samedi 11 décembre 2021

Zemmour au fil des jours - 11 décembre 2021

11/12/2021

Philippe de Villiers, le grand absent de Villepinte, a annoncé son soutien à Zemmour. Le candidat et lui s'envolent pour un court séjour en Arménie. Ce pays est depuis longtemps au cœur de la pensée d'une certaine droite (celle que Libé appelle « fachosphère ») : la lutte séculaire avec l'islam a érigé cette petite nation en rempart oriental de la chrétienté. Nul besoin d'être un fasciste pour se soucier du sort des Chrétiens d'Orient, mais comme la « gauche » et la « droite républicaine » ont déserté le terrain, la place est maintenant connotée, et suspecte. Peuples lointains, abandonnez toute chrétienté si vous désirez susciter une compassion sans réserve.

Le sourire du jour nous est donné par Roselyne Bachelot, commentant le choix de son frère, Jean-Yves Narquin, de devenir le porte-parole de Zemmour : « Il y a des ruptures qui sont définitives ».

Réaction du frère : « J'apprends, par voie de presse, qu'une 'rupture définitive' existe avec ma sœur ? Tu es sûre, Liline ? J'ai, à ce jour, évité de te taper dessus... Je ne mélangeais pas tout ! Mais si je sors les missiles, à ton avis, qui va passer pour une gourde ? »

Menaces sur Twitter : Roselyne Bachelot et son frère
Menaces sur Twitter.

Gourde, je n'en sais rien, mais la promesse de la ministre de la Culture d'ouvrir « avec 15 ans d'avance les archives sur les enquêtes judiciaires de gendarmerie et de police qui ont rapport avec la guerre d'Algérie » suscite l'interrogation. Une opération sans contrepartie dont on ne voit ni la nécessité ni l'urgence, sauf celles d'apporter encore plus de fébrilité à une compagne déjà bien virulente. Si l'opération parvient à semer davantage de panique sur le terrain, et à raidir davantage les candidats « respectables » comme les « affreux », alors le gouvernement aura atteint son but.

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vendredi 10 décembre 2021

Zemmour au fil des jours - 10 décembre 2021

 10/12/2021

Trente fois, trois cents fois, trois mille fois, Zemmour a remonté ses lunettes d'un bref geste de l'index. Cette pantomime nerveuse et exaspérante ne sert en rien l'image d'un candidat que l'on découvre aussi miné de tics que Sarkozy. Pénible émission hier soir sur France 2. Léa Salamé, avec son confrère Laurent Guimier, a retrouvé les mauvaises habitudes qu'on avait constatées lors de son émission avec Laurent Ruquier, en septembre (lien) : obnubilés par un minutage qui leur échappe, les présentateurs coupent toute parole qui s'éternise au-delà des dix secondes, privant le spectateur de l'issue d'un raisonnement, interviennent quand il ne faut pas, uniquement pour se faire valoir, engendrant ainsi de nouvelles digressions parasites, et ont laissé plusieurs fois le débat dégénérer, ce qui leur a valu de justes remontrances aussi bien de Zemmour que de Le Maire.

Le débat fut vif et stérile. Éric Zemmour crispé et incapable, ou rendu incapable, de développer sa pensée. Bruno Le Maire d'une étonnante mauvaise foi et s'embrouillant dans ses notes. Il semble que la balance penche du côté de ce dernier, mieux préparé à ce genre d'exercice où il faut faire trébucher l'autre, et ne se privant pas de convoquer Pétain dans les échanges (malheur au contradicteur de Zemmour qui ne fera pas appel à Pétain, la meute tombera sur lui).

L'invitée surprise, Samia Ghali, maire adjointe de Marseille, n'a rien fait pour sauver une soirée trop hystérique pour être plaisante.

Meilleure audience de la saison pour Élysée 2022, c'est le nom de l'émission, avec près de 3 millions de téléspectateurs.

Philippe Val expliquait ce matin sur Europe 1 la raison du début tardif du meeting de Villepinte : les équipes de Zemmour et de Mélenchon s'étaient mis d'accord pour un départ décalé, de sorte que chaque candidat pouvait être transmis en direct, sans empiéter sur l'autre.

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jeudi 9 décembre 2021

Zemmour au fil des jours - 9 décembre 2021

09/12/2021

Grosse fatigue à gauche. La candidate du PS prend le train pour La Rochelle, se ravise en cours de route, descend à Poitiers et revient dans la capitale. Ça, c'était hier. Les mauvaises langues, ou les gens bien informés, assurent qu'il n'y aurait pas assez de monde pour la recevoir à destination, et que la volte-face s'imposait pour éviter l'humiliation. Depuis lors, Anne Hidalgo a plaidé pour la tenue d'une primaire à gauche, proposition évidemment rejetée sans appel par les intéressés. Mergitur nec fluctuat. Le bruit court que Christiane Taubira reprendrait la destinée de ce Radeau de la Méduse. Pourquoi pas. On ignore comment la situation pourrait empirer.

Long discours du chef de l'État pour présenter la présidence française du Conseil de l'UE (contrairement à ce qui a été dit par des étourdis, ce n'est pas le Conseil de l'Europe, qui avait ensoleillé notre automne avec sa campagne pro-hijab). Même quand il parle à l'Union, Macron répond, de façon voilée, à Zemmour : d'après l'Internaute, « le président songe à créer un conseil indépendant d'historiens de différents pays membre de l'UE pour lutter contre le "révisionnisme historique qui remet en cause notre histoire et nos responsabilités dans cette histoire" ». Il songe, et je crois rêver : un comité pour l'histoire officielle, comme aux plus belles heures de l'URSS, sans que personne s'en étonne ? En outre, cette façon de veiller à ce que « nos » responsabilités ne soient pas remises en cause laisse perplexe. Les Européens, éternels marris ? Il faut le croire.

Grande soirée sur France 2 : Éric Zemmour et Bruno Le Maire débattront. Des records d'audience sont espérés. 

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mercredi 8 décembre 2021

Zemmour au fil des jours - 8 décembre 2021

 08/12/2021

Les prochains sondages nous diront si la « dynamique » Zemmour s'est réenclenchée, et si l'inattendue embellie de Valérie Pécresse n'était qu'un feu de paille. Bizarrement, le nombre d'abonnés à la chaîne officielle YouTube de celle-ci (ici) ne s'affiche pas, contrairement à celles de Mélenchon (611k abonnés, ici) et de Zemmour (316k, ici). Pour Anne Hidalgo, c'est 22. Pas 22k : 22 tout court. Un commentaire serait cruel.


Chaîne YouTube d'Anne Hidalgo
Chaîne YouTube d'Anne Hidalgo, hébergée par celle du PS (ici)

Sur la route de Vichy, Emmanuel Macron lance de nouvelles attaques contre Zemmour, sans le nommer. Si l'on en croit Le Monde (lien), le président aurait déclaré « Cette histoire, nous l’avons vécue, elle est écrite par les historiennes et historiens, et c’est une bonne chose de s’y tenir ». Les « historiennes et historiens » ! Un président ne devrait pas dire ça. Ce tic de langage insupportable ne provient pas, on l'espère, des leçons que ses maîtresses et maîtres ou autres enseignantes et enseignants prodiguaient aux écolières et écoliers dont ils avaient la charge.

Sous le massacre de la langue française, un hommage à ceux qui s'opposaient au massacre de la France. Il s'agit évidemment de la France de Vichy, encore, que Macron replace dans l'actualité, pour donner du lustre au souvenir des « sympathies pétainistes » de Zemmour. Le chef de l'État ne se prive pas de jouer cette carte maîtresse, sinon sans risque : le retour de bâton sur la « manipulation de l'histoire » risque d'être cinglant.

