, pour le peuple". C'est dès lors commettre un contresens que de parler d'un candidat "embrassant" la pensée de Maurras : il existe des aspects maurrassiens chez Zemmour, je l'ai déjà dit ici, comme la haine de "l'individualisme", du "libéralisme" et des Américains. Et nous savons fort bien que ces traits-là, tout regrettables qu'ils soient, sont parmi les plus partagés parmi nos hommes politiques. Pour le dire autrement, les facettes maurrassiennes de Zemmour ne font pas de lui un disciple spirituel de l'essayiste d'extrême droite, comme pourrait le penser un lecteur occasionnel de BHL.

Je ne suis pas non plus le philosophe quand il critique le trumpisme. Trump, avec ses mauvaises manières et sa vulgarité évidente, a semble-t-il eu le courage de soutenir Israël sans faille et est même parvenu à établir des traités entre l'État juif et plusieurs pays arabes, tout en maintenant l'Iran à distance (curieux que beaucoup de pourfendeurs du fascisme ne s'en prennent jamais à l'Iran dans leurs réquisitoires - je ne parle pas de BHL en particulier, qui me semble au contraire lucide sur le sujet, mais plutôt de toutes ces belles âmes qui s'indignent d'une résurgence supposée du fascisme ou du nazisme chez nous, alors que les régimes totalitaires et bien actifs ne manquent pas dans le monde contemporain.)

Dès lors, la menace que ferait peser sur les Juifs un "Trump français" ne porte guère. L'objection principale, cependant, reste l'assignation à judéité que présente cet article, injonction que je trouve pour le moins déplacée.

Bonus sans rapport avec ce qui précède :

Tariq embrassa la terre du nouveau continent, frappa une fois le sol de son bâton et s'exclama : Frères ! Que cette montagne soit le témoin de notre exploit ! Dorénavant elle portera mon nom, le mont de Tariq, gibr al Tariq. Ainsi naquit Gibraltar.

Tariq contempla le plus grand des fleuves qu'on eût jamais vu. Il frappa alors deux fois le sol de son bâton et annonça : Frères ! Que ce cours d'eau magnifique soit nommé selon sa splendeur ! Voyez le grand fleuve, oued al kebir. Ainsi naquit le Guadalquivir.

Plus avant dans le pays, Tariq croisa la route d'un cours d'eau charriant de la boue. Il s'arrêta, frappa trois fois le sol de son bâton et héla ainsi ses hommes : Frères ! Voyez la rivière qui charrie la lie du monde ! Nous l'appellerons fleuve de la fange, oued al khara. Ainsi naquit le Guadalajara.

En pourchassant une biche à la robe couleur de miel, Tariq découvrit un plateau où voletaient par milliers les papillons. Il frappa quatre fois le sol de son bâton et déclama : Frères ! Ici nous bâtirons le plus prestigieux des palais, al kasr. Ainsi devait naître l'Alcazar.

On amena un infidèle à Tariq. Celui-ci l'écouta, le mit à mort puis frappa cinq fois le sol de son bâton. Il proclama : Frères ! Que soient justement châtiés les impies qui proclament que Mbappé était hors-jeu.

Article précédent    Article suivant

mardi 12 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 12 octobre 2021

12/10/2021

Deux articles viennent analyser le discours de Zemmour sous l'angle de sa judéité.

BHL – Ce que Zemmour fait au nom juif (Bernard-Henri Lévy, Le Point)

Zemmour ou comment un Juif peut incarner l’extrême droite (Guillaume Erner, Charlie Hebdo)

J'avoue être gêné par cette approche. Je n'accorde aucune importance au fait que Zemmour soit juif. Ce point m'indiffère à un tel point qu'un blanc perplexe envahit un instant mon esprit quand j'entends le journaliste ramené à la religion de ses ancêtres. Comment un Juif peut-il incarner l'extrême droite ? s'interroge Charlie Hebdo. Avant toute chose il me paraît de la plus cruciale importance de faire préciser deux choses, l'une à la suite de l'autre, pour rendre le débat possible : la première, qu'est-ce que l'extrême droite ? La seconde, quels sont les éléments qui, dans le discours de Zemmour, ressortent de cet extrémisme ?

