jeudi 28 octobre 2021

Zemmour au fil des jours - 28 octobre 2021

 28/10/2021

"Pauvre Marine Le Pen, je la plains. Je la plains de devoir parler comme Marlène Schiappa, comme la gauche, de parler comme les féministes. Mais vous savez, j’avais été le premier à le dire et à la diagnostiquer : c’est une femme de gauche, tous ses réflexes sont de gauche. Elle est en décalage avec son électorat."

Quand Zemmour présente Marine Le Pen comme une femme de gauche, il veut dire que son comportement reprend ceux de la gauche actuelle. C'est exact, du moins en partie, quand on pense que les sorties de la présidente du RN ne prennent plus pour cible une certaine immigration, comme c'était le cas à une époque, et qu'elle s'était donnée pour consigne de ne pas parler de "grand remplacement". Du reste elle demeure une étatiste convaincue, comme les camarades insoumis ou assimilés. Il n'en reste pas moins que ces différentes positions sont largement partagées à gauche, à droite et au centre. Alors, parler de "la gauche" dans ces conditions est délicat.

L'un des marqueurs historiques entre "gauche" et "droite" était la façon de considérer les influences respectives de l'inné et de l'acquis. Pour la droite, l'inné primait (l'hérédité, les grandes familles, bon sang ne saurait mentir, les chiens ne font pas des chats, etc.). L'acquis, pour la gauche, était la valeur déterminante, chacun étant en mesure de s'élever par l'exercice de la raison, nonobstant ses origines biologiques.

Ce sempiternel débat s'est évaporé dans un tourbillon échevelé. Le combat pour l'acquis, aujourd'hui, s'incarne dans le mouvement woke (et compagnie) avec son engagement pour la fluidité généralisée, y compris celle des sexes : tout est acquis, tout est choix personnel, sauf le "statut racial" qui fait de vous une victime, en qualité de descendant supposé de victimes, ou un bourreau, pour la même invraisemblable raison. Si l'on décide de voir ici le nouveau clivage gauche-droite, il ne fait alors aucun doute que nous trouvons d'un côté les Verts, partisans de ce relativisme exalté, et de l’autre Zemmour, résolument opposé à cette folie venue d'outre-Atlantique. Entre les deux, toutes les nuances de gris.

Il est paradoxal que Zemmour défende les chances de tous en voulant mettre fin aux quotas censés combattre les discriminations, quand ses opposants "progressistes" voudraient au contraire renforcer de tels privilèges. Paradoxal, car ici c'est Zemmour qui tient un authentique discours de gauche dans cette drôle de guerre à fronts renversés.

Article précédent    Article suivant