jeudi 2 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 2 septembre 2021

02/09/2021

"Des mesures dures à prendre, qu'on ne prendra pas." Z parle de la lutte contre le trafic de drogue. Le "on" qui ne fera rien, bien sûr, c'est Macron. Pas certain que Z au pouvoir ferait, lui, grand-chose de plus. S'attaquer aux trafiquants, c'est enflammer des cités. Que ferait l'état si une dizaine, une cinquantaine, de quartiers dit "sensibles" (ou "populaires" dans la novlangue) entraient simultanément en sédition ? Envoyer l'armée se frotter à des types munis de kalachnikov ? Enfoncer à l'aide de blindés herses, barrages de voitures enflammées et bataillons de lanceurs de mortiers ? Déclencher le plan "Ronce" dont Z avait jadis, à grand bruit, dévoilé l'existence, ou la possible existence ? Envoyer des hélicos "balayer tout ça", comme dans La Chute du faucon noir où des multitudes haineuses et fanatisées périssent sous le feu du ciel ? Peut-être est-ce là notre destin - un destin à la libanaise, comme on dit parfois. Si cela devait arriver, et si l'armée l'emporte, ce qui est loin d'être sûr, étant donné les soutiens moraux dont les "populations défavorisées" jouissent dans une marge importante de la presse et des "influenceurs" - que faire des trafiquants ? Les expulser, dit Zemmour, quand ils ont une nationalité étrangère. Admettons. Et les Français ? Nos prisons sont pleines à craquer.

Après l'affaire Merah, il y a une dizaine d'années, j'ai été surpris d'entendre la même idée dans la bouche de personnes fort différentes, et qui ne se connaissaient pas. Cette idée était de rétablir la peine de mort. Je n'aurais jamais cru qu'on reviendrait un jour sur cet accomplissement. Et les gens qui tenaient ce discours n'étaient pas des fachos, plutôt de gauche même, des gens "de tous les jours", des collègues, des amis. Ça m'était resté quelque part en tête quand un jour j'entendis Z expliquer que le renoncement à la peine de mort, dans un monde où la réclusion à perpétuité n'était plus en usage, n'avait de sens que si on persistait dans le pari qu'un homme peut s'amender. Que le pire criminel peut réfléchir, changer profondément, regretter son geste et devenir, pourquoi pas, quelqu'un de bien. Or, continuait Z (je cite de mémoire), comment voulez-vous qu'un islamiste renonce à son idéologie ? Tout ce qui a touché à la "déradicalisation" s'est évaporé dans un nuage de gaz hilarant. Ça ne marche pas, ça ne peut pas marcher : un homme comme Merah, ou comme les dizaines d'islamistes qui ont ensanglanté notre sol, doit être éliminé de la vie publique, soit en passant le restant de sa vie en prison, soit en subissant le châtiment suprême.

Est-ci ici un aboutissement logique de la pensée de Z ? Je n'en sais rien. Si la "campagne" se poursuit, nous aurons des éclaircissements. L'autre idée qui est apparue dans les mêmes années, me semble-t-il, et proférée par des personnes tout aussi éloignées des pensées extrémistes, était de rouvrir Cayenne, ou autre bagne du même genre, pourvu que l'on éloigne, si possible jusqu'à leur disparition, des gens dont on sait pertinemment qu'ils ne changeront pas et resteront une menace pour nous quoi qu'il advienne ; et tant pis pour eux, tant mieux pour nous, si en s'évadant à la nage ils aiguisent l'appétit d'un requin. Ce n'est pas mon idée - pas davantage que celle du rétablissement de la peine capitale - mais, je le répète, celle que j'ai vu fleurir spontanément çà et là il y a quelque temps, et qui est peut-être retombée depuis.

Ce dont je suis sûr, en revanche, est que le débat de ce soir sur la criminalisation des consommateurs de drogues n'a pas exploré une hypothèse qui me semblait s'imposer naturellement dans le cours de la discussion : si l'on responsabilise ces consommateurs, cela veut dire exactement, non qu'on les mette à l'amende, en prison ou dans un cachot de l'Île du Diable, mais qu'on les rende responsables de leurs actes. C'est le principe même d'être adulte, chose oubliée dans une société où l'État met son nez partout en ne résolvant rien. Ici, "responsables de leurs actes", cela signifie qu'ils doivent être comptables, non seulement des méfaits qu'ils pourraient commettre - je parle de l'atteinte au bien d'autrui - mais également du coût de leur prise en charge si jamais ils avaient besoin d'assistance médicale. L'idée peut être choquante, mais elle n'est pas en soi hors du débat - ou en tout cas elle ne devrait pas l'être, si n'était un plateau composé d'étatistes plus ou moins forcenés, dont Z est l'emblématique tête de file.