Ce ne sont pas des questions rhétoriques. Si l'on considère que donner aux nouveaux-nés des prénoms du calendrier est d'extrême droite, alors il faudra admettre que tous les dirigeants de la France pendant le XIXe siècle et la majeure partie du XXe ont conservé une mesure d'extrême droite. À ce titre-là, l'extrême droite est partout, de tous les bords, de toutes les époques. Le flou dans lequel on maintient ce courant de pensée sert à brandir l'anathème et à étiqueter ceux dont les idées nous offusquent. Ténébreuses méthodes qui rendent le monde plus inintelligible encore. Et jeu dangereux : à force de diluer le fascisme et le nazisme dans la grande marmite commune, on sera infichu de les reconnaître quand ils seront de nouveau là (et il n'est pas impossible, hélas, qu'ils soient bel et bien là, sous de nouveaux atours et sans que Zemmour y soit pour grand-chose).

Bien sûr, il y a le cas Pétain. Charlie Hebdo note, effaré, que Zemmour cite Pierre Messmer au procès Papon : « Quel que soit le respect que nous devons à toutes les victimes de la guerre, et particulièrement aux victimes innocentes, ces femmes, ces enfants, ces vieillards, je respecte plus encore celles qui sont mortes debout et les armes à la main, car c’est à eux que nous devons notre libération. » L'hebdomadaire ajoute : « Manière policée de dire que les Juifs sont des victimes de seconde zone… » et, dans sa conclusion : « Si un juif peut défendre Pétain, cela veut dire que la volonté, en matière d’identité peut tout. »

La déclaration de Pierre Messmer peut nous heurter, elle n'en reste pas moins une déclaration de Pierre Messmer, héros de la Libération. Zemmour se reconnaît en elle : c'est son droit. Je n'ai aucune idée de sa façon de vivre sa judaïté, mais pas le moindre doute sur ses affinités spirituelles avec un certain gaullisme, et c'est bien ce dernier trait qui me paraît guider sa pensée. Cette phrase fait-elle de Messmer un fasciste ? Un nazi ? Non. Nous aimerions savoir ce que dit Charlie Hebdo sur ce point précis : l'un des plus célèbres résistants était-il devenu sur le tard un défenseur de cette pensée totalitaire qu'il avait tant combattue ? Une fois devenu nazi, ou fasciste, aurait-il laissé son nouveau combat intellectuel aux mains de Zemmour ?

Il est possible de considérer que Pétain fut moins cruel, moins meurtrier, qu'un Reinhard Heydrich - toutes les archives à notre disposition nous poussent à le penser. Dire cela n'est pas défendre Pétain, mais énoncer des faits. Zemmour, semble-t-il, inscrit son discours dans une discussion sur une question historique, celle de la volonté délibérée de protéger les Juifs français en livrant les Juifs étrangers. Cela est peut-être vrai, cela est peut-être faux, mais nous devrions être capables de dépasser les positions de principe qui rendent impossible la moindre discussion. On rêve d'une analyse historique qui ne soit pas ligotée par les oukases du moment. Faire de Pétain un diable est bien commode, mais cela n'encourage en rien une meilleure compréhension du monde. Ceux qui ont intérêt à brouiller les cartes se frottent les mains.

Article précédent    Article suivant

lundi 11 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 11 octobre 2021

11/10/2021

Zemmour inéligible ? Du côté des communistes se fait entendre l'idée qu'un homme condamné pour propos racistes ne pourrait légalement pas être candidat. Le Huffington Post reprend l'hypothèse. La loi, si elle était correctement appliquée, laisserait sur le bord du chemin électoral ce genre d'énergumènes : "[...] si l’on souhaite interdire les expressions racistes, comme on le fait depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, alors il est contradictoire de laisser les individus récemment condamnés pour de tels propos se présenter devant les électeurs, ou laisser entendre qu’ils pourraient le faire." Suit une évocation de la République de Weimar qui précisément a renoncé à mettre en œuvre des lois équivalentes, pour le résultat que l'on sait (nouvelle façon de lier, sans y toucher et dans la plus pure tradition antifa, le possible candidat à l'auteur de Mein Kampf).

En attendant que Zemmour se déclare - et se voie peut-être retoqué par ces juges qu'il déteste, et qui le lui rendent bien - je m'interroge au sujet de deux curieuses allusions lues dans son livre.

