jeudi 30 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 30 septembre 2021

30/09/2021

Je croyais avoir tout vu avec "L'affaire australienne", mais dans son nouveau clip "L'affaire des visas" Zemmour parvient à se surpasser. Les premières secondes sont si mal jouées, si fausses, qu'on croirait revoir un vieux sketch mal ficelé de Collaro au début des années 80. D'un autre côté, le comique (involontaire ?) de cet incipit a de quoi dérider les plus obtus.

Sur le fond, Z tourne en dérision les décisions de fermeté qui tombent, "comme par hasard", au moment où sa voix sur une maîtrise plus grande des flux migratoires perce dans le débat. C'est de bonne guerre. Mais cette vidéo me conforte dans l'idée que l'homme, ainsi présenté, n'est pas un président en puissance. Sa façon d'être est celle d'un débatteur mais, faute d'adversaire, sa véhémence s'étiole dans le vide et tourne au ridicule. Il ne faudrait peut-être pas que Zemmour apparaisse seul ou plutôt qu'il change de registre si personne n'est là pour lui servir de punching-ball.

Zemmour César du meilleur acteur, ce n'est pas pour tout de suite. Ses commentaires sur le cinéma, en dépit de leurs bizarreries, retiennent davantage l'attention. Dans son chapitre sur le film Intouchables, il note : "C’est surtout le propos général de l’œuvre qui me trouble : voilà un homme blanc, riche, mais petit et paralysé, grincheux, renfrogné ; et à son service, un homme noir, grand, beau, séduisant, alerte, drôle, bon, généreux, et dont on découvre in fine qu’il danse comme Fred Astaire et peint comme Picasso !"

Quand j'ai vu le film, j'ai pensé la même chose, et même un peu plus. Je ne crois pas qu'Omar Sy danse comme Fred Astaire, ce qui serait flatteur pour Sy et insultant pour Astaire. Par ailleurs, le cinéma d'Astaire (lui aussi, enfant de l'immigration) s'inscrit dans la grande tradition d'Hollywood, la magnifie, alors qu'Intouchables exalte au contraire la fin d'un monde sclérosé voué à être remplacé par une société plus fun, plus rap, plus cool, où l'on conduit de grosses bagnoles, fume de la Marie-Jeanne et passe commande de prostituées à domicile. Un univers où l'héritage musical occidental, du Freischütz de Weber au Vol du bourdon de Rimski-Korsakov, est ridiculisé, humilié, même, par les rythmes relax et funkys hurlés par une sono toute-puissante. Plus que l'avènement d'un "homme nouveau", c'est la chute d'une civilisation qui est ici célébrée en cinérama et Dolby stéréo.

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mercredi 29 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 29 septembre 2021

29/09/2021

Un sondage donne Zemmour à 13%. Affolement dans tous les rangs. J'avoue n'avoir aucune confiance dans ce genre d'estimations dont l'intérêt est de verser dans le sensationnel pour des raisons évidentes et mercantilistes. De Villiers, le copain de Zemmour, avait lui-même expliqué comment manipuler les sondages dans un de ses livres, les partisans du candidat-sans-l'être devraient pourtant le savoir.

Zemmour aime bien parler de cinéma. Mais pas de n'importe quel cinéma, il évoque volontiers des films grand public, ceux qui faisaient le succès de ses années d'enfance ou d'adolescence à la télé. Un cinéma souvent séduisant, parfois bon avec de longs tunnels de facilités qui le rend aujourd'hui difficile à regarder (je sais combien on peut être attaché à des œuvres qui dépeignent une autre époque et ont accompagné nos jeunes années, sans que cela pour autant soit un gage de qualité. Quand il m'arrive de voir, ou de revoir, l'un de ces phénomènes qui comblaient les salles dans les années 60 et 70, je ne peux m'empêcher de tiquer devant les procédés faciles, les zooms intempestifs, la musique racoleuse). L'une des seules fois où il s'aventure à évoquer le "grand cinéma" c'est pour commettre une regrettable erreur :

"Il vous faut désormais débrancher un à un, à la manière de la mise à mort de l’ordinateur HAL, dans le vieux film de Kubrick 2001, l’Odyssée de l’espace, tous les fils qui donnent vie au monstre."

N'en déplaise à Zemmour, ce "vieux" film est plus moderne que l'immense majorité des blockbusters, études intimistes et autres mièvreries plus ou moins subventionnées ou lobbyistes qui ont envahi le 7e Art. Et HAL n'est certainement pas mis à mort, mais rendu amnésique par l'astronaute survivant, Bowman, qui retire un à un les blocs mémoire de l'ordinateur à l'aide d'un tournevis. Le cerveau électronique devient inoffensif par la perte progressive et inexorable de sa mémoire. Si Z avait revu le film avant d'écrire son livre, il aurait certainement pu glaner ici une de ces allégories qu'il aime tant.

Occasion manquée pour l'homme qui se pose en exégète de Gérard Oury : "Oury continue de revisiter notre histoire l’année suivante avec La Grande Vadrouille. L’Occupation, la Résistance, la Libération. Les Français sont des antihéros héroïques, les soldats allemands sont des occupants inquiétants mais corrects ; tout le monde est tourné en dérision, mais personne – ni Français ni Allemand – n’est ridicule."

Ouille ! Il n'est aucunement question de la Libération dans la Grande Vadrouille, et il est évident, me semble-t-il, que tout le monde est ridicule dans ce film, sauf les Anglais, héroïques, courageux, volontaires ; en un mot, ce sont eux qui nous ont soutenus presque malgré nous pendant la guerre. La chose devrait faire hurler Zemmour qui aime rappeler les liens privilégiés des Britanniques avec les Allemands dans les années 30. Grâce à ce film, bien des petits Français ont grandi dans l'idée que nous étions des types un peu à la ramasse sortis de l'abîme par nos amis d'Outre-Manche. Ce n'est pas tout car, lit-on plus bas, Oury est une sorte de de Gaulle de la chose filmée :

"Question de l’Ancien Régime, question sociale, question allemande, question juive : Oury traite, en n’ayant l’air de rien, et sans doute sans l’avoir conceptualisé, les quatre « questions » qui ont coupé la France en deux camps irréductibles depuis la Révolution ; près de deux siècles de guerre civile française expédiés en quelques images, en quelques rires, en quelques tirades. Oury est au cinéma ce que de Gaulle fut à la politique : le grand réconciliateur."

Vouaï. C'est gonflé de comparer un réalisateur plus ou moins habile, mais certainement pas un ténor du genre, avec l'homme qui incarna la résistance. Gonflé et, à mon sens, excessif, car les pochades un poil grossabottesques de M. Oury ne sauraient prétendre "traiter" en quoi que ce soit des questions aussi sérieuses et complexes. Y voir autre chose que de l'humour (ou des tentatives de faire de l'humour) teinté de bons sentiments (surtout dans Les aventures de Rabbi Jacob) serait pour le moins un drôle de micmac : Zemmour invente, extrapole et ajoute de nouveaux phénomènes à sa vision holiste de la société. Oui, holiste : c'est là qu'est l'os.

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mardi 28 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 28 septembre 2021

28/09/2021

"Un patron en jeans qui a tout inventé dans son garage, c’est notre mythe de la caverne à nous. Et tant pis si le garage était juché sur le porte-avions de l’armée américaine !"

Ben voyons ! Comme dirait Z. Tout à sa détestation de l'esprit d'entreprise et de l'Amérique, Zemmour a pris l'habitude de professer son mépris contre la légende des grandes réussites nées à partir d'initiatives individuelles. L'un des mérites de la société américaine est de ne pas chercher à décourager l'entrepreneur en herbe à coup de législation étouffante et de normes ubuesques - cela est peut-être en train de changer, mais disons que ce fut la vérité pendant plusieurs décennies. Sacrilège pour le thuriféraire de l'État stratège, avec ses plans quinquennaux qui ont tant fait progresser l'humanité. On comprend son obstination féroce à déconstruire le mythe d'Apple, ou de Google (il parle indifféremment de l'une ou l'autre de ces firmes, en attendant qu'il s'attaque un jour à Hewlett-Packard, s'il arrive à en articuler correctement le nom).

C'est ce qui s'appelle se prendre les pieds dans le tapis de souris. Imaginons qu'Apple ait été créé sous la houlette de l'armée, donc du gouvernement fédéral. Cette réussite serait alors celle d'un état, et les États-Unis, par définition, ne seraient plus ce sanctuaire du libéralisme que Zemmour vilipende à en perdre haleine. Eh ! Il faut savoir, l'ami, et choisir entre deux combats, plutôt que de les mener de front avec des objectifs contradictoires. Sûr que Napoléon, lui, ne se serait pas vautré aussi lamentablement.