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mardi 7 décembre 2021

Zemmour au fil des jours - 7 décembre 2021

07/12/2021

Un militant pro-zemmour reçoit des menaces de décapitation. Son crime : être un Noir. SOS Racisme ? Aucune réaction. Le mouvement est trop occupé à contrer Zemmour. "J'adhérerai à SOS Racisme quand il y aura un s à racisme", disait, je crois, Pierre Desproges. Il y a les bonnes victimes et les mauvaises victimes. Le militant zemmourien est une mauvaise victime, car ses agresseurs sont dans le bon camp. 

C'est comme les petites phrases. Il y a les scandaleuses - "Macron est un ado pas fini", pour Zemmour - et les convenables - "Éric Zemmour est un ennemi du genre humain", profère Mélenchon. Personne, ou presque, ne relève. Pourtant, un ennemi du genre humain mériterait de fait une élimination radicale. C'est dommage, sans doute, mais nécessaire : les ancêtres idéologiques de Mélenchon nous ont assez parlé de ces omelettes qu'il ne serait question de faire sans casser des œufs.

Un sondage de l'Express indique une progression de onze points de Valérie Pécresse au premier tour. Elle battrait même Macron pour l'élection. On suppose que les électeurs de la droite classique ont accueilli avec soulagement la désignation d'un candidat dans leur camp, et que cette flambée subite reflète leur euphorie passagère. À voir sur la durée, naturellement, car je vois déjà passer des commentaires goguenards sur la candidate LR, moquée pour certaines sorties malhabiles et même comparée à Anne Hidalgo, ce mètre-étalon du néant politique. Le PS, toujours selon ce journal, tombe au rang d'un groupuscule : 3%. Zemmour et Le Pen au coude-à-coude vers 14%.

Sondage BFMTV - L'Express
Sondage BFMTV - L'Express

À gauche, un champ de ruine. Le commentaire est facile. Et faux. Ceux que l'on place "à gauche" n'ont pas grand-chose à voir avec l'héritage des révolutionnaires de 89. Défendre une religion n'est pas de gauche. Organiser des réunions interdites aux Blancs n'est pas de gauche. Instaurer des privilèges n'est pas de gauche. Réquisitionner des propriétés privées n'est pas de gauche. Laisser le pouvoir de la rue aux plus violents n'est pas de gauche. Travailler en sous-main avec des lobbys n'est pas de gauche. Promouvoir la pensée magique n'est pas de gauche. Soutenir des dictateurs n'est pas de gauche. Nos hommes politiques de gauche sont devenus les agents d'une droite authentique et détestable.

J'entends bien que Zemmour compte siphonner des voix de droite, qu'elles viennent du RN ou de LR. Je me demande pourquoi on n'évoque jamais les gens de gauche susceptibles de voter pour lui : j'en connais qui se posent la question, s'étant reconnus dans un discours pour partie dans la ligne de la gauche historique.

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lundi 6 décembre 2021

Zemmour au fil des jours - 6 décembre 2021

 06/12/2021

Zemmour portait des lunettes pour lire des "prompteurs", apprend-on grâce aux chaines d'infos. Et après on dira que les journalistes ne vont pas au fond des choses !

Trois thèmes se dégagent parmi les observateurs. Le premier, celui d'une affluence massive et d'un discours remarqué par sa qualité. Zemmour a réussi sa "mue", pour reprendre l'insupportable expression qui a fleuri partout depuis un jour (que je sache, l'intéressé n'est ni une vipère, ni un pré-ado acnéique), et s'est installé dans son rôle de candidat. Ensuite, l'on commente abondamment la stratégie visant à faire exploser LR : Zemmour, avec ses appels appuyés à Éric Ciotti, excite une base républicaine fondée sur l'alliance improbable entre Valérie Pécresse et son dauphin.

Le dernier, le plus commenté, touche aux violences. Le nouveau candidat a été agressé par un homme qui est toujours en garde à vue. Drôle d'agression. Le saut brutal de l'assaillant depuis la foule pour entourer le cou de Zemmour ne rime à rien (hier encore l'on se demandait si ce n'était pas un geste d'affection démesuré). Il aurait pu mettre knock-out le candidat s'il l'avait voulu, et au lieu de cela il l'a agrippé pour l'entraîner vers le sol, avant d'être lui-même plaqué sans ménagement. S'il avait eu un couteau, CNews serait en deuil et Charline Vanhœnacker chanterait Tata yoyo sur France Inter. Zemmour s'en sort avec une fracture du poignet et huit jours d'ITT. Cela ne l'a pas empêché de déclamer son discours, ce qui dénote une force de caractère hors du commun.

Autres victimes, des militants de SOS Racisme, objets d'une brutale agression, a priori perpétrée par des gaillards d'extrême-droite, et non par le service d'ordre, nous dit Politis (lien). Leur crime, avoir dévoilé un slogan "Non au racisme". Les images de la bagarre sont choquantes mais ne permettent pas à elles seules de savoir ce qui s'est passé. Un procès, s'il y a lieu, nous éclairera sur l'événement.

Article de Politis par Daphné Deschamps
Article de Politis par Daphné Deschamps, 6 décembre 2021 (lien)

L'objectif de SOS Racisme et plus généralement des prétendus antifascistes est clair. En faisant de chaque apparition publique de Zemmour un esclandre, plus personne ne voudra accueillir le candidat qui porte en lui la barbarie comme la nuée porte l'orage. L'asphyxie par harcèlement, et par la menace sur le bien public.

Des journalistes se plaignent d'avoir été attaqués, verbalement ou physiquement : à ceux de Quotidien, évoqués hier, s'ajoutent deux reporters de Mediapart, Armel Baudet et Célia Mebroukine (ce dernier nom me rappelle quelque chose - n'est-ce pas elle qui avait été accusée, preuve à l'appui, de bidonnage par Majid Oukacha en 2019 ? Voir ici).

Le fait que des activistes identitaires, quel que soit le nom qu'on leur donne (j'apprends l'existence des Zouaves Paris, appellation sympathique pour un groupuscule détestable), se retrouvent parmi les soutiens actifs de Zemmour est très préoccupant. On ne voit pas pourquoi l'honnête homme devrait tolérer des militants de cette nature, dont la brutalité et le niveau intellectuel ne paraissent pas se distinguer fondamentalement de ceux des "antifas". Que dit Zemmour ? Pour l'instant je n'ai pas vu de réaction de sa part sur le sujet. Il ne serait nullement déplacé qu'il s'en soucie.

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dimanche 5 décembre 2021

Zemmour au fil des jours - 5 décembre 2021

 05/12/2021

Valérie Pécresse promet de défiscaliser les pensions alimentaires des "mamans solos". Mamans solos ! Franchement, qu'avons-nous fait au bon Dieu pour mériter des candidats se risquant à un tel charabia ? Ça veut gouverner la France en nous servant des horreurs infantilisantes, dans le plus pur style des pires réclames d'autrefois. On attend les invectives de la même eau : kiceti Zemmour, lo glouglou rikiki ?

À Villepinte, le meeting commence avec près d'une heure de retard. Accusations d'amateurisme à l'horizon, ainsi qu'un nouveau scandale suite à une échauffourée, semble-t-il, avec des journalistes de Quotidien.