La première est dans l'extrait sur René Bousquet "assassiné en 1993, par un déséquilibré, dira-t-on." Tout est dans le "dira-t-on". Pourquoi ces trois petits mots, qui mettent en doute la qualité de déséquilibré de l'assassin ? Zemmour a-t-il des informations qui remettraient en cause une opportune "version officielle" ? Faut-il voir ici un complot où apparaîtrait le nom de François Mitterrand, encore vivant en 1993, et qui avait entretenu des relations amicales avec Bousquet ? Mystère.

L'autre concerne Chirac. "Chirac et les femmes, Chirac et l’alcool, Chirac et la drogue", écrit Zemmour. Les femmes, l'alcool, je veux bien. Mais la drogue ? Peut-on écrire ainsi, sans plus détailler, que notre ancien président était un drogué ? Si cela était vrai, ce serait un immense scandale. Oh, je me souviens fort bien avoir entendu un certain Fauré se pavaner d'avoir vendu des kilos de cocaïne au Président et à son équipe, mais je pensais qu'il ne s'agissait que de racontars propres à servir une certaine presse de caniveau. Je découvre, effaré, que selon Zemmour ces ragots n'étaient peut-être pas tous à mépriser. Mais alors, notre presse d'investigation serait restée silencieuse ? Je ne sais que penser.

Article précédent    Article suivant

dimanche 10 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 10 octobre 2021

10/10/2021

La présence de Zemmour dans l'actualité ne mollit pas. En Corse, le passage de l'écrivain a provoqué bagarres et vociférations. Je ne l'ai pas entendu revenir sur sa défense des gens qui, dans l'île, avaient combattu les apparitions de burkinis, il y a quelques années. En revanche, il a parlé de Napoléon (pas un mot sur Pascal Paoli, qui s'était tourné vers l'ennemi anglais), de l'attitude des Corses pendant la dernière guerre, d'Astérix en Corse (rien sur Mérimée, Maupassant ou Henri Tomasi) et souligné le rôle délétère de l'Europe qui encourage à l'en croire les mouvances régionalistes pour mieux affaiblir les États.

Chaque jour son indignation. La saillie d'un humoriste professionnel jusque-là inconnu, Gaëtan Matis, provoque une petite tempête : "Si j’avais une machine à voyager dans le temps, je m’amuserais à booker la salle du Bataclan pour la soirée du 13 novembre et j’y organiserais une soirée de rencontre entre Éric Zemmour et son public." Peinture au gros rouleau (ce n'est pas Matis der maler), de mauvais goût et révélatrice d'un certain état d'esprit. L'élimination violente des personnes que l'on déteste est un poncif dans certains milieux - on se souvient que Ruquier avait suggéré que Trump soit baladé en décapotable à Dallas, suivez mon regard et regardez-moi pouffer. Rien, cependant, qui ne déroge à mon sens au mauvais goût bête et méchant de l'ancien Charlie Hebdo, ou mieux, du Hara Kiri de la grande époque. Choquant, stupide, tout ce qu'on voudra, mais vraisemblablement pas hors-la-loi. Motif supplémentaire de consternation, je dois être le seul à avoir été choqué par l'emploi du verbe "booker" à la place de "réserver", ce qui n'améliore en rien l'image que je me fais d'un plaisantin de métier encore inconnu il y a quelques heures.

Article précédent    Article suivant

samedi 9 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 9 octobre 2021

 09/10/2021

Zemmour est d'une prudence de Sioux sur le changement climatique. Je l'ai entendu, dans le passé, souligner que les voix des chercheurs sceptiques étaient étouffées, et que les laboratoires étaient bien obligés de se conformer à la pensée dominante pour ne pas voir s'envoler les financements. Aucune allusion de ce genre aujourd'hui, que ce soit dans ses interventions ou dans son livre. Il se contente de rappeler qu'il n'est pas scientifique et se remet dès lors aux analyses de plus savants que lui.

Cette attitude de grand sage cache, à mon avis, le refus d'afficher désormais son scepticisme : si discourir sur le grand remplacement est devenu porteur dans une grande partie de l'opinion, la position de "climato-sceptique" signe quant à elle l'infamie et ce, semble-t-il, dans toutes les franges de la population. Je souligne en outre que Z n'a pas d'intérêt à contester frontalement l'existence du réchauffement, quand bien même il n'y croirait pas, car cela lui permet de se poser en défenseur de la technologie nucléaire. Après tout, certaines mauvaises causes peuvent servir de grands projets.