Vu ses interventions sur Cnews, dimanche, avec Sonia Mabrouk, où il s'est fait curieusement bousculer, et sur LCI, lundi soir, combatif comme jamais. Deux facettes complètement opposées d'un même homme. Autre objet d'étonnement, sur LCI il a même laissé tomber deux-trois pensées que n'auraient pas reniées un libéral. Serait-il en train de prendre conscience de la faiblesse de sa science économique et d'opérer un insensible revirement ? On n'ose le croire.

201 k abonnés pour EricZemmourOfficiel sur Youtube, cette plate-forme de vidéos sans doute née dans un sous-marin américain (pour changer).

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lundi 27 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 27 septembre 2021

 27/09/2021

Zemmour exfiltré, comme jadis Jospin sous les huées du Hezbollah. L'affaire remonte au début de cette après-midi : un homme reconnaît le journaliste dans la rue, l'injurie et tape sur le capot de la voiture où la victime s'était réfugiée avec l'aide d'un policier. L'agresseur aurait proféré "Sur le Coran de la Mecque, je vais te fumer". Si j'étais Ruquier, j'ajouterais aussitôt "C'est normal, il est sans filtre", avant de glousser dans ma barbe. Mais il faut savoir éviter de telles facilités.

On pense à un passage de "La France n'a pas dit son dernier mot" où Z raconte une précédente agression, commentant avec style : "les gauchistes me traitent de « fasciste » et de « raciste », les racailles défendent le Coran, baisent ma mère et m’enculent en même temps, ce qui montre une remarquable souplesse physique et morale."

En lisant les commentaires sur cette péripétie, j'apprends que le président Macron s'est lui aussi fait agresser, un jeune homme lui ayant écrasé un œuf dur sur l'épaule en criant "Vive la révolution". C'est objectivement beaucoup plus grave, et il est significatif que l'incident Zemmour (en tête des tendances Twitter en ce début de soirée) ait éclipsé l'incident Macron.

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dimanche 26 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 26 septembre 2021

26/09/2021

Poursuivons avec "La France n'a pas dit son dernier mot". Zemmour se croit fondé à fustiger le libéralisme quand il rappelle la crise des subprimes de 2008. "La droite félicitait [Sarkozy] d’imiter le libéralisme américain qui, au contraire des banques françaises, ne s’encombrait pas de précautions en tout genre", écrit-il. Cette phrase veut peut-être dire quelque chose si l'on prend le mot "libéralisme" dans l'acception fumeuse et incorrecte que lui donne Zemmour ; en revanche ceux qui voudraient respecter à la fois le sens des mots et la vérité historique savent combien cette assertion est fausse. Les banques américaines étaient bien au contraire obligées d'accorder des prêts à des ménages défavorisés en vertu de la législation : il s'agit sans ambiguïté d'une faute grave de l'État, et non d'une conséquence du libéralisme. Histoire connue : l'interventionniste censé être bénéfique entraîne catastrophes en série et appelle de nouvelles mesures "correctives" qui ne font qu'accentuer le désastre. La crise financière de 2007-2008 n'était pas une crise libérale, mais essentiellement étatiste, dans la droite ligne d'autres grandes crises contemporaines.

Sautons quelques phrases : "Les subprimes étaient un moyen ingénieux, inspiré de l’administration démocrate sous Clinton, de favoriser l’accession des plus pauvres à la propriété en ajoutant aux critères habituels de l’obtention des prêts la valeur du bien acquis. Les libéraux les plus dogmatiques jubilaient : ils démontraient avec éclat que le marché aide les pauvres à sortir de leur état quand la réglementation étatique les y enferme." Non-sens : ce "moyen ingénieux" étant le fruit du bon vouloir irréfléchi d'un État aveugle, on voit mal comment les libéraux, mêmes "les plus dogmatiques", auraient pu jubiler. On rappelle qu'un homme politique attaché au libéralisme, Ron Paul, avait dénoncé dès le début des années 2000 l'aberration de ce système et les dangers qu'il faisait porter à toute l'économie. Et s'il y avait une raison de jubiler, c'est en constatant que le libéralisme, tant bien que mal, a tiré l'homme de son état naturel et immémorial de trompe-la-mort en produisant une augmentation générale de la richesse : pour paraphraser une formule célèbre, les riches sont de plus en plus riches, tandis que les pauvres sont de plus en plus riches.

On n'est pas étonné de voir Zemmour se fournir en munitions auprès de Jean-Claude Michéa, auteur d'essais à charge sur un fatras idéologique sans queue ni tête qu'il nomme, pour rester dans l'air du temps, "libéralisme".

Trouver de tels travestissements de la réalité dans le succès de librairie du moment est consternant, et n'augure rien de bon pour le quinquennat que Zemmour dirigera peut-être. D'un autre côté, les préjugés anti-libéraux étant si répandus, et si acceptés par la totalité, ou presque, de la classe politique et journalistique, il n'est pas certain qu'un autre président adopte une position plus judicieuse.

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samedi 25 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 25 septembre 2021

25/09/2021

J'ouvre de nouveau "La France n'a pas dit son dernier mot". Je ne pense pas une seconde que le succès de ce livre soit dû à ses qualités littéraires, ou à l'originalité de sa construction. Provient-il des idées qui y sont défendues ? En partie, évidemment, tant la présence de Zemmour dans le débat public, depuis des années, lui a permis de les faire connaître et en partie apprécier.

Un historien des temps futurs, s'efforçant de décrypter l'œuvre de Zemmour, en déduirait que notre époque était en proie à un démon omniprésent et tout-puissant, grignotant la charpente millénaire qui jusqu'à présent soutenait notre civilisation, menaçant de la faire écrouler. Notre historien découvrirait le nom de cette créature infernale : le libéralisme. Et, livre de Zemmour en main, il noterait fiévreusement la liste des fanatiques ou des égarés qui ont vendu leur âme au diable libéral : dans l'ordre d'apparition, François Mitterrand, puis une bonne partie du Parti Socialiste au début des années 2000, François Bayrou, Alain Minc, Nicolas Sarkozy, Michel Rocard, Alain Juppé, Édouard Balladur, Gérard Longuet, Valéry Giscard d'Estaing, Raymond Barre, la gauche des années 1980, les chiraquiens, Pascal Lamy, Jacques Delors, Michel Camdessus, Patrick Devedjian. Le libéralisme, dans la novlangue de Zemmour, est cette idéologie qui a envahi, depuis quarante ans, l'éventail politique français du centre-gauche au centre-droit, et mène à coup sûr le pays vers la faillite.

L'on peut évidemment penser que Mitterrand, Balladur, Chirac, etc., ont été des libéraux, ou libéraux pendant une partie de leur carrière. Cette façon de voir les choses ne heurterait en rien l'opinion générale avancée par Zemmour, Onfray ou quasiment tous les commentateurs de l'actualité. On peut également choisir de s'instruire. Se renseigner sur ce qu'est le libéralisme, lire Bastiat, ou d'autres auteurs libéraux, et comparer leurs discours aux actes réalisés par les hommes publics cités plus haut. Prenez Sarkozy, par exemple, auteur acharné de taxes, hausses d'impôts et autres instruments de pression fiscale (on trouvera une liste kafkaïenne ici : L’ahurissante accumulation d’actes manqués de Sarkozy). Un dirigeant qui presse les gens pour servir l'état n'est pas un libéral, c'est même exactement l'inverse. Un homme politique qui se creuse la tête pour inventer de nouvelles taxes est tout sauf un libéral.

Pour Zemmour, le terme "libéralisme" ne désigne pas le libéralisme. Ce mot devient un fourre-tout où il enfourne sans discernement tout ce qui s'oppose à son rêve colbertiste. C'est commode, sans aucun doute, et faux, tant il y a de façons de ne pas être un libéral, comme nous le crie chaque jour notre actualité nationale. Ne nous y trompons pas, le combat du journaliste embrasse une réalité plus vaste : le libéral, c'est l'Anglo-Saxon. Combattre les libéraux, c'est reprendre le flambeau des batailles menées depuis le Moyen-Âge contre nos voisins d'outre-Manche, ou la posture du grand Charles voulant renvoyer Américains et "Russes" dos-à-dos, comme s'il s'agissait de deux empires également menaçants. Car Zemmour, tout comme de Gaulle, gomme toute dimension idéologique dans son commentaire géopolitique, une erreur qui lui fait commettre de graves erreurs d'analyse - j'y reviendrai.

