jeudi 30 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 30 septembre 2021

30/09/2021

Je croyais avoir tout vu avec "L'affaire australienne", mais dans son nouveau clip "L'affaire des visas" Zemmour parvient à se surpasser. Les premières secondes sont si mal jouées, si fausses, qu'on croirait revoir un vieux sketch mal ficelé de Collaro au début des années 80. D'un autre côté, le comique (involontaire ?) de cet incipit a de quoi dérider les plus obtus.

Sur le fond, Z tourne en dérision les décisions de fermeté qui tombent, "comme par hasard", au moment où sa voix sur une maîtrise plus grande des flux migratoires perce dans le débat. C'est de bonne guerre. Mais cette vidéo me conforte dans l'idée que l'homme, ainsi présenté, n'est pas un président en puissance. Sa façon d'être est celle d'un débatteur mais, faute d'adversaire, sa véhémence s'étiole dans le vide et tourne au ridicule. Il ne faudrait peut-être pas que Zemmour apparaisse seul ou plutôt qu'il change de registre si personne n'est là pour lui servir de punching-ball.

Zemmour César du meilleur acteur, ce n'est pas pour tout de suite. Ses commentaires sur le cinéma, en dépit de leurs bizarreries, retiennent davantage l'attention. Dans son chapitre sur le film Intouchables, il note : "C’est surtout le propos général de l’œuvre qui me trouble : voilà un homme blanc, riche, mais petit et paralysé, grincheux, renfrogné ; et à son service, un homme noir, grand, beau, séduisant, alerte, drôle, bon, généreux, et dont on découvre in fine qu’il danse comme Fred Astaire et peint comme Picasso !"

Quand j'ai vu le film, j'ai pensé la même chose, et même un peu plus. Je ne crois pas qu'Omar Sy danse comme Fred Astaire, ce qui serait flatteur pour Sy et insultant pour Astaire. Par ailleurs, le cinéma d'Astaire (lui aussi, enfant de l'immigration) s'inscrit dans la grande tradition d'Hollywood, la magnifie, alors qu'Intouchables exalte au contraire la fin d'un monde sclérosé voué à être remplacé par une société plus fun, plus rap, plus cool, où l'on conduit de grosses bagnoles, fume de la Marie-Jeanne et passe commande de prostituées à domicile. Un univers où l'héritage musical occidental, du Freischütz de Weber au Vol du bourdon de Rimski-Korsakov, est ridiculisé, humilié, même, par les rythmes relax et funkys hurlés par une sono toute-puissante. Plus que l'avènement d'un "homme nouveau", c'est la chute d'une civilisation qui est ici célébrée en cinérama et Dolby stéréo.

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