lundi 20 décembre 2021

Zemmour au fil des jours - 20 décembre 2021

 20/12/2021

La gauche ne comprend pas que « la question de l'islam, de l'islamisme dans nos quartiers, était une question tout à fait fondamentale. » Elle devrait « pouvoir parler d’immigration. Dire par exemple qu’aujourd’hui, il faut arrêter l’immigration », car à la question « Avons-nous besoin de nouveaux immigrés ? », la réponse est non. C'est pourquoi il faut encourager « l’assimilation de ceux qui vivent sur notre sol, et le fait qu’ils aiment ce pays, sa langue, sa culture et son histoire ». En un mot comme en cent, « il faut interdire le regroupement familial et notamment les mariages, puisque c’est la principale source de l’immigration et de la constitution de ghettos. »

Marine Le Pen ? Pas du tout. Jean-Marie ? Que nenni. Éric Zemmour ? Non. L'homme qui s'exprime ainsi est Manuel Valls (La Dépêche). L'ancien premier ministre est lucide. Il est surtout courageux, en faisant siennes les propositions de Zemmour. On remarquera peut-être qu'il a déjà brûlé ses vaisseaux et est traité en paria par la "gauche" actuelle. Ceci explique cela. Mais plutôt que de chercher à complaire à son ancien camp, il préfère adopter un langage en accord avec ses convictions. Et avec celles d'un grand nombre de ses pairs préférant les taire, pour ne pas se signaler à l'ire de la meute. 

« Ma stratégie pour sortir de la crise sanitaire », par Éric Zemmour (c) L'opinion (lien)

Zemmour signe une tribune pour le journal L'opinion, « Ma stratégie pour sortir de la crise sanitaire ». Le sujet est explosif et le candidat s'en sort bien : sa position, nuancée, ne cède rien aux pourfendeurs de la vaccination tout en appelant à un ciblage de la population à risque. Plus polémique est son attaque du pouvoir en place : « j’accuse Emmanuel Macron et son gouvernement d’instrumentaliser la crise sanitaire, en mettant par exemple sur la table des mesures aujourd’hui inutiles comme le passe sanitaire ou vaccinal, pour de seules fins politiciennes. Coûte que coûte il cherche à imposer ces sujets qu’il sait clivants (sauf pour son propre électorat) dans la campagne. Rarement un tel niveau de cynisme n’aura été atteint par un Président de la République. »

Zemmour est certainement sincère, il reste cependant difficile de lui donner raison, ou de lui donner tort. L'affaire du sang contaminé a laissé une profonde empreinte dans le monde politique, tout comme la « sur-réaction » présumée face à la grippe aviaire. Tiraillés par ces deux expériences malheureuses et aux enseignements contradictoires, nos gouvernants louvoient depuis le début de la crise entre deux stratégies, sans en assumer clairement une. Il serait injuste de leur jeter la pierre. On peut se persuader sans risque excessif que d'autres décideurs, à leur place, auraient emprunté la même voie. Le risque judiciaire est si élevé que la prudence, même outrancière, est la seule boussole qui vaille dans ce brouillard de nuées pathogènes où souffle l'envie de pénal.

J'apprécie de lire Zemmour sur un sujet qui l'éloigne des préoccupations identitaires. J'apprécie aussi que sous sa plume le « passe » sanitaire retrouve sa finale, dont la disparition ne devait rien à Georges Perec. Et la conclusion est un hommage à la raison que j'applaudis des deux mains : « Plutôt que la peur, choisissons la raison, la responsabilité et la science, afin de retrouver, le plus rapidement possible, notre vie d’avant. »

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