La musique... Non, pas de musique, de la muzak, tirée du TOP 50 de l'Otis Elevator Company. Ah, bravo l'homme qui voulait redonner sa fierté à la France, incapable de dénicher dans le legs national une symphonie, une ballade, un opéra, un madrigal, une fantaisie, que sais-je, digne d'accompagner ses apparitions. Plus tard, le candidat fera son entrée sur un brouet sonore que l'on penserait bricolé pour accompagner une production de Marvel, ou de quelque autre grosse boîte vouée au meurtre de l'art cinématographique. Quand on pense que Paul-Marie Coûteaux, l'un des orateurs de la trop longue première partie, dénonçait l'impérialisme culturel américain ! Eh, mes amis, il n'appartient qu'à vous de démontrer votre amour de la patrie en piochant dans l'une de nos anthologies musicales, sans quoi vos belles paroles ne sont que tartufferie.

Cette très inintéressante première partie me rappellerait, si nécessaire, des bonnes raisons de ne pas voter Zemmour. L'Europe de l'Atlantique à l'Oural ? Ben voyons : Samuel Huntington, l'une des références favorites du candidat, explique sans ambiguïté que la Russie et l'Europe de l'Ouest n'appartiennent pas à la même civilisation (au passage, la France et les États-Unis sont dans le même "bloc", avance l'auteur). On peut ne pas partager cette idée, mais si Zemmour construit sa pensée à partir de celle de Huntington, la moindre des choses serait qu'il veille à la cohérence de son projet, lui qui ne cesse de mettre en exergue la logique des civilisations. Ce n'est pas tout, car la promesse d'une entente avec Poutine, l'antiaméricanisme, le protectionnisme, sont autant de promesses de chaos. Dommage pour les naïfs qui avaient cru voir Zemmour aborder un virage libéral.

Zemmour à Villepinte
Zemmour à Villepinte


Le mouvement s'appelle "Reconquête", ou plutôt "Reconquête !", avec un point d'exclamation, si l'on en croit le site dédié (parti-reconquete.fr). Zemmour commente : "Reconquête de nos écoles, reconquête de nos villages...". Bien, mais la référence qui s'imposera sans coup férir, du côté des "identitaires", est celle de la Reconquista espagnole.

Question affluence, le succès est assuré, salle pleine, plus de 70 000 spectateurs sur YouTube, diffusion en direct sur CNews et d'autres chaînes d'information en continu, #ZemmourVillepinte en tête des "tendances Twitter".  Rien de bien nouveau sur le fond, le candidat exposant dans un cadre officiel les idées qu'il porte depuis plusieurs mois dans ses différentes conférences (une petite nouveauté cependant, peut-être insignifiante, mais peut-on parler d'insignifiance dans un contexte où tout est soigneusement pesé ? - Zemmour porte des lunettes. On attendra les analyses des Grands Commentateurs Qui Savent Décrypter).

Quelques épisodes violents : un homme s'est précipité sur le candidat, l'agrippant par le cou comme s'il voulait l'étrangler, ou l'embrasser, je ne sais, avant d'être maîtrisé par des gorilles. Et des envoyés de SOS Racisme voulant perturber l'événement se sont fait sortir au prix de quelques horions. SOS Racisme va porter plainte.

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samedi 4 décembre 2021

Zemmour au fil des jours - 4 décembre 2021

 04/12/2021

Comme prévu, Valérie Pécresse défendra les Républicains. Éric Ciotti a tout de même recueilli près de 40% des suffrages. Zemmour doit se frotter les mains en entrevoyant une belle réserve de voix pour ce RPR qu'il s'efforce de ressusciter.

"Impossible n'est pas français" sera le slogan de campagne de Zemmour. Je le trouve, comment dirais-je, complètement tarte. Oui, je sais bien, phrase napoléonienne, ancrée dans l'histoire, n'empêche, je retrouve ici le pire d'une tradition franchouillarde qui, loin de servir la cause, l'affuble d'un accoutrement risible. Et puis franchement, l'impossible pas français, dans mon esprit, évoque irrésistiblement l'un des plus redoutables navets des années 70, un truc signé Robert Lamoureux, dont je ne retiens qu'un jeu de mots poussif, "bien malachite ne profite jamais", et la bonne bouille de Jean Lefebvre, plus ahuri que jamais.


Impossible... pas français, film de Robert Lamoureux (1974)
Impossible... pas français, film de Robert Lamoureux (1974)

Ahuri, c'est moi ce matin en entendant sur France Culture une journaliste argentine, Luisa Corradini, décrire en termes cinglants la candidature de Zemmour, sans qu'aucune contradiction lui soit opposée. Je suis allé lire son article original dans La Nación, journal de Buenos Aires (lien). Décidément, la presse internationale ne nous est d'aucune utilité : toutes les idées reçues se retrouvent ici, comme quoi les correspondants étrangers, pour ce que je peux en juger, ne font qu'amplifier la caricature au lieu d'éclairer leurs lecteurs. Ainsi, Zemmour est (pas besoin de traduction) un "fanático anti-musulmán, sólido machista." La charge s'accompagne, il faut le souligner, d'authentiques fake news : "De ahí una de sus últimas provocaciones : exigir que el Estado francés prohíba que las familias inmigrantes pongan nombres extranjeros a sus hijos." (De là vient l'une de ses dernières provocations : exiger que l'État français interdise aux familles immigrées de donner des prénoms étrangers à leurs enfants).

Faux, car ce sujet est ancien, quasiment aussi ancien que la carrière médiatique de Zemmour, qui en parlait il y a dix ans dans Mélancolie française (voir ici), comme devrait le savoir tout journaliste sérieux ; faux encore, il n'a jamais parlé d'appliquer cette mesure aux "familles immigrées", mais à toutes les familles, sans distinction d'origine ; faux, enfin, car son souhait ne concerne que le premier prénom donné aux enfants, comme il s'en est très explicitement expliqué.

La journaliste de La Nación se croit fondée à explorer les "névroses politiques" de Zemmour en les expliquant par ses origines familiales, religieuses et culturelles. Chacun se fera son opinion sur de telles pratiques que je trouve horripilantes et dangereuses - les camps de rééducation ne sont pas loin quand on accuse son adversaire politique de troubles mentaux.

Le reste est à l'avenant, c'est-à-dire de très bas niveau, et l'on soupire en songeant que nos propres correspondants à l'étranger, que ce soit en Argentine, aux États-Unis ou ailleurs, commettent les mêmes types de pseudo-analyses et contribuent au déni du réel autant qu'à la méfiance envers une presse aux ordres ou incapable.

Restons un instant dans les "névroses" de Zemmour avec l'article intéressant, disons, de Dominique Sopo dans Jeune Afrique (à lire ici) dont je ne citerai que ce passage : "En réalité, cet homme dont la revanche sert de phallus et la haine d’aphrodisiaque est avant tout un tract ambulant sur les conséquences néfastes de l’Algérie française et de son effondrement : le racisme colonial, l’exil, la nostalgie, le déclassement."

Avec de tels ennemis, Zemmour n'a plus besoin d'amis.

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vendredi 3 décembre 2021

Zemmour au fil des jours - 3 décembre 2021

 03/12/2021

En passant par le périph, je remarque ce matin un groupe affairé à déployer une banderole sur un pont surplombant les voies. La phrase qui apparaît, "Meeting le 5 décembre", me fait songer au grand rendez-vous de Zemmour. "Ah, ces freluquets inconscients vont encore se faire taper sur les doigts à cause de leur amateurisme," pensai-je sur le coup. "... de Jean-Luc Mélenchon à la Défense", conclut la banderole déployée. Pan sur le bec. Tiens, le chef de la France Insoumise lui aussi convoque ses troupes dimanche prochain ? Je venais de l'apprendre. Deux meetings concurrents, l'un à la Défense, l'autre à Villepinte, espérons que tout ce beau monde ne se croise pas à Châtelet-Les Halles après le show.

