16/12/2021
Emmanuel Macron : « Je ne crois pas au grand remplacement, il n'est pas là. » Et s'il affirme qu'il n'est pas là, c'est pour une raison simple : « Quand on parle de grand remplacement, il vaut mieux regarder les chiffres ». Or, le grand remplacement, pour Renaud Camus, n'est pas affaire de chiffres. L'expression veut exprimer un constat : « Il y avait un peuple en France, et brusquement, en quelques décennies, il y en a maintenant plusieurs. » (lien Twitter)
Il serait possible de répondre que les populations étrangères, ou d'origine étrangère, sont aujourd'hui plus visibles que jamais. Quand le Portugais, l'Espagnol, le Polonais s'installaient en France, peu de choses permettaient de les distinguer au premier regard d'un citoyen d'origine française, et cela était même souvent impossible. Vu sous cet angle, on pourrait considérer que le « grand remplacement » ne décrit rien de bien nouveau sous le soleil de France, et que la réalité observable n'est fondamentalement pas différente de celle d'avant, tout aussi vraie sans être visible : des peuples étrangers installés chez nous, simple observation dénuée en soi de sous-entendus racistes.
Zemmour, naturellement, ne partage pas cette approche plutôt optimiste, car la visibilité est une arme de conquête : « c'est dans les pays arabes que les grands réformateurs comme Bourguiba, comme Atatürk et comme Nasser ont enlevé le voile aux femmes. Ils savaient ce qu'ils faisaient. Le voile est un étendard politique, et un étendard religieux, dans l'islam c'est la même chose, la religion et la politique, et ça permet de coloniser l'espace visuel. Donc moi, je ne laisserai pas la France être colonisée, visuellement ou factuellement. » La Turquie n'est pas un pays arabe (il aurait dû dire « arabo-musulman ») et les journalistes, pressés par le temps ou n'ayant pas relevé la boulette, ne l'ont pas repris. Un manque d'ardeur auquel on n'est pas habitué sur France Inter, où Zemmour sert d'habitude de punching-ball.
Ce matin, Léa Salamé a reçu les félicitations de Zemmour pour avoir abandonné son prénom d'origine « Hala », car « c'est une preuve d'amour aux Français. » Anne Hidalgo « s'appelait Ana María, c'est très bien, c'est tout ce que je veux, ça s'est fait comme ça pendant des décennies ». Léa Salamé tente une objection qui ne porte pas, tellement, à ce moment-là, Zemmour « parle vrai ». Et puis, le premier auditeur à intervenir déclare vouloir voter pour Zemmour, après avoir choisi Mélenchon en 2017. Un auditeur de France Inter ! Qui vote Zemmour ! Sur France Inter ! Sans que les journalistes ne brandissent un crucifix ! Quelque chose serait-il en train de changer ?