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vendredi 24 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 24 septembre 2021

 24/09/2021

Atroce. J'ai regardé de bout en bout "L'affaire australienne", m'efforçant de réprimer de subits haut-le-cœur. Pour ceux qui l'ignoreraient encore, il ne s'agit pas d'une quelconque série Z mettant en scène des hordes de koalas assoiffés de sang, mais d'une vidéo de la chaîne Zemmour (188 k abonnés). Je ne sais pas pourquoi ce genre de petit film où Zemmour apparaît seul a quelque chose de terrifiant : question d'éclairage, de maquillage, d'atmosphère de cauchemar dans sa luxueuse simplicité (appartement parisien, nu, éclairé côté gauche par une lumière jaune et crue rendue floue par le choix assumé d'une faible profondeur de champ) qui rappelle l'angoisse de scènes où planait la menace compassée d'un Jean Bouise, au siècle dernier ? Allez savoir. En un mot comme en cent, ça ne va pas, ça ne "colle" pas, et la trace indélébile laissée sur le réseau mondial par ce genre d'œuvrettes risque tôt ou tard de nuire fortement à l'homme qui sera peut-être un candidat qui sera peut-être un président.

Comme tout le monde s'en moque éperdument, j'ai certainement tort. Il faut dire que chaque jour vient avec sa collection de nouveaux faits zemmouriens. Le débat d'hier soir avec Mélenchon a atteint, nous dit-on, un niveau d'audience jamais vu depuis le second tour de la dernière présidentielle. Qui a gagné ? On savait par avance que ce serait un étatiste. Zemmour paraît avoir dominé, sautant comme super-Mario par-dessus les projectiles sournois balancés par Bowser-Mélenchon, et résistant sans dommage, en apparence, aux diverses algarades qui ont émaillé l'échange, contrairement à son contradicteur. Cette opinion n'est pas partagée. Tout à l'heure, Cnews diffusait une émission où l'ancien chroniqueur-vedette était au centre de toutes les critiques. À croire que la chaîne veut donner des gages de son ouverture d'esprit.

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jeudi 23 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 23 septembre 2021

23/09/2021

Sur la route du travail, je saute au petit bonheur la chance de radio en radio. On parle de Zemmour sur RMC. France Inter ricane au sujet de Zemmour. Guy Carlier, dont j'avais oublié l'existence, se rappelle à mon souvenir en consacrant sa chronique d'Europe 1 à Zemmour. Les Grosses Têtes de RTL ? Zemmour, encore Zemmour, toujours Zemmour. J'ai beau titiller le sélecteur pour faire entendre des fréquences confidentielles au nom improbable, l'homme est dans tous les studios. Je me réfugie sur Rires et Chansons : mauvaise pioche, une équipe de comiques indigents profère quelques bons mots sur le candidat à la candidature. S'il y avait un doute sur l'omniprésence du chroniqueur dans les médias français, une petite ballade à travers les ondes permettrait de le faire tomber.

Par-dessus le marché, Paris Match profite de la vague, et la transforme en tsunami, en publiant en couverture une photo de paparazzi où l'on distingue Zemmour patauger en compagnie d'une dame non identifiée (et non identifiable, si j'en crois les commentaires), tout en laissant penser que le journaliste entretiendrait une liaison extra-conjugale. Commentaires indignés (l'intéressé annonce porter plainte) ou revanchards (on vous l'avait bien dit, que c'était un prédateur de la pire espèce). Zemmour victime ? Ou coup monté, disent certains, étant donné que Vincent Bolloré, l'un des propriétaires de la revue, a tout fait pour promouvoir Zemmour à travers Cnews ? Je n'ai aucun avis, mais je me souviens que du temps de Sarkozy ses promoteurs inventoriaient les "UBM", "Unités de Bruit Médiatique", pour mesurer le taux de présence de leur poulain dans la presse. Les scores étaient alors pharamineux. M'est avis qu'on ne doit pas être très loin aujourd'hui avec Zemmour - et peut-être même au-dessus, étant donné l'importance que les réseaux sociaux ont acquis en 2021.

Un œil sur EricZemmourOfficiel indique 185.000 abonnés : 44.000 de plus qu'il y a une semaine. Bigre !

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mercredi 22 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 22 septembre 2021

22/09/2021

Zemmour est-il conscient qu'il se fait le promoteur, que dis-je ! l’infatigable défenseur d'une des plus anciennes et redoutables pensées "woke" qui soit ? Ou, plutôt, d'une croyance récupérée par cette mouvance et qui depuis s'est installée dans l'esprit de la plupart des gens - y compris du sien. Conviction, il est vrai, soutenue avec force par l'immense préjugé antiaméricain, dont Z est l'un des hérauts les plus emblématiques, un cas d'école à lui tout seul, pourrait-on dire.

Dans son livre, il évoque en passant le génocide dont les Indiens d'Amérique auraient été victimes, perpétré évidemment par le peuple des États-Unis. Je n'aurai pas la cruauté de répéter ici les mots dont Zemmour qualifie le cinéma d'Hollywood, coupable de semer dans la tête des petits Français une histoire tordue selon laquelle les Américains nous auraient aidé à gagner la Première Guerre mondiale, en attendant la seconde. On sait que pour Zemmour le mérite de la victoire revient presque exclusivement aux soldats français puis russes (à l'instar de de Gaulle, il n'emploie pas le mot "soviétiques", ce qui en dit long sur son approche historique. Mais passons). Je note simplement qu'il dénonce cette propagande lorsqu'elle ne sert pas ses petites manies idéologiques, mais lui fait bon accueil lorsqu'elle entérine une de ses illusions.

Le sort tragique des Amérindiens mérite d'être mieux connu. La plupart de ces peuples avaient déjà disparu au XVIIe siècle : massacres, exterminations et maladies ont laissé des monceaux de cadavres. L'homme blanc n'a pas toujours pris part à ce carnage : je me souviens de l'effarement qui fut le mien quand je pris connaissance, jadis, des faits d'armes de la guerre civile qui embrasa l'empire Inca, avant que Pizarre ne fasse garrotter Atahualpa. Plus au nord, les Mayas avaient apparemment mené leur empire à la ruine à force de détruire par le feu la forêt tropicale. La pensée humaniste nous engage à penser ces habitants du Nouveau Monde comme des hommes, avec leurs qualités et leurs travers, et non comme des sauvages, et certainement pas des "bons sauvages". Quand se forme l'idée d'une nation américaine indépendante, détachée des empires européens, le temps des guerres indiennes touche à sa fin : les tribus avaient auparavant été embrigadées par l'Anglais ou le Français qui avaient fait du nouveau continent leur terrain d'affrontement. Quel que soit le jugement moral que l'on porte sur cette partie de l'histoire, la vérité s'impose que l'accusation commode de "l'Américain génocidaire des Indiens" est une invention - un énorme fardeau dont on charge l'homme blanc, dans la plus pure tradition indigéniste-woke qui empoisonne les discussions de notre temps. Il est paradoxal que Zemmour, aveuglé par sa passion antiaméricaine, en soit l'un des plus fervents promoteurs.

mardi 21 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 21 septembre 2021

21/09/2021

Je me souviens très nettement, quand a été annoncé au creux de l'été que Mathieu Bock-Côté rejoignait Cnews, avoir tout de suite pensé : "Zemmour sera candidat". L'arrivée du sociologue québécois était appelée, à mon sens, à combler le vide que Z laisserait pour s'engager dans sa campagne. Brillante recrue, en vérité. Le verbe jaculatoire de M. Bock-Côté lui permet d'asséner des vérités bien senties avec un allant rabelaisien. Un seul bon mot de sa part est capable de faire s'effondrer de rire tout le plateau de Face à l'Info et, sans aucun doute, une bonne partie des spectateurs. Pas sûr que le spectacle, et l’intelligence, aient beaucoup perdu avec le départ de Zemmour - je me demande si ce n'est pas l'inverse. Le nouveau-venu possède, en tout cas, une immense qualité qui tranche avec l'une des plus agaçantes lubies zemmouriennes : il ne cache pas une certaine défiance envers la Russie de Poutine.

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lundi 20 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 20 septembre 2021

 20/09/2021

Je suis sorti hier éreinté de la lecture du livre de Zemmour. Sur les genoux, knock-out. Le fossé est immense entre l'image du chroniqueur à la télé, un type avec qui on s'imagine plaisamment discuter, en dépit des désaccords qui nous séparent, et son discours écrit, constellé de petites phrases que je trouve embarrassantes et par endroits effroyables. J'ai pris un grand nombre de notes et le courage me manque pour construire à partir d'elles un commentaire cohérent. La seule idée de me replonger dans ce qui m'a rebuté me renverse, m'assomme et me laisse pantelant sur le carreau. Il faudra bien que je m'y mette, pourtant, sans quoi cette chronique n'aurait guère de sens. Mais pas aujourd'hui  : l'abattement et la paresse ont pour l'heure pris le dessus. Un facteur aggravant, comme je m'en ouvrais hier, est que les passages que j'ai annotés d'une croix rouge ne sont pas ceux qui font s'indigner le reste des lecteurs critiques. Je devrai me garder sur deux fronts car, en expliquant pourquoi selon moi Z a tort, il me faudra à mon tour heurter tous ceux pour qui, justement sur ce sujet-là, trouvent qu'il n'y a rien à redire. Symétriquement, les anti-Zemmour ne manqueront pas de me classer parmi les affreux mal-pensants quand je dirai que je partage ses craintes pour l'avenir de la France. Me voilà condamné à la solitude, au bannissement, de quelque côté que je me tourne.