Grand remplacement contre grand réchauffement : deux frères ennemis mortellement fâchés. Les pour et les contre, d'ailleurs, se répondent en miroir et s'avèrent parfaitement interchangeables.

"Il suffit d'ouvrir les yeux", disent les personnes que le réchauffement inquiète. "Avez-vous vu cette tornade en Corse ?"
"Sans doute, mais vous confondez la météo et le climat", rétorquent les climato-sceptiques, "et il n'est pas étonnant qu'avec la multiplication des smartphones et l'occupation de terres jusque-là désertes l'on croule sous des témoignages décrivant des faits somme toute banals."

"Il suffit d'ouvrir les yeux", expriment les personnes alarmées par le remplacement. "Regardez l'agression d'hier au nom d'Allah".
"Naturellement, toutefois vous avez tort de prendre un fait divers ou des observations ponctuelles pour des généralités", objectent les progressistes, "car l'immense majorité des personnes issues de l'immigration est pacifiste."

"La science prouve qu'il existe un réchauffement de la planète, dit-on d'un côté. "Regardez le GIEC !"
"La belle affaire ! Votre prétendue science est aux ordres de puissances politiques et idéologiques", leur oppose-t-on, d'autant plus que "le GIEC a été précisément créé pour nous convaincre du bien-fondé de cette croyance, et non pour la questionner".

"Les études prouvent sans faillir le bouleversement démographique", avance-t-on. "Avez-vous lu le numéro spécial de Causeur sur le sujet ?"
"Sacrée étude, en vérité, publiée par une presse de combat depuis longtemps convaincue de la chose, et du reste complètement réfutée par celles du démographe Hervé Le Bras."

Plus ces discussions durent, et plus la probabilité de voir citée une référence au lyssenkisme s’approche de un, formulerait un Godwin des temps présents. Certains, plus malins que les doctrinaires de base, s'essayent à des synthèses hardies. Il y a changement démographique, et c'est heureux, car s'annonce ici l'ère de la créolisation, avance le chef de La France insoumise. Rien de plus opportun que l'excès de CO2 et le réchauffement de la planète, jugent quelques-uns. Le premier fera fleurir le Sahara, le second disparaître les glaces de l'Arctique pour ouvrir de nouvelles routes commerciales.

Quoi qu'il en soit, les deux thèmes sous-tendent, que cela soit explicite ou non, toute la "communication" actuelle. Regardez les publicités, odes appuyées à la "diversité" et à "l'avenir de la planète", choses également célébrées dans une enfilade de poncifs bien-pensants, pour nous convaincre que l'ouverture à l'autre et la réduction des émissions de dioxyde de carbone sont indéfectiblement liées pour dessiner des lendemains qui chantent. C'est ce genre de petite musique envahissante qui avait tant aidé à faire élire Trump, et qui porte aussi Zemmour.

Chaîne Zemmour : 230.000 abonnés. C'est un peu plus que celle d'Emmanuel Macron (227 k), mais on est encore loin du chiffre atteint par Jean-Luc Mélenchon, avec 583.000.

Article précédent    Article suivant

vendredi 8 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 8 octobre 2021

 08/10/2021

Lu dans le Figaro : « Allez vous faire voir », répond Mélenchon aux socialistes qui lui demandent de se rallier.

Classieux. Le langage insultant, de cour de récré - osera-t-on écrire « de racaille » ? - envahit l'actualité politique. Ian Brossat au sujet de Zemmour : « J'en ai ras-le-bol de ces débats de merde, j'en ai rien à foutre du prénom des gens ». Martine Aubry invectivant le même, à distance : « Mais va te faire… »

Le recours à l'insulte est un symptôme d'impuissance, comme chacun sait. Le plus grave est que des responsables politiques se donnent ainsi en spectacle et enfoncent un peu plus dans la tête des gens que l'invective est légitime, tout en démontrant à tout un chacun qu'ils se comportent en parfaits paltoquets. On s'était indigné, très légitimement, que Sarkozy balance à un quidam « casse-toi, pauvre con ». Et maintenant, voilà que Martine Aubry lâche, sans que cela ne fasse de remous particulier, « Mais va te faire… », et que le directeur de campagne investi par le PCF parle de « débats de merde » dont il n'a « rien à foutre ». L'exaspération exacerbe les violences verbales ou, penseront certains, font tomber les masques. Ce qu'il y a dessous n'est pas beau à voir.