Au tour de Clémentine Autain, du Front de Gauche, de demander l'interdiction du rassemblement zemmourien. Son communiqué de presse s'achève ainsi : "Accueillir ce meeting revient à piétiner l'engagement pris et le combat contre le racisme. Clémentine Autain s'est adressée ce jour au groupe Viparis pour demander l'annulation de cette réunion publique, au nom de la charte signée en 2009 et des valeurs de fraternité et d'égalité de notre pays. La Seine-Saint-Denis, territoire de diversité, ne doit pas être le marchepied d'un candidat à la présidentielle aux discours si outrancièrement réactionnaires et viscéralement antirepublicains. Face au climat préfasciste, il faut tenir tête, et non baisser la garde".

Comme disait Jean Rochefort dans Un éléphant ça trompe énormément, "ça marche encore, ce truc-là ?" Ce texte ne nous apprend pas grand-chose de nouveau : la liberté est sacrifiée (le mot n'apparait pas dans le communiqué, ben voyons) au nom de la "fraternité" et de "l'égalité", afin de combattre le "fascisme". Refrain connu. On croirait lire un édito de Granma, la joyeuse feuille de chou de La Havane.

Il faut peut-être s'affliger que la presse américaine ne soit pas d'un niveau beaucoup plus élevé que la française, du moins si l'on en croit le long papier de ce jour dans le New Yorker signé Adam Gopnik (lien).

The Ultra-Nationalist Éric Zemmour Makes a Bizarre Bid for the French Presidency
The Ultra-Nationalist Éric Zemmour Makes a Bizarre Bid for the French Presidency / By Adam Gopnik (c) The New Yorker, 03/12/2021 (lien)


Quelques vérités et, ma foi, une belle brochette de clichés que l'on ne s'attendrait pas à trouver sous la plume d'un observateur étranger : pas de commentaire sur les véritables pensées de Zemmour, mais sur les idées que ses détracteurs font courir sur lui. Dommage pour les lecteurs anglo-saxons, guère mieux servis que les francophones.

Deux passages que je trouve intéressants : "leaders of extreme nationalist fervor always tend to rise from the extremities of a nation—Napoleon the Corsican, Stalin the Georgian, and even Hitler the Austrian." Cette remarque reprend presque mot pour mot, si ma mémoire ne me trahit pas, une réflexion de Jean-Marie Le Pen sur Nicolas Sarkozy, dans les années 2000, qui avait soulevé son lot de protestations.

L'autre passage parle du deuxième mouvement de la septième Symphonie de Beethoven, "as Zemmour perhaps knew, perhaps did not, was broadcast on wartime German radio on Hitler’s birthday." Tiens, tiens, voilà qui n'était guère arrivé aux oreilles de nos prétendus antifascistes. L'allusion est si risible qu'elle risquerait pourtant d'avoir un beau succès. Incidemment, on se souviendra qu'Arturo Toscanini ou Erich Kleiber, deux symboles iconiques de l'antifascisme, chérissaient cette symphonie sans que leur jugement soit amoindri par des considérations partisanes.

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jeudi 2 décembre 2021

Zemmour au fil des jours - 2 décembre 2021

 02/12/2021

YouTube a décrété que la dernière vidéo du candidat ne serait plus accessible qu'aux personnes majeures. Voilà le clip de Zemmour réservé aux plus de 18 ans, au même titre que L'infirmière n'avait pas de culotte. À quand le retour du carré blanc, pardon, non-racisé ? Nul n'est dupe de la manœuvre, depuis si longtemps redoutée, qui va pousser hors d'atteinte du quidam les discours tôt ou tard considérés comme étant contraire aux valeurs, sinon de la République, au moins des GAFAM.

Zemmour et la police de la pensée
Zemmour et la "police de la pensée" (lien)

Le meeting du 5 décembre n'aura finalement pas lieu au Zénith, mais dans l'immense parc des expositions de Villepinte. La raison invoquée est la trop faible capacité de la salle parisienne. On espère pour Zemmour que la foule sera suffisante pour remplir le parc des expositions, et on se demande comment feront tous ces gens pour respecter les gestes barrière, comme on dit. L'opposition est déjà là : le président du département de Seine-Saint-Denis, membre du PS, veut interdire l'événement, et des appels à entraver la circulation des RER se font entendre çà et là.

Du côté des Républicains, la candidature se jouera entre Éric Ciotti, arrivé en tête de la primaire, et Valérie Pécresse. D'après ce que je vois, d'assez loin il faut l'avouer, Ciotti est plutôt dans la ligne Zemmour, tandis que Pécresse s'en défend. Selon toute probabilité celle-ci l'emportera dimanche.

Question chiffres, Zemmour a réuni 273 promesses de parrainages, nous dit le Figaro. La vidéo interdite aux mineurs cumule 2 552 238 vues, et le compte YouTube vient d'accuser une brusque hausse de son nombre d'abonnés, qui dépasse les 300 000.

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mercredi 1 décembre 2021

Zemmour au fil des jours - 1er décembre 2021

 01/12/2021

Zemmour : "Je suis candidat", 2 millions de vues
Zemmour : "Je suis candidat", 2 millions de vues (Twitter, lien)

Un million de vues le jour même de sa publication. Un autre million, et plus encore, aujourd'hui. Éblouissant ! Mais peut-être bientôt oublié. Pas sûr que la déclaration postée par Zemmour sur YouTube pour déclarer sa candidature reste longtemps en ligne. Les plaintes s'accumulent contre les violations de droits d'auteur qu'elle comporterait : Pathé, Gaumont, les ayants-droit de Barbara, le propriétaire du château d'Ussé et bien d'autres encore, tous s'insurgent contre l'usage qui est fait d'œuvres dont ils sont dépositaires, ou garants. Yann Barthès, l'un des plaignants, estime que le camp Zemmour devra débourser au bas mot 100 000 euros pour rentrer dans le rang. L'un des proches de Zemmour a répondu qu'une citation de moins de trois secondes n'avait pas besoin d'autorisation. Je n'en sais rien mais cela me semble être une règle bien étrange et tout droit sortie d'une des nombreuses légendes de l'Internet, comme on peut en lire dans les forums de gamers. Les jeunes gens qui forment la garde rapprochée de Zemmour sont-ils des gamers déconnectés de la réalité ?

Ce débat donne matière à de nouvelles accusations d'amateurisme, tandis que le fond du "clip" n'est pas débattu. Dommage, car j'aurais aimé savoir ce que nos commentateurs pensent des mots de Zemmour,  en renonçant pour une fois à balancer de nouvelles salves de qualificatifs certifiés conformes par l'office national de la langue de bois.

L'invitation du candidat au 20h de TF1, hier, devait lancer la campagne. Mauvais départ, rien n'a été lancé du tout. Le présentateur Gilles Bouleau n'a pas interrogé Zemmour sur son programme, mais sur les mêmes sempiternels sujets qui suivent le journaliste depuis dix ans, les femmes, les musulmans. Z attendait en vain les interrogations de fond, qui ne sont jamais venues, et s'en est étonné, avant, dit-on, de quitter le plateau fou de rage. La scène hors champ a-t-elle évoqué la fameuse colère de Pierre Mondy-Bonaparte dans le film d'Abel Gance Austerlitz, quand vint à tomber la nouvelle de Trafalgar ? On ne le sait. Quelques minutes plus tard, un Zemmour toujours révolté fustige devant les caméras de chaînes d'infos un présentateur qui n'avait pas fait son travail.

