jeudi 30 décembre 2021

Zemmour au fil des jours - 30 décembre 2021

 30/12/2021

Suite (et fin ?) de la mini-tempête autour de Mila et de Zemmour. La jeune femme publie hier en fin d'après-midi le communiqué suivant :

Communiqué de Mila sur Twitter
Communiqué de Mila sur Twitter (lien)

Dont acte. Réactions consternées autant qu'affligeantes de plusieurs partisans de Zemmour, dépités de voir cette victime de l'islamisme rejeter leur mentor. Quelques-uns, plus mesurés, notent que les termes de fascisme et d'extrême droite ne tombent pas à propos. Car enfin, Zemmour est-il fasciste ?

Cette question est abordée par Gérard Biard dans le Charlie Hebdo daté d'hier : « [Zemmour] nous rappelle ce qu’est l’extrême droite. Ce qu’elle est vraiment. Car à force de traiter tout le monde et n’importe qui de "fasciste", on l’avait quelque peu oublié. »

Certes ! On est heureux de trouver un tel scrupule dans ce journal où ce qualificatif de « fasciste » est employé sans grand discernement (voir l'entrée du 11 novembre). Mais c'est le cas pour la quasi-totalité des articles de presse, convenons-en.

Quels sont donc ces éléments qui classent sans contredit un candidat à l'extrême droite ? Il suffit de se souvenir des violences commises au rassemblement de Villepinte :

« À l’extrême droite, on pète des dents, des bras, des genoux, et bien davantage si on se laisse emporter par la ferveur militante. Certes, dans certains groupes d’extrême gauche, on ne crache pas non plus sur une bonne castagne "antifasciste". Mais la violence n’y constitue pas la seule composante du débat, contrairement à l’extrême droite, où on la retrouve à tous les niveaux, chez le skinhead de base comme chez le théoricien. Elle n’est pas vue comme un moyen, mais comme une fin en soi. »

L'auteur a mille fois raison de souligner les agissements intolérables de certains soutiens du candidat. Le problème est réel. La condamnation sans appel de Zemmour ne suffit pas à faire taire l'odieuse petite musique d'une agressivité assumée au nom du candidat.

Je suis cependant étonné par le choix des mots. La castagne d'extrême gauche évoque des bagarres bon enfant de fin de kermesse. Quand l'extrême droite cogne, ce n'est plus une « castagne » mais la volonté de péter des dents, des bras, des genoux, et bien davantage. La distinction laisse perplexe. Je ne saisis pas pourquoi je devrais me féliciter d'être passé à tabac par un black bloc de gauche, dont l'actualité nous a trop souvent rappelé la furie hargneuse, plutôt que par un « identitaire » au crâne rasé. Quant à la violence, elle est également théorisée à tous les niveaux de la gauche totalitaire, comme l'histoire nous l'enseigne depuis plusieurs décennies.

Il manque à cet article un développement essentiel : la violence est-elle intimement corrélée au discours de Zemmour ? En quoi ? Ce ne sont pas des questions rhétoriques. Le journaliste termine ainsi :

« Toujours avoir en tête que le cœur du programme de l’extrême droite, c’est la barre à mine et la batte de base-ball. Le plus important chez Zemmour, ce n’est pas son discours ou ses nouvelles lunettes, mais ce qui se passe au fond de la salle. »

Cette conclusion est riche d'enseignements : il faudrait juger un candidat aux échauffourées qui surviennent lors de ses apparitions publiques. C'est vite dit, et dangereux, car cette pratique expéditive fait l'économie d'un examen de la situation concrète. Supposons que des amoureux de la liberté brandissent lors d'un meeting de Mélenchon Le livre noir du communisme. Imagine-t-on un instant les partisans de LFI accueillir avec bonhomie cette intrusion ? Les coups de poing et autres brutalités qui s'ensuivraient classeraient-ils Mélenchon à l'extrême droite ? Il est vrai que pour certains il ne s'agirait que d'une sympathique « castagne » : nous voilà rassurés.

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