Je suis heureusement sauvé par le fait que personne connaisse ce blog, perdu dans les tréfonds du web et superbement ignoré des moteurs de recherche, mais on n'est jamais à l'abri d'un lecteur éventuel, amené ici par d'improbables sentiers qui bifurquent.

Zemmour, lui, resplendit, il file grand train, est reçu avec honneurs à Toulon, en attendant de nouveaux triomphes à Versailles et Paris, si l'on en croit croiseedeschemins-ez.fr. Ses idées n'en finissent pas d'être discutées, en bien, en mal, et son nom s'impose au débat de la pré-campagne.  L'idée du Grand Remplacement, soudain mis en lumière, est discutée, débattue, "débunkée" par des zététiciens. Je ne pense pas que ces débats (un bien grand mot, mais passons) auraient pu avoir lieu si Z ne s'était pas ouvertement emparé du thème sulfureux.

Pas terrible, la croissance du public de ericzemmourofficiel : seulement 3000 abonnés de plus qu'hier. Bon, vous me direz, c'est 3.000 de plus que le présent site, et je ne pourrai vous donner tort. 

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dimanche 19 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 19 septembre 2021

19/09/2021

Je ne suis pas un bon client pour Zemmour. Son livre relate des rencontres avec des hommes dont la plupart m'indiffèrent tout à fait. Je n'adhère en rien à son éloge, renouvelé hélas, de Georges Marchais, ni à son obsession antiaméricaine, ni à sa détestation du libéralisme, ou du fourre-tout qu'il nomme libéralisme. Je crains d'être bien seul : en France, le libéralisme est détesté par tous les bords politiques, les États-Unis réunissent contre eux les ténors de gauche, du centre et de la droite, et M. Marchais a acquis post-mortem l'image rigolote d'un amuseur trop tôt disparu. En ce qui touche à ces trois points - pourtant au cœur de son système de pensée, et qui discréditent à mes yeux la logique de son engagement - tout le monde sera d'accord avec Zemmour, ce qui est une effroyable nouvelle pour la qualité du débat public en France.

Je retrouve, sans grande surprise, l'impression qui fut la mienne au sortir de Suicide Français : Zemmour clame haut et fort l'existence d'une menace islamiste qu'accompagne un important flux migratoire, chose tue ou niée par la classe politique standard. Quand bien même il aurait tort partout ailleurs, ce courage lui vaut l'attention de tous ceux que la perspective d'affrontements ou d'une soumission à la Houellebecq terrifie. Je considère ce panorama froidement, sans aucun enthousiasme pour une pensée qui par ailleurs m'apparaît singulièrement équivoque ou lacunaire.

160.000 abonnés pour la chaîne Youtube EricZemmourOfficiel, où une nouvelle vidéo, celle d'une "rencontre littéraire" (guillemets de rigueur) à Toulon a été publiée.

samedi 18 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 18 septembre 2021

18/09/2021

Le geste de l'humoriste de France Inter ne passe pas. Je lis beaucoup de réactions qui vont le même sens : "quoi, avec nos impôts ?" Je ne sais pas ce que fera la direction de la radio nationale, mais de l'avis général aucune sanction ne sera prise. On verra bien. Quoi qu'il en soit, cet incident ridicule mais révélateur (si Zemmour est Hitler, pourquoi donc vouloir discuter avec lui ?) risque de conforter le journaliste dans son rôle de victime du système.

Je continue la lecture de "La France n'a pas dit son dernier mot", en prenant des notes pour en faire une critique. Le livre est parfois ennuyeux, parfois intéressant, bref, inégal. Les petites manies du chroniqueur sont souverainement agaçantes - le plus horripilant, je pense, est de trouver chez cet esprit éclairé tant d'erreurs idiotes qui discréditent son discours, et qui démontrent, une fois de plus, son obstination à s'enfermer dans un carcan intellectuel. Pas grand-chose, sinon rien, n'a changé depuis Le suicide français, avec ses lumières et ses ténèbres. Je suppose que le constat sera le même qu'il y a sept ans : des raisonnements hasardeux, mais des conclusions pertinentes. Sur la forme, de nouvelles fautes de frappe (Jean-Michel Aphatie devient "Apathie"), et quelques tournures discutables que je présenterai ici quand le temps m'en sera donné.

Nombre d'abonnés à  EricZemmourOfficiel : 156 k. En progression, mais de façon moins flagrante que les jours précédents.

vendredi 17 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 17 septembre 2021

17/09/2021

On aimerait que les pourfendeurs de haine, prompts à débusquer l'odieux sentiment dans les non-dits de leurs proies, se penchent de temps à autre sur les manifestations haineuses avérées, enregistrées et amplement diffusées par leurs auteurs, ou avec leur accord. Une violente invective de Christiane Taubira sur France Inter s'achève avec une attaque : "Après Zemmour il y en aura d'autres, parce que les individus comme ça, qui sont dans un confort, matériel, social, un confort moral, entre guillemets, parce que personne ne conteste leur haine, personne ne les marginalise, personne ne les stigmatise dans l'incapacité qu'ils ont d'accepter la société et la présence des autres." On ne sait pas sur quelle planète Mme Taubira a vécu depuis quinze ans pour qu'elle puisse proférer ainsi que "personne" ne conteste "la haine" de Zemmour. Un simple regard sur les interviews du chroniqueur et sur les commentaires qui en sont faits démontre au contraire que cette contestation est au cœur de la praxis dominante, et que serait tricard, dans neuf chaînes sur dix, celui qui ne verserait pas dans ce juste combat. L'ex-ministre regrette ensuite que personne ne "stigmatise" Zemmour. Tiens, tiens. On pensait que ce verbe, "stigmatiser", servait à pointer l'attitude d'affreux qui, par exemple, oseraient émettre des réserves sur l'amour que certains "jeunes" portent à la France. Mais dans l'autre sens, non, ça va, stigmatiser, c'est bien, et même fort souhaitable. La "société et la présence des autres", enfin, est une conclusion fort floue : qui sont les autres pour Mme Taubira ? Tous les "autres" sont-ils "acceptables" ? Mme Taubira accepterait-elle sans rechigner la présence de foules prêtes à voter Zemmour ?

Moins spectaculaire, mais non moins violente, la vidéo de Charline Vanhoenaker, expliquant sa recette pour neutraliser les affiches de Zemmour : ajouter les lettres "OB" après la lettre Z et dessiner une petite moustache sous le nez du candidat-pas-candidat. C'est stupide ? Oui. Drôle ? Pas du tout. Le fait que cette jeune femme soit employée du service public (France Inter encore !) laisse perplexe (mais à vrai dire je ne saurais dire si son geste entre dans le cadre de son emploi d'humoriste, ou bien s'il s'agit d'une sorte de devoir bénévole n'engageant qu'elle). L'équité voudrait qu'elle en fasse de même avec les autres candidats annoncés ou probables, ce qui ne serait que justice en regard de la quantité de postulants à gauche de la gauche. Personne, on l'espère, n'aura oublié le pacte germano-soviétique qu'avaient signé leurs ancêtres idéologiques, ce qui donnerait une salutaire logique à la présence de la petite moustache.

J'allais oublier le décompte des abonnés à la chaîne officielle ericzemmourofficiel : 150 k. 9.000 de plus qu'hier soir : de ce côté-là, le succès semble assuré.

jeudi 16 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 16 septembre 2021

16/09/2021

16 septembre : une date importante dans la saga zemmourienne. Aujourd'hui paraît officiellement son dernier opus, déjà descendu en flamme par les pourfendeurs de l'esprit nauséabond, faisant tout pour épargner au lecteur lambda l'éventualité de poser les yeux sur un texte porteur des plus viles pensées jamais sorties d'une tête dérangée et, en même temps, anodin et même affligeant par la description qu'on y lirait de déjeuners dans des restaurants parisiens.

J'ai parcouru quelques pages de "La France n'a pas dit son dernier mot". Zemmour écrit bien, même si, en effet, ce n'est pas Victor Hugo, comme le disait Léa Salamé (pique bien inutile : qui pourrait aujourd'hui écrire comme Victor Hugo ?) Ce n'est pas non plus à la hauteur de Renaud Camus, cet autre pestiféré, et pourtant très grand écrivain (je ne sais pas s'il faut dire "pourtant" : le style de Renaud Camus, avec ses références fréquentes et délicieuses à celui de Proust, est indissociable de son combat intellectuel. On peut déplorer ce dernier tout en reconnaissant la valeur de la plume).

