vendredi 3 décembre 2021

Zemmour au fil des jours - 3 décembre 2021

 03/12/2021

En passant par le périph, je remarque ce matin un groupe affairé à déployer une banderole sur un pont surplombant les voies. La phrase qui apparaît, "Meeting le 5 décembre", me fait songer au grand rendez-vous de Zemmour. "Ah, ces freluquets inconscients vont encore se faire taper sur les doigts à cause de leur amateurisme," pensai-je sur le coup. "... de Jean-Luc Mélenchon à la Défense", conclut la banderole déployée. Pan sur le bec. Tiens, le chef de la France Insoumise lui aussi convoque ses troupes dimanche prochain ? Je venais de l'apprendre. Deux meetings concurrents, l'un à la Défense, l'autre à Villepinte, espérons que tout ce beau monde ne se croise pas à Châtelet-Les Halles après le show.

Au tour de Clémentine Autain, du Front de Gauche, de demander l'interdiction du rassemblement zemmourien. Son communiqué de presse s'achève ainsi : "Accueillir ce meeting revient à piétiner l'engagement pris et le combat contre le racisme. Clémentine Autain s'est adressée ce jour au groupe Viparis pour demander l'annulation de cette réunion publique, au nom de la charte signée en 2009 et des valeurs de fraternité et d'égalité de notre pays. La Seine-Saint-Denis, territoire de diversité, ne doit pas être le marchepied d'un candidat à la présidentielle aux discours si outrancièrement réactionnaires et viscéralement antirepublicains. Face au climat préfasciste, il faut tenir tête, et non baisser la garde".

Comme disait Jean Rochefort dans Un éléphant ça trompe énormément, "ça marche encore, ce truc-là ?" Ce texte ne nous apprend pas grand-chose de nouveau : la liberté est sacrifiée (le mot n'apparait pas dans le communiqué, ben voyons) au nom de la "fraternité" et de "l'égalité", afin de combattre le "fascisme". Refrain connu. On croirait lire un édito de Granma, la joyeuse feuille de chou de La Havane.

Il faut peut-être s'affliger que la presse américaine ne soit pas d'un niveau beaucoup plus élevé que la française, du moins si l'on en croit le long papier de ce jour dans le New Yorker signé Adam Gopnik (lien).

The Ultra-Nationalist Éric Zemmour Makes a Bizarre Bid for the French Presidency
The Ultra-Nationalist Éric Zemmour Makes a Bizarre Bid for the French Presidency / By Adam Gopnik (c) The New Yorker, 03/12/2021 (lien)


Quelques vérités et, ma foi, une belle brochette de clichés que l'on ne s'attendrait pas à trouver sous la plume d'un observateur étranger : pas de commentaire sur les véritables pensées de Zemmour, mais sur les idées que ses détracteurs font courir sur lui. Dommage pour les lecteurs anglo-saxons, guère mieux servis que les francophones.

Deux passages que je trouve intéressants : "leaders of extreme nationalist fervor always tend to rise from the extremities of a nation—Napoleon the Corsican, Stalin the Georgian, and even Hitler the Austrian." Cette remarque reprend presque mot pour mot, si ma mémoire ne me trahit pas, une réflexion de Jean-Marie Le Pen sur Nicolas Sarkozy, dans les années 2000, qui avait soulevé son lot de protestations.

L'autre passage parle du deuxième mouvement de la septième Symphonie de Beethoven, "as Zemmour perhaps knew, perhaps did not, was broadcast on wartime German radio on Hitler’s birthday." Tiens, tiens, voilà qui n'était guère arrivé aux oreilles de nos prétendus antifascistes. L'allusion est si risible qu'elle risquerait pourtant d'avoir un beau succès. Incidemment, on se souviendra qu'Arturo Toscanini ou Erich Kleiber, deux symboles iconiques de l'antifascisme, chérissaient cette symphonie sans que leur jugement soit amoindri par des considérations partisanes.

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