On peut comprendre ce qui s'est produit. Pour le présentateur, entrer dans le jeu du nouveau candidat, ç'aurait été lui "servir la soupe" et se voir morigéné par ses confrères. On ne sert pas la soupe au diable. On se protège de l'enfer en montrant à tout un chacun son désaccord avec le Malin. Il lui était impossible de recevoir Zemmour sans le faire parler sur les femmes, les musulmans, car sinon, il aurait été mis au ban, pour complaisance, pour connivence, pour soutien objectif. Sauver sa peau avant tout en faisant fi de sa mission. Telle est la force de la "bien-pensance". Seuls les journalistes de CNews peuvent se permettre de commenter en termes politiques les idées de Zemmour - et CNews est devenue la chaîne à abattre. La défaite de la pensée, ou comment les démocraties finissent.

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mardi 30 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 30 novembre 2021

 30/11/2021

Les diverses conférences de Zemmour en France et à l'étranger ne laissaient pas présager la réussite de son film qui, aujourd'hui à midi, a officialisé sa candidature. Le discours est beau. Et habile : tout ce que déclame le désormais candidat tombe juste. Ces paroles feront plaisir à un grand nombre de personnes. Alors, l'espace d'un instant, ou oublie le plaidoyer pour Poutine, l'incapacité à comprendre le libéralisme, la tentation protectionniste, la propension à la fatalité.

Le refus affirmé de la modernité - un gros micro comme en juin 40, un texte lu sans l'aide d'un dispositif, le choix de mots rares et allusifs - sert parfaitement la scène. Zemmour reste ancré dans le XXe siècle et s'affiche de la sorte, ostensiblement. On se souvient de l'hologramme de Mélenchon - cette prouesse technique qui ne fit aucun bien à l'image vénérable du personnage. Rien de tout cela pour Zemmour, qui dit simplement et sans artifices des mots justes et forts. Que l'on aimerait entendre d'autres candidats parler de la sorte, et dire le mal dont souffre le pays ! Hélas, hélas, hélas.

Je suis étonné de ne pas entendre les commentateurs parler de Renaud Camus. Le texte de Zemmour me paraît reprendre fidèlement les remarques de l'écrivain sur la dépossession, ce drame inaudible et terrifiant, ou plutôt terrifiant car inaudible. Il est vrai que Camus soutient Zemmour, et l'on suppose qu'il existe quelques connexions entre les deux hommes.

La musique de Beethoven, ce contemporain de Bonaparte, est une immense surprise. Et, certainement, un clin d'œil aux amateurs de Poème sur la septième, ces paroles de Philippe Labro déclamées sur l'Allegretto de la 7e Symphonie par Johnny Hallyday :

Dites, ne me racontez pas d'histoires !
Montrez-moi des photos pour voir
Si tout cela a vraiment existé

"Tout cela", ici, c'est la France d'avant, glissé dans l'oreille des "petits blancs" qui avaient pleuré Johnny.

Ceux qui ne supportent pas Zemmour dénoncent son ton crépusculaire, suranné, pessimiste, et le portrait d'une France dans le formol. Je les comprends. À une autre époque, on disait "c'est vieille France", et on riait. Mais aujourd'hui, le souvenir fuyant de cette "vieille France" ne me fait plus rire.

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lundi 29 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 29 novembre 2021

 29/11/2021

Un policier hors service reçoit des coups du couteau au ventre. L'écriture inclusive fait son entrée au Robert. La commissaire européenne à l’égalité (ça existe ? heureux de savoir ce que je finance) recommande d'éviter de parler de « Noël », le mot pouvant « offenser ». Pour Rama Yade, « Passer à Paris devant la statue de Colbert est une micro-agression ». L'entrée de Joséphine Baker au Panthéon « n'efface pas le racisme omniprésent en France », déclare Rokhaya Diallo.

L'actualité est plus proche que jamais des constats de Zemmour, et Zemmour n'a jamais paru aussi loin de pouvoir en tirer profit. Les commentaires goguenards et déclinistes jaillissent à flot continu depuis l'affaire du doigt.

Si l'on en croit Boulevard Voltaire, des journalistes auraient aidé les extrémistes de gauche à saboter la venue de Zemmour à Marseille. Si cela est vrai, l'alliance entre une certaine presse et des activistes serait très grave. Bon, maintenant, Boulevard Voltaire n'est pas considéré comme une source fiable par Libération, et la prudence est de mise. D'un autre côté, Libération n'est pas considéré comme une source fiable par Boulevard Voltaire, il faut bien le dire.

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dimanche 28 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 28 novembre 2021

 28/11/2021

Éric Zemmour, ou celui qui œuvre derrière son compte Twitter, réagit à l'incident d'hier : "Madame, ce n'était pas le lieu d'un débat comme je les aime, le temps m'était compté. J'ai donc usé du seul langage que vous et vos camarades « antifas » comprenez immédiatement : le vôtre. Toutefois, vous imiter était fort inélégant, j'en conviens bien volontiers. E.Z."

Zemmour Twitter
Commentaire du compte d'Éric Zemmour sur l'incident d'hier (lien)

Fidèle à sa ligne, Zemmour ne présente ni excuses ni regrets. La presse ajoute la péripétie au bilan de Zemmour, au bas de la longue colonne "passif", et insiste sur le délitement de l'homme et de ses proches. Tous les titres soulignent le ridicule, l'incohérence, le déclin, l'amateurisme d'une campagne qui ne s'assume pas.

À force de lire les titres sur ce fiasco, on se prendrait à croire que le "polémiste" ne recueille plus guère que quelques intentions de vote éparses dont la somme confinerait à l'infinitésimal. "Zemmour faiblit", insiste une nouvelle fois Le Point dans son édition d'aujourd'hui.

Pourtant, le détail de l'article présente toujours le journaliste à 14% ou 15%. Il devance tous les autres candidats, sauf Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Il est plus haut que Xavier Bertrand, le Républicain le mieux côté, et très au-dessus des candidats dits "de gauche" : à lui seul, il rassemble autant de points que les candidats socialiste et écologiste réunis. Méfions-nous de ceux qui claironnent leur joie de voir Zemmour courir vers une catastrophe annoncée. Nous n'en sommes pas encore là.

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samedi 27 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 27 novembre 2021

 27/11/2021

La photo parfaite.  Le focus place le majeur de Zemmour, dressé vers le ciel, au cœur de la scène. La main du journaliste, blafarde, tranche avec les tons noirs qui l'environnent. Dans le bokeh, une femme, de dos au premier plan, concentre sur elle le regard de l'homme à la face déformée par un rictus désabusé. Dans le coin inférieur droit, l'on aperçoit sur un montant de porte le reflet de la victime, posant avec un masque railleur quasi-mitterrandien.

Zemmour et son doigt
La photo telle qu'elle a été présentée par FranceInfo (lien).  (C) Nicolas Tucat / AFP.

C'est une catastrophe. Cette photo suivra Zemmour partout et tout le temps. Ce sera son casse-toi pauvre con à lui. L'homme qui plaide pour des débats civilisés est piégé, et bien piégé, par ce geste injurieux immortalisé pour l'éternité.

Le prochain candidat répondait de la sorte à une femme qui venait de l'insulter de la même manière. Ce n'est pas glorieux, ni d'un côté ni de l'autre. L'incident, il faut le dire, concluait une tournée marseillaise bien fade. Zemmour n'a pas réussi à dérouler son programme. Les activistes d'extrême gauche sont parvenus à imposer leur droit, hurlant, invectivant, lançant des œufs sur l'équipe du chroniqueur (des œufs ! on attend les plaintes des végans) et ont même saccagé, semble-t-il, le restaurant où Zemmour avait déjeuné. L'offensive de la dame venait couronner ce monument d'intolérance dont l'intensité fit perdre à Zemmour son équanimité, et peut-être ses ultimes chances.