Non, là où le style pêche, à mon avis, dans ces trente premières pages, c'est par la faute de mots déplacés, ou plutôt, relevant de tics journalistiques : "politiciens" au lieu "d'hommes politiques" (mon prof d'anglais, jadis, morigénait ceux qui traduisaient "politician" par "politicien") ; le quart d'heure de gloire "warholien" qui est mentionné deux fois déjà ; l'expression selon laquelle l'auteur "ne lâche rien" renvoie à des mots d'ordre de manifs ou à des doléances de collégiens, cela m'étonnerait qu'elle relève d'un français correct, mais peut-être me trompè-je. Je suis sûr en revanche qu'elle sonne désagréablement et étonne de la part d'un lecteur de Chateaubriand. Enfin, je note que Zemmour continue à utiliser l'adjectif "grand" devant le nom des personnalités qu'il apprécie et dont il entend promouvoir la pensée. Quand on lit sous sa plume "Ainsi que le disait le grand historien Martuche", on peut être sûr que suivra une citation de Martuche apportant une eau impétueuse au moulin de Zemmour.

Le fond, naturellement, méritera que je m'y attarde, mais avant cela je préfère avancer davantage dans le livre pour mieux en comprendre l'idée interne, les ressorts et les conclusions.

Un regard sur la chaîne officielle Youtube d'Eric Zemmour, pas encore suspendue, indique "141 k abonnés". 7000, à peu près, de plus qu'hier à la même heure. La progression continue, même si aucune nouvelle vidéo n'est apparue.

mercredi 15 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 15 septembre 2021

15/09/2021

Aucune accalmie dans les tempêtes zemmouriennes. On apprend hier que deux sondages placent celui qui sera peut-être candidat à hauteur de 10% d'intentions de vote. C'est énorme, et la preuve que les sujets soulevés par le journaliste rencontrent un réel écho. Après tout, mener la danse en imposant ses thèmes est un gage de succès. "Vous êtes obsédé", lui balançait ce matin un Jean-Jacques Bourdin plus inquisiteur que jamais. Z acquiesçait. Il y a obsession car il y a siège. Le grand remplacement est un phénomène de conquête. Quelqu'un doit se lever pour libérer les assiégés. Qui pour porter haut l'oriflamme ? Personne, selon Zemmour. Peut-être est-ce là son destin. Il s'interroge.

Aujourd'hui, ce sont des considérations sur la peine de mort qui ouvrent un nouveau front sur le champ de bataille. Quoi que l'on pense du fond, il faut reconnaître qu'il y a quelque chose dans l'opinion publique sur le sujet, comme je l'avais noté déjà il y a quelques années - j'en livrais il y a peu le souvenir ici.

Zemmour évincé des ondes, ou promis à l'être après l'essoufflement des affaires courantes, "lance" une chaîne Youtube. Une recherche me donne l'adresse www.youtube.com/c/ericzemmourofficiel. Je suppose que c'est la chaîne en question. Quatre vidéos pour l'instant, la promotion de son dernier livre, la réponse au CSA, le lancement de la chaîne et l'interview avec Jean-Jacques Bourdin. Pas de quoi remplacer une présence, quatre ou cinq fois par semaine, sur Cnews. L'habillage de cette chaîne laisse sceptique. Zemmour tout seul, en gros plan ou cadré à l'américaine, casse son image de débatteur passionné. Il n'est pas certain que ce traitement visuel soit à son avantage : un opposant qui voudrait rendre inquiétante la figure du chroniqueur ne s'y prendrait pas autrement.

"133 k abonnés", précise Youtube. Aucune idée de ce que cela signifie, en regard avec les comptes d'hommes politiques. Une comparaison avec la chaîne de Jean-Luc Mélenchon est largement à l'avantage de celui-ci (559 k). En revanche, c'est plus de deux fois le nombre associé à la chaîne de Marine Le Pen, que j'imaginais plus haut. À peine ai-je écrit ces quelques mots que le nombre d'abonnés à Zemmour est passé à 134 k. Diable ! Voici un indicateur qu'il faudra surveiller de près, comme les sondages.

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mardi 14 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 14 septembre 2021

14/09/2021

L'éjection de Zemmour du débat public produit, comme on pouvait s'y attendre à court terme, un bruit médiatique inhabituel autour du journaliste. Hier matin, sur Cnews, Pascal Praud l'a reçu pendant deux heures. On n'avait plus souvenir d'un tel baroud d'honneur depuis la charge de Sedan racontée par Zola dans La débâcle. Échanges plus posés que samedi soir, ce qui n'est pas une surprise, mais avec des paroles dures - dures parce que sincères - quand Pascal Praud avance qu'il ne voit pas son invité en président. Question d'attitude, de charisme, de ce défaut d'étoffe dont les chefs sont faits. Bien sûr, Z répond de la seule façon possible, s'inscrit dans la vision d'un meneur tel que posé par De Gaulle, il n'empêche. P. Praud a touché juste.

En attendant le livre dont tout le monde parle, on apprend au passage que de nouveaux chapitres risquent d'exacerber des passions déjà à vif. Un paragraphe sur Papon fera à coup sûr les beaux jours des humoristes de France Inter (France Inter où, hier après-midi, une émission sur le bloc identitaire expliquait les liens de cette mouvance avec les zélateurs zemmouriens, certains nostalgiques du nazisme et Renaud Camus). Comme si l'affaire des prénoms ne suffisait pas ! Restons mesurés : je jugerai le livre sur ce qu'il dit, et non sur ce qu'en disent les commentateurs actuels, tant sont grands les aveuglements et glissantes les peaux de bananes.

(J'apprends incidemment que Marine Le Pen a mis le grappin sur "Libertés, libertés chéries", ce passage de la Marseillaise que j'évoquais ici au sujet de la campagne de Zemmour, et ici au sujet de l'enterrement de Belmondo. Comme personne ne lit ce blog, il s'agit évidemment d'un hasard, du reste l'idée n'a rien de bien original. En revanche, pour les meetings de Z, faudra songer à autre chose, comme entrée musicale).

lundi 13 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 13 septembre 2021

13/09/2021

Le jour d'après. La nouvelle est tombée que Cnews se pliait à la décision du CSA : Zemmour ne sera plus le chroniqueur vedette de Face à l'Info. "Je mets un billet sur la tête de celui qui fera taire ce con d’Eric Zemmour" : Youssoupha l'a rêvé, le CSA l'a fait.

Consternation parmi les soutiens, qui espéraient un geste rebelle de la chaîne. Cette minicrise a des airs de déjà-vu. C'est à peu près celle qu'ont subi les soutiens de Trump, quand leur champion s'est vu couper, un par un, tous ses moyens habituels d'expression, ce qui les excitait à croire dur comme fer que le président réussirait à surmonter les épreuves, ce qui les claquemurait dans un déni tenace. Les plus mordus l'envisagent toujours, d'ailleurs, prophétisant mois après mois une mise à pied de Biden, et se réfugiant dans on ne sait quelles nouvelles illusions quand le grand soir se refuse à éteindre les lumières démocrates.

La comparaison Trump-Zemmour est dans l'air. Plusieurs analystes l'ont décrite avec talent, et Marine Le Pen a elle-même averti que la France n'avait pas besoin d'un Trump. Un aventurier populaire, sans parti ni langue de bois, donnant aux grandes masses ce qu'elles veulent entendre (le populisme, que cela soit une qualité ou un défaut), refusant obstinément les codes de la bien-pensance, du woke et de la "gauche mondialiste", voilà qui réunit en effet les deux hommes. On s'avisera cependant que Z n'est pas un milliardaire, et que (même ceux qui ne l'aiment pas ne peuvent lui enlever cela) son vocabulaire et sa culture sont aux antipodes du spectacle offert par un Trump que l'on croirait sorti d'une caricature des Simpsons.

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dimanche 12 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 12 septembre 2021

12/11/2021

Cette nuit, Laurent Ruquier invitait Éric Zemmour dans son émission. L'attente était forte, pour plusieurs raisons. Ruquier a fait connaître Z au grand public, des années durant, en lui confiant un rôle de chroniqueur dans On n'est pas couché, avant de le regretter amèrement et de se poser en adversaire de ses idées politiques. On se doutait bien que ces deux-là avaient quelques comptes à régler. C'était aussi la première émission consécutive à l'arrêt du CSA. Et puis la présence de Léa Salamé, elle aussi ex-chroniqueuse à ONPC et engagée dans les causes progressistes (ou prétendues telles), apportait du piquant à l'affiche.

