mardi 5 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 5 octobre 2021

05/10/2021

Zemmour et le libéralisme, c'est la grande vasouille. Voilà que le pourfendeur du laissez-faire, laissez passer se met à vitupérer le 3 octobre à Lille les lourdeurs nationales héritées d'un État en surpoids avancé :

"Nous avons comme prélèvements obligatoires, impôts plus charges sociales, une somme qui représente 47% de notre richesse nationale. En Allemagne, c'est 41%. [...] Il faut que l'État cesse d'accabler [le pays et le Nord] de charges et de normes. [...] L'administration française est dix fois plus pointilleuse que les autres."

Bravo, bravissimo, voilà une prise de conscience soudaine et salutaire de monsieur moi-je-n'ai-jamais-changé, mais je ne voudrais pas en me moquant de la sorte contrarier une nouvelle vocation dédiée à la défense des libertés. Cela fait plusieurs fois qu'on voit l'homme tâtonner dans le domaine, lâcher deux-trois indices qui semblent indiquer une inclination inattendue vers une réduction de la présence étatique sur notre société. Encore un effort : alléger des charges, supprimer des impôts, réduire les prélèvements, cela signifie concrètement que l'État renonce à une partie des missions qu'il s'est lui-même fixées avec notre argent. Lesquelles ? Combien ? Comment ? Affaire à suivre.


https://youtu.be/rmRWM85wwfE

Débat houleux sur les ondes de RMC. Monsieur Z s'en tire bien, à mon sens, malgré une opposition hargneuse, ou peut-être à cause d'elle. Les "échanges" avec Charles Consigny présentent une belle illustration de la technique zemmourienne.

Il écoute sans broncher la question de son opposant. Plus la question est longue, et plus Zemmour est à l'aise, car il sait qu'on ne pourra pas lui refuser un temps aussi important pour sa réponse. Il écoute, donc, prend note de quelques points intéressants, puis formule sa réplique. Elle est souvent cinglante et suscite aussitôt des réactions outragées de son interlocuteur. Tut tut tut ! fuse Zemmour. Je vous ai laissé sagement parler, maintenant souffrez que vous me rendiez la pareille et ayez l'obligeance de me laisser discourir (ce ne sont pas les mots qu'il emploie, je brode pour la forme). Consigny, pour avoir tenté de violer cette règle (et, il faut dire, de façon assez grossière, discourir par-dessus le propos de son interlocuteur est une grave incorrection ou plutôt, dans le cas présent, une technique destinée à rendre l'autre inaudible, tout en épuisant le temps imparti. Étrange que Charles Consigny, et avant lui Mourad Boudjellal, aient sacrifié à de tels procédés de bas étage) s'est fait proprement rabrouer.

La scène a quelque chose de réjouissant, il faut bien le reconnaître, même si cela est certainement un brin injuste. Dans la même émission, Z fait une nouvelle fois preuve de son habilité. Consigny sur le grand remplacement :  "ça vous obsède". Réponse immédiate de Zemmour : "oui, absolument" (un autre que lui aurait tenté une esquive).

Consigny : "et ça vous perturbe". Z, nullement démonté : "oui, ça me perturbe et ça m'obsède. Quand je vois la France disparaître, quand je vois que dans d'innombrables quartiers la France a été envahie et colonisée par une autre civilisation, oui, ça m'obsède".

Consigny, déçu de n'avoir pas su bousculer l'invité, l'empêche de discourir. Z s'énerve. Consigny connaît ses classiques : "pour être président, il faut être calme". Zemmour, du tac au tac : "je m'en fous." Cinglant et définitif.

Oui, l'homme est habile sur un ring. Plus à mon avis que seul en scène ou dans ses livres.