mardi 30 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 30 novembre 2021

 30/11/2021

Les diverses conférences de Zemmour en France et à l'étranger ne laissaient pas présager la réussite de son film qui, aujourd'hui à midi, a officialisé sa candidature. Le discours est beau. Et habile : tout ce que déclame le désormais candidat tombe juste. Ces paroles feront plaisir à un grand nombre de personnes. Alors, l'espace d'un instant, ou oublie le plaidoyer pour Poutine, l'incapacité à comprendre le libéralisme, la tentation protectionniste, la propension à la fatalité.

Le refus affirmé de la modernité - un gros micro comme en juin 40, un texte lu sans l'aide d'un dispositif, le choix de mots rares et allusifs - sert parfaitement la scène. Zemmour reste ancré dans le XXe siècle et s'affiche de la sorte, ostensiblement. On se souvient de l'hologramme de Mélenchon - cette prouesse technique qui ne fit aucun bien à l'image vénérable du personnage. Rien de tout cela pour Zemmour, qui dit simplement et sans artifices des mots justes et forts. Que l'on aimerait entendre d'autres candidats parler de la sorte, et dire le mal dont souffre le pays ! Hélas, hélas, hélas.

Je suis étonné de ne pas entendre les commentateurs parler de Renaud Camus. Le texte de Zemmour me paraît reprendre fidèlement les remarques de l'écrivain sur la dépossession, ce drame inaudible et terrifiant, ou plutôt terrifiant car inaudible. Il est vrai que Camus soutient Zemmour, et l'on suppose qu'il existe quelques connexions entre les deux hommes.

La musique de Beethoven, ce contemporain de Bonaparte, est une immense surprise. Et, certainement, un clin d'œil aux amateurs de Poème sur la septième, ces paroles de Philippe Labro déclamées sur l'Allegretto de la 7e Symphonie par Johnny Hallyday :

Dites, ne me racontez pas d'histoires !
Montrez-moi des photos pour voir
Si tout cela a vraiment existé

"Tout cela", ici, c'est la France d'avant, glissé dans l'oreille des "petits blancs" qui avaient pleuré Johnny.

Ceux qui ne supportent pas Zemmour dénoncent son ton crépusculaire, suranné, pessimiste, et le portrait d'une France dans le formol. Je les comprends. À une autre époque, on disait "c'est vieille France", et on riait. Mais aujourd'hui, le souvenir fuyant de cette "vieille France" ne me fait plus rire.

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