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vendredi 26 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 26 novembre 2021

 26/11/2021

Un journal que je ne nommerai pas annonce publier un scoop que je ne détaillerai pas au sujet de Zemmour. L'écrivain essaye de faire interdire la publication, et échoue. Il porte plainte. Comme il ne s'agit que de vie privée, cette chronique, vouée aux événements politiques, n'en parlera pas - sauf s'il y a interférence, car l'on ne saurait dès lors dissocier les deux domaines. Pour l'instant, pas d'interférence, nous en resterons là.

La Provence : "À Marseille, Zemmour rencontre surtout l'hostilité." Ce titre est incomplet, car il s'agit de l'hostilité d'activistes d'extrême gauche et d'islamistes, comme à chaque fois qu'il se rend quelque part. Il déclare : "Marseille est une ville symbolique, submergée par l'immigration, en partie islamisée. Son cosmopolitisme est un mythe. L'assimilation ne se fait plus. Marseille est l'anti exemple de la France que je défends. Si rien ne change, la France sera un immense Marseille."

Je n'ai pas vu que ces mots aient fait scandale. L'écho s'est tu, et Zemmour lâche ses petites phrases sans qu'aucun tintamarre médiatique ne s'ensuive. La mèche est mouillée, les pétards font plouf et De Villiers ne se rendra pas au Zénith.

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jeudi 25 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 25 novembre 2021

 25/11/2021

Il a disparu. Zemmour n'apparaît plus dans les gros titres du jour. On consulte Google News et Bing Actualités : rien sur le publiciste. On fait défiler la page, longuement, en scrutant les titres. Son nom finit par s'afficher furtivement, entre deux brèves ordinaires sur un crime odieux ou un article de Femme Actuelle sur les bienfaits des tâches domestiques. Le pas-encore candidat a été évincé de la scène, effacé de la toile de fond et relégué parmi les péripéties encombrantes du temps.

Que s'est-il dit au débat de Genève ? On n'en sait rien. Le zemmourisme s'est évanoui comme les mauvais génies du Mont Chauve aux premières lueurs de l'aube. De l'épouvantail de la rentrée ne restent que des loques picorées par des oiseaux de passage.

L'actualité est ailleurs. Cinquième vague, troisième dose, deuxième "Dalton" placé en garde à vue, les Antilles en situation insurrectionnelle, la mort de migrants, le retour de l'inflation, Paris Saint-Germain, Hulot, Véran, Castex. Même l'offensive renouvelée des "wokes", avec son ridicule achevé, ne suffit plus à imposer l'homme en rempart imprenable. Qui se souvient de ces semaines où tous les chemins menaient à Zemmour ? Ce temps-là n'est plus. Les voies vers le camp retranché Vox Populi sont désormais balisées avec des panneaux où l'on ne lit guère que "Pétain", "Dreyfus", "Barrès" et "Orban".

C'est dire combien la situation est préoccupante pour le camp Z, condamné au dos rond en attendant l'officialisation. Voire ! Elle a tellement traîné que l'on se demande quel sens elle peut encore avoir, au plus bas de la vague.

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mercredi 24 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 24 novembre 2021

24/11/2021

Apprenant que le débat avec Zemmour aurait sans doute lieu au Hilton de Genève, un "collectif d'antifascistes", comme dit le Figaro, appelle à "réagir comme il se doit" en agrémentant ce souhait d'un visuel explicite :

Zemmour au Hilton
Extrait du site renverse.co (DR)

Bon, c'est vrai qu'il n'est pas entièrement certain que la soirée ait lieu dans cet hôtel, précise le communiqué des activistes des "militant.x.es antifascistes genevois.x.es" (je recopie, hein, ne me jugez pas, l'original est ici), et si d'aventure le futur candidat devait apparaître à un autre endroit, j'ouvre les guillemets, "nous attendons de la direction de l’hôtel Hilton qu’elle publie un démenti et l’assurance que l’événement n’aura pas lieu dans son établissement d’ici à mardi soir faute de quoi nous considérerons que la chaîne Hilton se place du côté de la banalisation des idées fascistes", je ferme les guillemets. Ce texte poursuit en appelant le cas échéant les "camarades" par-delà les frontières, à "se venger du rôle que l'hôtel aura joué dans le financement de la campagne de cet immonde personnage."

L'autre actualité zemmourienne est financière. Charles Gave se retire de la "campagne", ou ce qui en tient lieu, après avoir accordé un prêt de 300.000 euros en septembre. Les explications diffèrent selon les sources. Le multimillionnaire ne se reconnaîtrait plus dans le projet international du futur candidat, disent les uns. Pour d'autres, il ne désire pas s'engager au-delà du "coup de pouce" initial. Quelques voix suggèrent des désaccords profonds dont je ne sais pas la raison. Personne ne paraît lier ce retrait au marasme qui tient depuis quelque temps Zemmour et ses suiveurs sous l'éteignoir.

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mardi 23 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 23 novembre 2021

 23/11/2021

Le 16 décembre, Cyril Hanouna recevra Éric Zemmour pour étrenner sa nouvelle émission. Un programme littéraire ? On peine à le croire. Politique, alors ? Il m'arrive de voir par hasard des extraits de programmes animés par Hanouna, et cet échantillon suffit à me faire dresser les cheveux sur la tête, tant les engueulades volent bas et le parler relâché s'y exhibe sans vergogne (relâché, relâché... même pas sûr que ce soit le bon terme... tout le monde, ou peu s'en faut, emploie un langage argotique où se glissent sans aucune nécessité des termes étrangers, ou inspirés par l'étranger ; une langue souvent grossière, agressive, et certainement pas vouée à l'édification de l'honnête homme). Qu'est-ce qu'Éric Naulleau va faire dans cette galère ? Et son ex-compère Zemmour, donc ? Réagira-t-il à la présence de femmes voilées dans le public, chose classique, sauf erreur de ma part, dans les émissions ce cet animateur ?

Tiens, en parlant de langue, un tour chez nos voisins suisses, efficaces autant que placides comme l'on sait, et salutairement rétifs aux éclats qui abîment trop souvent notre nation exacerbée, nous permet de prendre connaissance de quelques slogans tracés pour accueillir Zemmour, demain : "Zemmour mange tes morts", "Crève Zemmour de merde", voilà ce que l'on peut lire sur des murs à Genève, explique l'Express. On aurait tant aimé que ce pays reste dans la mémoire collective la vieille démocratie qui a inventé le coucou, plutôt que devenir celle qui singe les pires pratiques de notre France bien fanée.

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lundi 22 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 22 novembre 2021

 22/11/2021

Le service politique de BFMTV, après un minutieux pesage des probabilités, des théories en présence et des différentes logiques à l'œuvre dans le grand tout de la société des gens qui savent, annonce sans trembler la nouvelle tant attendue : "Éric Zemmour envisage de déclarer sa candidature en début de semaine prochaine."

Bon, d'accord, on a déjà prévu cette officialisation dix fois, cinquante fois, que sais-je, mais là, c'est du lourd. Ou pas. Enfin, à force d'annoncer la chose, elle finira bien par arriver. Il est vrai que Zemmour n'a pas fait mystère de ses projets ce matin sur France Info : à la question de savoir ce qui le ferait changer d'avis, il répond "Que je traverse la rue et que je sois renversé... Vous savez, il peut encore tout arriver, on ne sait jamais" (certes, on ne sait jamais. Jean-Christophe Lagarde a-t-il le permis de conduire ?)