Les débats furent décevants. En dépit de son titre, "On est en direct", cette émission donne la curieuse impression, à certains moments, d'avoir été montée, et que certains échanges ont disparu. Impression sans doute fausse : si ç'avait été le cas, Zemmour n'aurait pas manqué de le signaler. Le malaise est ailleurs. Ruquier, avec ses interruptions, saillies et traits d'esprit, empêche tout développement de la pensée de son invité. On sait bien que le discours de celui-ci lui déplaît profondément, c'est entendu, et qu'il souhaite affirmer aux yeux de tous qu'il n'a rien voir avec la pensée de son ex-chroniqueur - et, sans doute, ses interventions sont-elles le fruit d'une réelle culpabilité de l'avoir laissé parler tant d'années dans son émission précédente. Je ne suis pas dupe, je ne suis pas complice, et le fais voir à tout instant, telles semblent être les obsessions de Ruquier, tant est forte sa crainte d'être considéré comme apostat par une certaine gauche. Montrer patte blanche, à tout propos et à tout instant, pour échapper à l'infâme soupçon d'être fiché Z.

Une déplaisante sourdine accompagne les échanges. La gué-guerre contre Cnews, à coup de batailles de chiffres et de piques soudaines : "à Cnews, il n'y a personne qui vous contredit. Ça vous fait du bien, un peu", plaisante Ruquier. Il ajoute plus tard, quand Z affirme qu'il ne se laissera pas presser par l'insistance de Léa Salamé : "Il rend l'antenne à Pascal Praud à 20h10, parfois, ça veut bien dire qu'il s'en fout" (Pascal Praud, que certains considèrent, dans un certain milieu, comme un autre symbole de ce "fascisme" dont Cnews porterait la voix. En prononçant son nom, Ruquier envoie mine de rien un signal éloquent à ses camarades de la bien-pensance).

Léa Salamé, précisément, a le sans-gêne de prendre plus d'une minute pour formuler péniblement une question, pour ensuite interrompre la réponse de Zemmour au bout de 30 secondes. Ce n'est d'ailleurs pas vraiment un questionnement : elle suppose à son interlocuteur des pensées extrémistes, les jette en rafales pour ensuite adjurer l'interviewé d'apporter prestement des réponses, se défendant, quand on lui fait remarquer que ce sont des accusations, qu'elle se contente de venir s'informer. C'est une technique plus proche de l'inquisition que du journalisme, et qu'elle est loin d'être la seule à appliquer.

Sur le fond, je retiens surtout l'éclaircissement de la position de Zemmour : c'est celle du RPR. Pas des Républicains, non, comme tente de rectifier Léa Salamé, celle du RPR d'avant. Et l'on se souvient d'une émission politique présentée par David Pujadas à la fin de laquelle il présentait à Alain Juppé le programme du RPR à l'aube des années 1990 : à la surprise générale, on y lisait des thèmes, comme celui de l'incompatibilité de l'islam avec la République française, qui avaient depuis été abandonnés au clan lepéniste, et dès lors marqués du sceau de l'infamie. Que Z reprenne ce flambeau n'est pas étonnant, et son électorat théorique, s'il est candidat, devrait mordre à la fois celui des Républicains (voire de LREM) et du Rassemblement National. Après tout, ce serait logique, s'il existe une "niche" au sens darwinien, qu'un homme politique s'employât à l'occuper.

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samedi 11 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 11 septembre 2021

11/09/2021

Samedi. Je suis un peu soulagé de ne pas entendre Zemmour en ce jour de commémoration, tant ses commentaires sur les États-Unis ont le don de m'horripiler, avec leurs poncifs qui reprennent et perpétuent toute la vieille rancœur française à l'encontre des Américains, telle qu'on pouvait la lire dans les œuvres de Pierre Loti ou d'André Suarès.

Je fais quelques recherches sur la décision du CSA. Pas mal de choses de la part de ce que l'on nomme "la fachosphère", et qui recouvre une panoplie de sources disparates et plus ou moins fréquentables, beaucoup moins du côté des "progressistes", si ce n'est une posture volontiers satisfaite, voire goguenarde. Voulant lire les dernières réactions de Zemmour, je cherche son site officiel. Je ne le trouve pas. Ce que j'ai trouvé "tourne autour" de Z mais ne semble pas porter directement sa voix :
Je n'ai aucun rapport, de près ou de loin, avec ces sites, et ne retire aucun avantage à les citer. Je ne le fais que pour donner une idée du panorama que renvoie du reste une recherche basique avec Google. Je n'ai pas fouillé davantage, sans doute en existe-t-il d'autres. La seule chose qui me lie aux personnes derrière ces adresses est l'intérêt pour Zemmour - à la différence notable que de mon côté je m'interroge sur l'homme, reconnais ses qualités tout en déplorant des prises de position que je trouve intolérables (comme on l'a lu plus haut, et je ne reviens pas ici, quoi que cela soit de la plus haute importance, sur la faiblesse manifeste de son érudition musicale, pour ce qui touche à l'héritage français).

Aucun autre moyen d'accès, par conséquent, à ses dernières pensées, que la télévision en direct. Les multiples comptes Twitter créés à son effigie, sans être tenus par lui, versent dans la promotion ou le rappel de ses "petites phrases bien senties". On se demande ce qu'ils deviendront quand ils seront réduits au silence - ce qui serait dans l'ordre des choses, si l'on se souvient de ce qu'il s'est déjà passé, avec l'exclusion des "déviants". On s'attend que Youtube prenne le même genre de décision. Je m'interroge : comment se fera entendre Zemmour si, comme demande le CSA, la télévision le lâche ?

vendredi 10 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 10 septembre 2021

10/09/2021

Vendredi. Pas de Face à l'info aujourd'hui. La décision du CSA fait grand bruit - enfin, surtout parmi les "identitaires", "patriotes" et autres soutiens traditionnels de Zemmour. Ailleurs, je n'ai pas vu grand-chose, sinon des décomptes de la présence télévisuelle de Z, afin de démontrer que son temps de parole excède de beaucoup celui dont bénéficierait un candidat lambda. Cela est certain. Mais Z n'est pas candidat à ce jour. Le CSA estime que la "zone grise" dans laquelle se complaît le possible candidat et orateur vedette justifie sa décision. Zemmour, lui, dit qu'il ne se taira pas, et semble soutenu par Cnews.

Une décision politique ? Sans doute. Mais elle ferait alors reconsidérer le consensus jusque-là établi, qui voulait que l'Élysée favorise Zemmour pour mieux diviser la droite. Quel serait l'intérêt de l'affaiblir ? Y a-t-il la moindre chance pour que ce candidat, sans parti ni appareil, se retrouve au second tour ? La sentence du CSA, par contre-coup, est une aubaine pour le Rassemblement National. Le calcul serait dès lors de tout faire pour avoir Marine Le Pen en finale, étant donné que jamais elle ne trouvera assez de votes pour être élue. Un débat Macron-Zemmour, ce serait une autre affaire. Macron connaît mieux les dossiers, l'économie, et on imagine mal Zemmour le bousculer sur ces sujets. En revanche, les discussions sur les thèmes sociétaux, environnementaux et civilisationnels peuvent faire le plus grand mal au président sortant, surtout face à un cogneur comme peut l'être Zemmour. Est-ce cette perspective qui explique la surprenante prise de position du CSA ?

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jeudi 9 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 9 septembre 2021

09/09/2021

J'ai entendu, par bribes, car je suis au travail, l'hommage à Belmondo. Curieusement, le passage musical de la Marseillaise que j'évoquais ici il y a quelques jours, non au sujet de l'acteur, mais de la campagne de Zemmour, a retenti (Liberté ! Liberté ché-éri-e), sans que je ne m'explique son rapport avec le disparu. Et puis, hélas, hélas, la musique d'Ennio Morricone pour je ne sais plus quel film (le Professionnel ?), absolument logique, bien entendu, et résolument révoltante, entre les mains expertes de la Garde Républicaine, me crève le cœur, comme le fait, toutes les fois que j'y songe, la déchéance du vieux professeur "Unrath" dans l'Ange bleu - métaphore lucide d'une civilisation qui s’effondre en oubliant son héritage.

Face à l'info. Z est bon au sujet du procès de Salah Abdeslam : son analyse est brillante, originale, convaincante - même si on imagine que les réactions défavorables seront nombreuses. C'est avec ce genre d'interventions qu'il se rend précieux, car unique, ou presque, dans une offre médiatique très majoritairement portée sur l'édulcoration ou l'omission des faits, quand elle n'avance pas d'analyses baroques pour "sauver la ligne" et perpétuer "la grande parade" qu'avait si bien décrite Revel. C'est là le plus grand point fort de Zemmour, qui présente en même temps une kyrielle de faiblesses criantes. Ce tableau ne fait pas de moi un de ses possibles "électeurs naturels", tant sont grandes les réserves qu'il suscite.

Après un commentaire sur les ONG et le futur de Benoît Hamon, il en vient à la décision du CSA, qui a décidé de décompter son temps de parole à partir d'aujourd'hui. "Les politiques sont tellement lâches qu'ils se cachent derrière un organisme soi-disant indépendant", assène-t-il, et ajoute un "j'accuse" où il cite nommément Emmanuel Macron. Gonflé. La guerre est-elle déclarée ?

