samedi 25 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 25 septembre 2021

25/09/2021

J'ouvre de nouveau "La France n'a pas dit son dernier mot". Je ne pense pas une seconde que le succès de ce livre soit dû à ses qualités littéraires, ou à l'originalité de sa construction. Provient-il des idées qui y sont défendues ? En partie, évidemment, tant la présence de Zemmour dans le débat public, depuis des années, lui a permis de les faire connaître et en partie apprécier.

Un historien des temps futurs, s'efforçant de décrypter l'œuvre de Zemmour, en déduirait que notre époque était en proie à un démon omniprésent et tout-puissant, grignotant la charpente millénaire qui jusqu'à présent soutenait notre civilisation, menaçant de la faire écrouler. Notre historien découvrirait le nom de cette créature infernale : le libéralisme. Et, livre de Zemmour en main, il noterait fiévreusement la liste des fanatiques ou des égarés qui ont vendu leur âme au diable libéral : dans l'ordre d'apparition, François Mitterrand, puis une bonne partie du Parti Socialiste au début des années 2000, François Bayrou, Alain Minc, Nicolas Sarkozy, Michel Rocard, Alain Juppé, Édouard Balladur, Gérard Longuet, Valéry Giscard d'Estaing, Raymond Barre, la gauche des années 1980, les chiraquiens, Pascal Lamy, Jacques Delors, Michel Camdessus, Patrick Devedjian. Le libéralisme, dans la novlangue de Zemmour, est cette idéologie qui a envahi, depuis quarante ans, l'éventail politique français du centre-gauche au centre-droit, et mène à coup sûr le pays vers la faillite.

L'on peut évidemment penser que Mitterrand, Balladur, Chirac, etc., ont été des libéraux, ou libéraux pendant une partie de leur carrière. Cette façon de voir les choses ne heurterait en rien l'opinion générale avancée par Zemmour, Onfray ou quasiment tous les commentateurs de l'actualité. On peut également choisir de s'instruire. Se renseigner sur ce qu'est le libéralisme, lire Bastiat, ou d'autres auteurs libéraux, et comparer leurs discours aux actes réalisés par les hommes publics cités plus haut. Prenez Sarkozy, par exemple, auteur acharné de taxes, hausses d'impôts et autres instruments de pression fiscale (on trouvera une liste kafkaïenne ici : L’ahurissante accumulation d’actes manqués de Sarkozy). Un dirigeant qui presse les gens pour servir l'état n'est pas un libéral, c'est même exactement l'inverse. Un homme politique qui se creuse la tête pour inventer de nouvelles taxes est tout sauf un libéral.

Pour Zemmour, le terme "libéralisme" ne désigne pas le libéralisme. Ce mot devient un fourre-tout où il enfourne sans discernement tout ce qui s'oppose à son rêve colbertiste. C'est commode, sans aucun doute, et faux, tant il y a de façons de ne pas être un libéral, comme nous le crie chaque jour notre actualité nationale. Ne nous y trompons pas, le combat du journaliste embrasse une réalité plus vaste : le libéral, c'est l'Anglo-Saxon. Combattre les libéraux, c'est reprendre le flambeau des batailles menées depuis le Moyen-Âge contre nos voisins d'outre-Manche, ou la posture du grand Charles voulant renvoyer Américains et "Russes" dos-à-dos, comme s'il s'agissait de deux empires également menaçants. Car Zemmour, tout comme de Gaulle, gomme toute dimension idéologique dans son commentaire géopolitique, une erreur qui lui fait commettre de graves erreurs d'analyse - j'y reviendrai.

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