Trêve de plaisanteries, l'émission sur la radio publique a suscité quelques réactions, un peu tiédasses et pas toujours bienveillantes, mais je retiens surtout qu'il s'agit du grand retour de Zemmour sur une antenne nationale, plutôt réussi selon moi, et qui peut préluder à un frémissement qui redonnera du lustre à une épopée dont les enluminures se sont ternies au fil du temps.

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dimanche 21 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 21 novembre 2021

21/11/2021

Nouveau coup de sang aujourd'hui autour de Zemmour. Cette fois-ci, le futur ex-candidat n'est pas à l'origine du fait, mais sa victime, tout sauf résignée.

Jean-Christophe Lagarde sur France Info : « Se foutre du monde au point de dire "je suis un RPR"… Mais monsieur Zemmour, si monsieur Pasqua était là, il te filerait une balle dans la tête. »

Cette élégante déclaration déclencha comme il se doit la levée de boucliers qu'on imagine, si bien que M. Lagarde présenta ses regrets et reformula sa pensée par écrit, à la façon d'un exercice de style de Raymond Queneau : « Je voulais dire qu’à l’époque une telle imposture de sa part aurait eu une réplique des plus cinglantes. »

Zemmour, lui, se tint coi, puis fit publier une réponse qui cogne (lien Twitter) :

Lettre à Jean-Christophe Lagarde, par Éric Zemmour
Lettre à Jean-Christophe Lagarde, par Éric Zemmour

Voilà qui est dit et replace en quelque sorte Zemmour dans la position qui lui est la plus favorable : celle de l'homme qui encaisse, se redresse et tape dur, laissant l'adversaire en ruines. Sa réaction est légitimée par la violence de la phrase d'origine - Pasqua qui lui « filerait une balle dans la tête », déclaration qui tient autant de la vieille tradition d'extrême droite que du langage racaille.

Ce n'est certainement pas un hasard si Zemmour cite Yassine Belattar, animateur et, dit-on, humoriste, au cœur depuis hier d'une vive controverse au sujet d'une altercation, je crois, avec un journaliste, ou quelqu'un faisant fonction de journaliste pour la chaîne Livre Noir. Éric Naulleau a commenté avec ironie cet incident, rappelant au passage les menaces dont il aurait fait l'objet :

Éric Naulleau au sujet de la dernière "affaire Belattar"
Éric Naulleau au sujet de la dernière "affaire Belattar"

Décapitation, menaces de mort, balle dans la tête. Voici l'état des débats aujourd'hui en France. Dansez, chantez, villageois, la nuit tombe ; le vent qui vient à travers la campagne nous rendra fous.

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samedi 20 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 20 novembre 2021

 20/11/2021

Chaîne YouTube : 268k abonnés. Ça piétine. Sondages : toujours derrière Marine Le Pen au premier tour. Meeting à Londres : pas de réactions notables dans la presse, si ce n'est pour se moquer de la vétusté de l'hôtel déniché en catastrophe. Karcher : Zemmour promet de le passer, s'il est élu, contrairement à suivez-mon-regard. Pas sûr que cela suffise à sortir le char de l'ornière où il a versé.

La presse unanime, ou peu s'en faut, s'est mise à citer ses compagnons d'extrême-droite-néonazis-ultra-radicaux-manifiens-pour-tous et ses manières de bad boy quand il se pointait sur le plateau d'On n'est pas couché. Jonathan Lambert : "Zemmour arrivait en studio, il était souvent en survêtement, avec les cheveux détachés, un peu cradingues, il venait avec une bande de potes. Je vous assure, c'est fascinant ! Il arrivait parfois avec une casquette. Avec ses copains et ses copines, ça roulait parfois un petit bédo dans la loge et lorsqu'on lui disait : 'Antenne dans cinq minutes', il se rhabillait, il se recoiffait et c'était bon."

Sapristi ! Zemmour avec une casquette, comment ne pas penser à Hilarion Lefuneste ? Pour le reste, c'est à se demander si l'on parle ici de Zemmour ou de Gainsbourg, auteur, il est vrai, d'un Exercice en forme de Z.

Gainsbourg : Exercice en forme de Z (chanté par Jane Birkin)

Tandis que la Suisse s'échauffe, des périodiques s'interrogent sur une possible "fortune cachée" du journaliste. Aucune raison de se réjouir du côté de ses soutiens. Quelle stratégie pour relancer la Z-machine ? Un tweet officiel attire toutes les attentions : "La Croisée des chemins s’achève. Le 5 décembre, la suite de l’histoire commence au Zénith de Paris. Venez l’écrire avec moi !"

La Croisée des chemins s’achève. Le 5 décembre, la suite de l’histoire commence au Zénith de Paris. Venez l’écrire avec moi !
Z comme Zénith : la suite commence le 5 décembre

Ah ah, cette suite de l'histoire qui commencerait le 5 décembre, ne serait-ce pas enfin l'annonce de cette candidature tant attendue par le monde politique ? J'en connais qui l'espèrent vivement : tous les commentateurs, éditorialistes, plumitifs et auteurs de chroniques que personne ne lit qui en ont assez de recourir à des artifices lourdingues pour désigner le possible-candidat-sans-l-être.

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vendredi 19 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 19 novembre 2021

 19/11/2021

Zemmour et la Suisse, je n'y comprends rien. Ira, ira pas ? Le publiciste devait se rendre à Genève. Les Helvètes se rebiffent. Pas tous, mais une part influente d'entre eux, refusant d'accueillir dans la confédération une personne condamnée pour « provocation à la discrimination raciale » et « incitation à la haine religieuse », non seulement « par les tribunaux français », mais aussi « par l’opinion publique européenne ». Ces mots sont tirés d'une pétition en ligne apparemment rédigée à la va-vite et sans souci majeur du respect de la langue. Surprenante référence au passage à une « opinion publique européenne » dont je n'avais pas idée. Comment pouvoir se prononcer au nom d'une telle opinion ? Que professe cette opinion au sujet des migrants ? De l'islam ? Des éoliennes ? On serait curieux de le savoir, puisqu'il semble désormais possible de fonder pour partie une pétition sur un avis présenté comme étant majoritaire en Europe. Il va de soi que l'on ne saurait invoquer cette opinion sans l'avoir au préalable interprétée, exploit visiblement accompli par les promoteurs du texte.

En attendant, Londres. Zemmour avait réservé une salle. Réservation annulée. Le maire Sadiq Khan : « Je veux être clair. La force de notre ville est sa diversité. Alors ceux qui souhaitent diviser nos communautés et inciter à la haine contre des gens à cause de leur couleur de peau ou de leur religion ne sont pas les bienvenus dans notre ville. »

Zemmour trouve une autre salle, embarque sur l'Eurostar, ironise à son arrivée sur l'absence pour l'accueillir de M. Khan, « qu'Anne Hidalgo admire, là, j'ai tout compris. »

Pour ce genre d'uppercuts, il est bon. C'est même ce qui fait sa valeur médiatique. Depuis qu'il se rend çà et là pour promouvoir ses idées, il a renoncé aux affrontements. L'émérite boxeur descendu du ring n'est plus qu'un être fragile aux gestes gauches, premier de la classe vite insupportable quand il persiste dans ses élucubrations et décalé quand il déclame des propos polémiques. Sans adversaire direct, l'homme perd sa force, comme Antée soulevé du sol. Le dernier sondage en date le donne à 12%, derrière Marine Le Pen.