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mercredi 8 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 8 septembre 2021

08/09/2021

19h, Face à l'info. Je viens de lire que le CSA demandait aux télévisions de décompter le temps de parole de Zemmour (pas encore candidat déclaré), étant donné le poids que sa parole possède sur le "débat politique national". Étrange, car en ce cas j'aurais en tête beaucoup d'autres commentateurs que Z, et depuis fort longtemps. Je scrute la face du chroniqueur : nulle contrariété n'y apparaît. Peut-être l'émission, en léger différé, a-t-elle été tournée avant l'annonce. Est-il possible que Z soit capable d'ignorer superbement cette nouvelle embûche ? À moins que la nouvelle de sa relaxe, dans une n-ième affaire de poursuite par des associations dites antiracistes, ne l'ait placé sur un petit nuage, bien au-dessus de l'adversité.

Z en grande forme, aujourd'hui encore, en commentant les résultats d'un sondage qui apporte de l'eau à son moulin : déclinisme, amour du passé, attente d'une autorité, défiance envers le multiculturalisme, les chiffres, à l'en croire, plaident en sa faveur, mieux, plébiscitent son école de pensée. Son regard s'allume quand, triomphant, il souligne plusieurs fois combien les taux s'exacerbent chez les sympathisants LR. Tiens tiens, s'apprêterait-il à plumer la volaille républicaine ?

Comme hier, Z achève sur les chapeaux de roues au sujet de la culture du bâillon (cancel culture). Il est habile. Quand Christine Kelly l'entraîne sur le contenu des livres détruits, avec leurs stéréotypes vécus par certains Canadiens comme autant d'insultes, il n'entre pas dans le fond, mais affirme haut et fort le droit, le devoir même, d'être choqué. Mine de rien, c'est la définition même d'une société démocratique, dans laquelle tout citoyen doit accepter l'éventualité d'être choqué, chose certes déplaisante, mais moins qu'un régime qui prétendrait supprimer toute survenance d'un incident de cet ordre - autrement dit, un régime totalitaire.

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mardi 7 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 7 septembre 2021

07/09/202

Face à l'info. On parle du Brésil. D'emblée, Z se trompe sur le printemps des démocraties en Amérique Latine. Il ne suit pas la chute du mur de Berlin mais la précède, d'une dizaine d'années, et trouve son origine dans la démocratisation de l'Espagne et du Portugal, faisant tomber un à un les dictateurs au fil des années 80 et au début de la décennie suivante - sauf évidemment Castro et sa clique. Mais c'est un détail. Zemmour, en grande forme, enfourche son cheval de bataille pour aller guerroyer contre le "gouvernement des juges".

Je comprends que le pouvoir des juges, qui ne sont pas élus et profitent de leur fonction pour endosser un rôle d'idéologues, a quelque chose de très déplaisant. D'un autre côté, la démocratie "du peuple, par le peuple, pour le peuple", est une perspective tout aussi terrifiante : une démocratie intégrale, sans garde-fou, peut verser sans faillir dans le totalitarisme, comme l'a montré l'Allemagne des années 1930. Oui, le plus barbare des États peut être une dictature démocratique, sans oxymore, puisqu'il se contenterait de mettre en œuvre le souhait du plus grand nombre, fût-il porteur de carnages sans nombre. Au passage, il est piquant de paraphraser le mot de Lincoln, cet immense constitutionnaliste, pour défendre une démocratie hors limites.

Le problème est à mon sens un peu différent : dans une démocratie libérale, les contre-pouvoirs institutionnels ne devraient pouvoir s'exercer qu'en rapport avec les droits de l'homme et du citoyen. Ces droits, tous ces droits, mais seulement ces droits. Je parle ici des textes fondateurs, et non des versions dévoyées de l'après-guerre, qui portent la marque des Soviétiques, et encore moins de la définition actuelle qui en font un fourre-tout cauchemardesque. À titre d'exemple, on finirait par oublier que piquer un logement inoccupé n'est pas un droit de l'homme. Trucider son voisin parce qu'il aime Zemmour non plus, au passage.

Je pense que Z est en droit de s'inquiéter du pouvoir des juges. Je ne le suis pas du tout cependant quand il défend une démocratie illibérale.

Décidément en grande forme, fulminant, gesticulant, le verbe empressé, Z a fini l'émission sur les chapeaux de roue, s'employant à démonter un par un les arguments de Sandrine Rousseau et de ses semblables - il manquait simplement un contradicteur, ou une antagoniste, pour que le combat fût complet et réellement convainquant.

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lundi 6 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 6 septembre 2021

06/09/2021

L'Homme de Rio ne répond plus. Si je m'écoutais, là, tout de go, et sans égard pour le devoir de réserve qui suit un deuil, je donnerais tout Belmondo pour dix minutes de Delon dans Plein Soleil. Oh, Bébel a fait de bons films, sans aucun doute, à côté d'une belle brochette de navets. Son malheur, et le nôtre, est peut-être d'avoir accepté le rôle de Stavisky, d'essuyer un échec retentissant et de se cantonner par la suite à des rôles d'amuseur public, non sans talent, mais avec beaucoup, beaucoup trop de déchet.

Z note que l'époque de Belmondo, Delon, Bardot, Johnny, aurait regardé avec un drôle d'air la fluidité des genres, et d'autres théories semblables de notre temps. Bien. Sauf que rien n'était nouveau sous le soleil. Charles Boyer incarnait lui aussi, et combien, un magnifique mâle français (je ne me souviens pas qu'on ait mobilisé de la sorte tous les médias pour la mort de Charles Boyer, mais j'étais alors trop jeune, et n'avais de toute façon jamais entendu parler de Charles Boyer). Pour le dire autrement, je regrette que l'on sublime un peu trop, me semble-t-il, l'esprit français et le génie de Belmondo, traits qui étaient présents dans la grande tradition de nos acteurs, dont le talent m'apparaît, bien souvent, supérieur à celui du cher disparu, sans que l'on ne s'avise trop de le célébrer.

dimanche 5 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 5 septembre 2021

05/09/2021

À peine ai-je posé quelques réflexions sur une illustration musicale pour la campagne de Zemmour que je m'avise que celle-ci a déjà commencé, vraisemblablement, par l'intermédiaire d'une tournée de promotion pour son livre à paraître le 16 septembre, "La France n'a pas dit son dernier mot". Le site croiseedeschemins-ez.fr permet aux amateurs de s'inscrire pour des rencontres à travers la France. Une courte vidéo de promotion (https://youtu.be/J1NrHSM-TAQ) a même été tournée à cette occasion. Horreur ! Le fond sonore semble sortir d'une bande originale minimaliste pour série Netflix. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi, ça veut dire beaucoup. Notre héritage est-il donc jugé si pauvre par Z et ses camarades pour qu'ils croient bon de nous verser dans les oreilles une telle mélasse, qui est à l'histoire de notre musique l'équivalent d'une ferme d'éoliennes pour un paysage de nos provinces ? Cette curieuse cécité auditive n'est décidément pas raccord avec la défense de notre patrimoine et ne laisse d'inquiéter. Au même titre, d'ailleurs, que la phrase "je raconte [...] nos conversations avec des politiques [...]", drôlement tournée, et où l'on peut regretter que l'emploi de "politiques" remplace "hommes politiques". Une concession à une anglicisation de la langue que l'on n'imaginait pas trouver chez un bonapartiste. Napoléon, reviens, ils sont tous devenus fous !

samedi 4 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 4 septembre 2021

04/09/2021

L'un des traits le plus surprenants, chez cet amoureux de la France millénaire, est l'absence de toute sensibilité musicale en rapport avec notre pays - je veux dire, qui soit à la hauteur de son érudition littéraire. Je ne crois pas l'avoir jamais entendu dire la moindre chose sur Méhul, Lalo, Debussy ou Boulez ; s'il évoque Lully, c'est en rapport avec Molière et Louis XIV, et quand il parle de musique, c'est pour lâcher des considérations sur nos chansonniers (souvent talentueux, il est vrai) et des groupes de rock anglo-saxons. Un défenseur de notre pays vanterait, me semble-t-il, un peu moins les Rolling Stones et un peu plus César Franck, pour la même raison qu'il placerait Guy de Maupassant au-dessus de Sophie Kinsella.

Je me sens l'âme d'un philanthrope, aujourd'hui. Le bruit court que la candidature de Z pourrait être officialisée à mi-octobre (Iéna !) ou mi-novembre (pont d'Arcole !). Cela signifie réunions officielles, grands discours, tournées, avec toute l'organisation que cela réclame. Allons droit au but : quelle musique pour accompagner l'entrée du nouveau candidat ? De la variétoche anglo-saxonne ? On n'y croit pas. Du gnagnan façon Abba ? Pitié. Je me crois fondé à exclure, en l'état du dossier, un éventuel emprunt à un opus de Youssoupha.