On aurait pu croire que les gros titres (le foot, l'Europe, Tapie) finiraient par éloigner Zemmour du paysage médiatique. Rien de cela ne se dessine. Une circulaire de Blanquer veut offrir un meilleur accueil aux élèves « transgenres », et voilà Z qui invoque des enfers le spectre de Mengele ; la Pologne entend placer ses lois au-dessus des règlements européens, et chacun pense au souverainisme cher au prochain candidat ; quand Macron déclare que la France doit « assumer sa part d’africanité », inutile de se demander qui montera au filet pour reprendre cette formulation au vol et abattre sur elle sa raquette rhétorique.

Ce dernier point, sur l'africanité, laisse sceptique. La manœuvre paraît un peu grosse. Macron sait fort bien que Z sera en première ligne pour commenter ce mot et ajouter une escarmouche à la bataille en cours - au détriment du RN. Le plan serait alors de faire monter Zemmour pour mieux détruire Marine Le Pen, avant de passer à la phase II, la destruction de Z ? Pas impossible.

Article précédent    Article suivant

jeudi 7 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 7 octobre 2021

 07/10/2021

Zemmour écrit "Apathie" en lieu et place d'"Aphatie" pour désigner son ancien collègue journaliste de RTL. Bon, disons que c'est Jean-Michel "Apeuprès" Aphatie, et tout le monde se quitte bons amis. L'écrivain a le h baladeur, faut dire. Le quart d’heure de gloire est ici wharolien, là warholien. Cette dyslexie inaudible, donc muette, ne devrait pas lui porter préjudice, tant qu'il ne touche pas au nom de Mélenchon.

"La France n'a pas dit son dernier mot", je l'ai dit, n'est pas très bien écrit, quand on compare le style de Zemmour à ceux de Finkielkraut, Camus (Renaud) ou Revel (Jean-François). Un exemple qui me fait hurler, le passage "leurs propos pourtant convaincants n’impriment pas sur des magistrats (etc.)" Quand quelqu'un me dit "ça n'imprime pas" j'ai l'envie soudaine de lui faire ingurgiter du toner Rank Xerox tout en l'achevant à coup de ramettes A4. Quelle sotte idée, quand on entend diriger la plus grande nation de l'univers, que d'employer des expressions si laides et à ce point soumises à l'air du temps !

N'exagérons pas, le livre a des bons moments, excellents même. Sur Jean-François Copé : "Je songe que Copé n’a pas de chance ; il a quelque chose en lui d’indéfinissable qui le rend antipathique même lorsqu’il se veut sympathique, et arrogant même lorsqu’il profère quelque chose d’intelligent." C'est la vérité vraie, dans sa cruelle nudité.

Et aussi, sur Sibeth Ndiaye : "Naguère, ses tenues bariolées avec un grand cœur rouge qui la faisaient ressembler à Casimir et ses coiffures à étages qui ne la faisaient pas ressembler à Marie-Antoinette m’irritaient, mais je préférais m’en moquer." Casimir ! C'est pourtant vrai qu'elle avait quelque chose du monstre gentil des après-midi de notre enfance, et l'on sait gré au journaliste de nous remettre en mémoire cet adulateur du gloubi-boulga. Un dernier : "[c'est] à dessein qu’elle assiste en pyjama au défilé du 14 Juillet pour montrer le mépris qu’elle porte à la fête nationale." J'ai été chercher des photos pour me remettre l'image en tête : je ne sais pas si c'était un pyjama, mais ce nom va très bien à la parure dont s'était alors vêtue celle qui fut, quelques mois durant, l'étrange porte-parole du gouvernement français. 

Article précédent    Article suivant

mercredi 6 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 6 octobre 2021

 06/10/2021

Zemmour en finale. Un nouveau sondage donne le journaliste devant tous les candidats déclarés, et dès lors en position d'affronter le président sortant au second tour de la présidentielle. Ce n'est plus de la panique, c'est le sauve-qui-peut général. Anne Hidalgo en proie à une crise existentialiste confie avoir la nausée. Dupont-Moretti fustige le « raciste, négationniste ». Michel Barnier, explique Le Parisien, insiste sur la « souveraineté juridique » de la France et promet un référendum sur l’immigration. Toutes les fois qu'une nouvelle de ce genre apparaît dans les news, je crois entendre la voix de Zemmour répondre en rafales : "ben voyons ! ben voyons ! ben voyons !"