Cessons là, le choix s'impose de lui-même :

Amour sacré de la Patrie
Conduis, soutiens nos bras vengeurs !
Liberté ! Liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs ! (Bis)
Sous nos drapeaux que la Victoire
Accoure à tes mâles accents !
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire !

Oui, c'est la Marseillaise, pas le passage que tout le monde connaît, mais l'un des plus beaux, dans la version d'Hector Berlioz. Le refrain commence a cappella, à la façon d'un hymne d'église, pour s'achever par une irrésistible envolée des cordes et une péroraison triomphale quand retentit le refrain. Quoi de plus français en vérité ? Et quoi de plus touchant que ces mots inoubliables murmurés par une foule fervente : "Liberté ! Liberté chérie" ?

https://youtu.be/k1RSdchvYxE?t=375 (à partir de 6 minutes et 15 secondes).



vendredi 3 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 3 septembre 2021

03/09/2021

"Zemmour, il n'a pas toujours tort", laisse aujourd'hui tomber un collègue de bureau, sans que je ne l'eusse auparavant lancé sur Z, ni sur aucun autre sujet politique : la réflexion est venue comme ça, sans préavis, comme une pomme lâche sa branche au terme d'une lente maturation. Je n'ai pas repris le mot au vol, me contentant d'acquiescer d'un air vague, non à ce qu'il disait, mais au fait que j'avais bien reçu le message. Il sera temps de travailler le sujet une autre fois et de savoir pourquoi, selon lui, Z n'a pas toujours tort. Cette expression est assez vague pour s'appliquer à tout un chacun, il est vrai. Qui pourrait-on accuser d'avoir toujours tort ? Macron ? Non, certainement pas Macron, qui dit noir, blanc ou gris à son interlocuteur en fonction de la couleur de celui-ci. Cette attitude de caméléon intellectuel - et condamné par le fait à dire de temps à autre quelques vérités - n'est certes pas celle de Z qui (c'est pour lui à la fois un point fort et un drame) profère sans détours ce qu'il a sur le cœur en se refusant à appliquer les codes convenus du discours public.

J'apprends dans un reportage de LCI (fichtrement mal filmé, on croirait une promotion du gouvernement pour la vaccination) que Z, au 30 août, aurait réuni 100 promesses de parrainage. Eh eh ! S'il y a quête de parrains, c'est bien pour poser une candidature officielle, non ? J'apprends par la même occasion le nom de sa conseillère, dit-on, une certaine Sarah Knafo, d'après ce que je comprends, une "tête", bien faite, bien pleine et, apparemment, "bien" tout court. Attention aux boules puantes, si l'aventure devait se poursuivre ! Pour l'heure, madame Knafo serait bien inspirée de dire à son poulain d'arrêter les mimiques de comptoir et l'essayage de grands chapeaux à plumes, si possible, tant cela, plus que ses idées, risque de lui être fatal. Il serait regrettable que le sauveur de la France chutât à cause d'une pauvre, et bien inutile, grimace, ou d'une frivolité de potache.

jeudi 2 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 2 septembre 2021

02/09/2021

"Des mesures dures à prendre, qu'on ne prendra pas." Z parle de la lutte contre le trafic de drogue. Le "on" qui ne fera rien, bien sûr, c'est Macron. Pas certain que Z au pouvoir ferait, lui, grand-chose de plus. S'attaquer aux trafiquants, c'est enflammer des cités. Que ferait l'état si une dizaine, une cinquantaine, de quartiers dit "sensibles" (ou "populaires" dans la novlangue) entraient simultanément en sédition ? Envoyer l'armée se frotter à des types munis de kalachnikov ? Enfoncer à l'aide de blindés herses, barrages de voitures enflammées et bataillons de lanceurs de mortiers ? Déclencher le plan "Ronce" dont Z avait jadis, à grand bruit, dévoilé l'existence, ou la possible existence ? Envoyer des hélicos "balayer tout ça", comme dans La Chute du faucon noir où des multitudes haineuses et fanatisées périssent sous le feu du ciel ? Peut-être est-ce là notre destin - un destin à la libanaise, comme on dit parfois. Si cela devait arriver, et si l'armée l'emporte, ce qui est loin d'être sûr, étant donné les soutiens moraux dont les "populations défavorisées" jouissent dans une marge importante de la presse et des "influenceurs" - que faire des trafiquants ? Les expulser, dit Zemmour, quand ils ont une nationalité étrangère. Admettons. Et les Français ? Nos prisons sont pleines à craquer.

Après l'affaire Merah, il y a une dizaine d'années, j'ai été surpris d'entendre la même idée dans la bouche de personnes fort différentes, et qui ne se connaissaient pas. Cette idée était de rétablir la peine de mort. Je n'aurais jamais cru qu'on reviendrait un jour sur cet accomplissement. Et les gens qui tenaient ce discours n'étaient pas des fachos, plutôt de gauche même, des gens "de tous les jours", des collègues, des amis. Ça m'était resté quelque part en tête quand un jour j'entendis Z expliquer que le renoncement à la peine de mort, dans un monde où la réclusion à perpétuité n'était plus en usage, n'avait de sens que si on persistait dans le pari qu'un homme peut s'amender. Que le pire criminel peut réfléchir, changer profondément, regretter son geste et devenir, pourquoi pas, quelqu'un de bien. Or, continuait Z (je cite de mémoire), comment voulez-vous qu'un islamiste renonce à son idéologie ? Tout ce qui a touché à la "déradicalisation" s'est évaporé dans un nuage de gaz hilarant. Ça ne marche pas, ça ne peut pas marcher : un homme comme Merah, ou comme les dizaines d'islamistes qui ont ensanglanté notre sol, doit être éliminé de la vie publique, soit en passant le restant de sa vie en prison, soit en subissant le châtiment suprême.

Est-ci ici un aboutissement logique de la pensée de Z ? Je n'en sais rien. Si la "campagne" se poursuit, nous aurons des éclaircissements. L'autre idée qui est apparue dans les mêmes années, me semble-t-il, et proférée par des personnes tout aussi éloignées des pensées extrémistes, était de rouvrir Cayenne, ou autre bagne du même genre, pourvu que l'on éloigne, si possible jusqu'à leur disparition, des gens dont on sait pertinemment qu'ils ne changeront pas et resteront une menace pour nous quoi qu'il advienne ; et tant pis pour eux, tant mieux pour nous, si en s'évadant à la nage ils aiguisent l'appétit d'un requin. Ce n'est pas mon idée - pas davantage que celle du rétablissement de la peine capitale - mais, je le répète, celle que j'ai vu fleurir spontanément çà et là il y a quelque temps, et qui est peut-être retombée depuis.

Ce dont je suis sûr, en revanche, est que le débat de ce soir sur la criminalisation des consommateurs de drogues n'a pas exploré une hypothèse qui me semblait s'imposer naturellement dans le cours de la discussion : si l'on responsabilise ces consommateurs, cela veut dire exactement, non qu'on les mette à l'amende, en prison ou dans un cachot de l'Île du Diable, mais qu'on les rende responsables de leurs actes. C'est le principe même d'être adulte, chose oubliée dans une société où l'État met son nez partout en ne résolvant rien. Ici, "responsables de leurs actes", cela signifie qu'ils doivent être comptables, non seulement des méfaits qu'ils pourraient commettre - je parle de l'atteinte au bien d'autrui - mais également du coût de leur prise en charge si jamais ils avaient besoin d'assistance médicale. L'idée peut être choquante, mais elle n'est pas en soi hors du débat - ou en tout cas elle ne devrait pas l'être, si n'était un plateau composé d'étatistes plus ou moins forcenés, dont Z est l'emblématique tête de file.

mercredi 1 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 1er septembre 2021

01/09/2021

Une petite victoire qui agace beaucoup de monde. Le débat politique tourne autour de Zemmour et de sa possible candidature, Mélenchon en parle pour s'en gausser, se prenant les pieds dans le tapis au passage en mélangeant langues arabe et berbère, ce qui étonne d'un homme instruit et porté sur la glorification de l'autre. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, fustige le promoteur d'une "France rabougrie" (ce qui change de "nauséabond"), la droite classique, entre affolement et adhésion, s'interroge sur sa candidature, le rassemblement national s'échauffe à son tour, allant jusqu'à évoquer le grand remplacement, sujet jusque-là tabou dans ces parages. Une séquence de l'émission de Yann Barthès l'a pris pour cible, sans grand talent ni traits d'humour qui ne se résument à un lourd ricanement, dans une séquence intitulée "la réac du réac". Je ne doute pas qu'on trouve de pareilles offensives à France Inter ou autres médias de la même obédience, dont le recensement serait fastidieux. Peut-être que le dénigrement portera et finira par rendre légitime l'exclusion définitive des soutiens de Z dans les réseaux sociaux. Pour l'heure, beau succès : tout mène à Z, à la fureur de ceux qui, voulant le dénigrer, contribuent à installer son nom dans le débat public.