Pour l'heure, la trahison des pas-clairs leur vaut des commentaires plus amusés qu'indignés. Pour ne pas avoir abordé le problème de l'immigration, ou de la présence étrangère, sur le sol national en vertu d'un accord tacite, toute une classe se trouve frappée d'obsolescence non programmée. Il y a quelque chose de pitoyable à les voir entonner d'une voix de fausset ce thème jusque-là tabou, ou d'en nier l'évidence au prix d'entourloupes verbales et intellectuelles.

Article précédent    Article suivant

mardi 5 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 5 octobre 2021

05/10/2021

Zemmour et le libéralisme, c'est la grande vasouille. Voilà que le pourfendeur du laissez-faire, laissez passer se met à vitupérer le 3 octobre à Lille les lourdeurs nationales héritées d'un État en surpoids avancé :

"Nous avons comme prélèvements obligatoires, impôts plus charges sociales, une somme qui représente 47% de notre richesse nationale. En Allemagne, c'est 41%. [...] Il faut que l'État cesse d'accabler [le pays et le Nord] de charges et de normes. [...] L'administration française est dix fois plus pointilleuse que les autres."

Bravo, bravissimo, voilà une prise de conscience soudaine et salutaire de monsieur moi-je-n'ai-jamais-changé, mais je ne voudrais pas en me moquant de la sorte contrarier une nouvelle vocation dédiée à la défense des libertés. Cela fait plusieurs fois qu'on voit l'homme tâtonner dans le domaine, lâcher deux-trois indices qui semblent indiquer une inclination inattendue vers une réduction de la présence étatique sur notre société. Encore un effort : alléger des charges, supprimer des impôts, réduire les prélèvements, cela signifie concrètement que l'État renonce à une partie des missions qu'il s'est lui-même fixées avec notre argent. Lesquelles ? Combien ? Comment ? Affaire à suivre.


https://youtu.be/rmRWM85wwfE

Débat houleux sur les ondes de RMC. Monsieur Z s'en tire bien, à mon sens, malgré une opposition hargneuse, ou peut-être à cause d'elle. Les "échanges" avec Charles Consigny présentent une belle illustration de la technique zemmourienne.

Il écoute sans broncher la question de son opposant. Plus la question est longue, et plus Zemmour est à l'aise, car il sait qu'on ne pourra pas lui refuser un temps aussi important pour sa réponse. Il écoute, donc, prend note de quelques points intéressants, puis formule sa réplique. Elle est souvent cinglante et suscite aussitôt des réactions outragées de son interlocuteur. Tut tut tut ! fuse Zemmour. Je vous ai laissé sagement parler, maintenant souffrez que vous me rendiez la pareille et ayez l'obligeance de me laisser discourir (ce ne sont pas les mots qu'il emploie, je brode pour la forme). Consigny, pour avoir tenté de violer cette règle (et, il faut dire, de façon assez grossière, discourir par-dessus le propos de son interlocuteur est une grave incorrection ou plutôt, dans le cas présent, une technique destinée à rendre l'autre inaudible, tout en épuisant le temps imparti. Étrange que Charles Consigny, et avant lui Mourad Boudjellal, aient sacrifié à de tels procédés de bas étage) s'est fait proprement rabrouer.

La scène a quelque chose de réjouissant, il faut bien le reconnaître, même si cela est certainement un brin injuste. Dans la même émission, Z fait une nouvelle fois preuve de son habilité. Consigny sur le grand remplacement :  "ça vous obsède". Réponse immédiate de Zemmour : "oui, absolument" (un autre que lui aurait tenté une esquive).

Consigny : "et ça vous perturbe". Z, nullement démonté : "oui, ça me perturbe et ça m'obsède. Quand je vois la France disparaître, quand je vois que dans d'innombrables quartiers la France a été envahie et colonisée par une autre civilisation, oui, ça m'obsède".

Consigny, déçu de n'avoir pas su bousculer l'invité, l'empêche de discourir. Z s'énerve. Consigny connaît ses classiques : "pour être président, il faut être calme". Zemmour, du tac au tac : "je m'en fous." Cinglant et définitif.

Oui, l'homme est habile sur un ring. Plus à mon avis que seul en scène ou dans ses livres.