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jeudi 18 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 18 novembre 2021

 18/11/2021

L'accroche "Les inquiétants amis d'Eric Zemmour" orne la première page du Canard Enchaîné du 17 novembre. Page 3, le titre devient "Les charmantes fréquentations d'Eric Zemmour". Le journal dresse la liste de ces "amis", ou "fréquentations".

D'abord, un groupuscule portant le nom de "Famille gallicane", dont l'un des passe-temps est de tirer à l'arme à feu sur ces caricatures de Noirs, de Juifs et de musulmans. "Ces dernières semaines, la Famille gallicane s'est prise de passion pour Zemmour, dont elle colle les affiches", précise l'hebdomadaire. Le président de Génération Z a été interrogé : dès qu'il a eu connaissance de ces agissements sordides, les drôles ont été exclus, a-t-il affirmé. On ne voit pas trop en quoi ces individus (le Canard parle de nazillons) seraient des "amis" ou des "fréquentations" du futur candidat, que je n'ai jamais entendu préconiser la force brutale à l'encore de personnes en vertu de leur "race". Il explique même l'exact opposé dans son éloge de la méritocratie républicaine et, dans l'état actuel de mes connaissances, les réunions qu'il organise ne sont pas interdites à des personnes à cause de leur couleur de peau, chose comme on le sait possible dans des cercles qui entendent combattre la pensée de Zemmour.

Ensuite, deux "transfuges" du RN, Vincent Usher et Hugo Gagnieu, participent à la levée de fond pour le "polémiste". Comme le journal ne dit rien sur les opinions défendues par ces deux personnes, le matériel nous manque pour jauger "l'inquiétude" que doit provoquer leur présence dans l'état-major zemmourien.

L'article parle ensuite de Tristan Mordrelle tout en citant brièvement les termes de Libération. Décidément ! Un journaliste conscient de sa mission aurait sué sang et eau pour nous instruire sur les affinités nationales-socialistes, ou eugéniques, ou exterminatrices, ou négationnistes, ou lebensraum-compatibles, de ce personnage. Mais ici, rien. On reprend les mots de Libé. Voilà. Au lecteur de se débrouiller avec ça.

Dernier nom, Samuel Lafont. Son crime ? "Ex de La Manif pour tous et de la campagne de Fillon". Plus on avance dans le texte, et plus les "sympathies néonazies" que Radio Classique soulignait dans l'encart du Canard Enchaîné s'évaporent. Je crois pouvoir affirmer que tous les tenants de la manif pour tous, pas davantage que les anciens soutiens de Fillon, ne sont des adorateurs éperdus du IIIe Reich.

Comme je le redoutais, les révélations n'en sont pas vraiment - il faudra bien sûr surveiller les accointances entre les supports officiels de Zemmour avec les peu recommandables membres du groupuscule armé pour que nous sachions s'il y a quelque anguille sous roche. Les enquêteurs seraient également bien inspirés de nous instruire sur les opinions "extrémistes" des autres personnes citées. Faut-il le préciser ? Venir du RN, ou de l'entourage de Fillon, ou de La Manif pour tous, ou être fils de collabo, ne permettent pas d'établir des sympathies néonazies.

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mercredi 17 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 17 novembre 2021

 17/11/2021

Décidément, le vent tourne. Jean-Marie Le Pen préfère finalement sa fille à Zemmour, jugé trop tendre pour encaisser les coups, "pas à la hauteur de l'événement". Et puis, "des déclarations courageuses lui ont valu cette étonnante ascension, mais il a brûlé ses cartes sans s’en rendre compte." Le retrait de ce soutien n'apportera sans doute aucune voix supplémentaire au probable candidat, engoncé dans une gangue de soufre, et reflète la désaffection ambiante.

J'apprends qu'Atlantico consacre à son tour un article à Tristan Mordrelle, le conseiller "ultra radical" dépeint par Libération. Hélas, Atlantico ne fait que reprendre les termes de Libé sans rien ajouter. Pas sérieux. Le Canard Enchaîné dresse quant à lui "l’inventaire des sympathies néonazies de certains soutiens d’Eric Zemmour", selon Radio Classique. Nous aurions donc des individus nostalgiques de la solution finale, de l'espace vital à conquérir pour le bien du peuple et de la hiérarchie des races dans l'entourage de Z ? Comme je n'ai pas lu l'article je ne saurais en dire davantage. Je doute un peu, pour être honnête, n'ayant qu'une confiance très limitée dans les capacités d'analyse du Canard et me doutant vaguement que "néonazi" est employé ici à la légère, mais je jugerai sur pièce, quand j'aurai l'article sous les yeux.

Quand ça ne veut pas... Le baromètre Harris Interactive revoit lui aussi Zemmour à la baisse, mais toujours devant Marine Le Pen. Macron vainqueur de quelque côté qu'on tripote les hypothèses. Le procès, encore un, pour des propos que Z a tenus à l'encontre de "mineurs isolés", a tourné à la foire d'empoigne, les défenseurs questionnant la recevabilité de certaines parties civiles. Il faut dire qu'elles sont plusieurs dizaines (!) ce qui en dit long sur la volonté d'éradiquer la parole libre de Zemmour, diront les zemmouriens, ou sur la santé démocratique et attachée à la fraternité de notre société attaquée par la bête immonde, diront les plaignants.

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mardi 16 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 16 novembre 2021

 16/11/2021

Un chemin de saucisson en forme de Z accueille le presque-candidat au salon Made In France, durant lequel Zemmour revêt une marinière qui lui tombe comme une grenouillère. On le voit parti pour Genève, où il n'est pas le bienvenu, avant d'apprendre qu'il s'envolera pour Londres. Je ne sais pas pour vous, mais Zemmour et Londres, ça sonne à mes oreilles comme l'impossible union entre l'huile et le vinaigre, pour reprendre une métaphore ô combien abîmée.

Trafalgar Square, Londres
Trafalgar Square, Londres (DR)

Pour Libération, "Eric Zemmour s’offre les services d’un entrepreneur ultra radical pour sa campagne présidentielle." Radical tout court n'était pas suffisant, trop mou, trop enclin à faire penser à une vétille. Nous avons bien affaire à un ultra radical, comme si ce mot ne désignait pas déjà une forme d'absolu, d'indépassable, de blanc que nulle lessive Omo ne saurait rendre plus blanc. On mettra l'expression sur le compte d'un stagiaire, ou d'un rédacteur soucieux de ne pas laisser planer le moindre doute sur ses intentions vaillamment opposées à la résurgence des thèses hitlériennes. L'article nous apprend qu'il s'agit d'un, je cite, sympathisant de la Nouvelle droite, fils de collabo et proche de sphères néonazies, fin de citation. On ne voit pas trop ce que vient faire "fils de collabo" dans cette énumération - à moins que les enfants soient, pour Libé, responsables des choix de leurs parents - et pour le reste on attendra d'autres études pour savoir s'il s'agit ici d'un n-ième procès en diabolisation échafaudé sur des calembredaines, ou bien si réellement Zemmour mange avec le diable.

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lundi 15 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 15 novembre 2021

 15/11/2021

On assiste, depuis une petite semaine, à une sorte de normalisation du fait zemmourien. Oh, l'homme est toujours là, ses meetings rassemblent une foule tout acquise et, semble-t-il, de plus en plus bruyante, les manifestations de sympathie quant à elles ne s'épuisent pas et les scandales viennent toujours égrener les faits et gestes du "polémiste d'extrême droite", comme disent les journaux.

Mais voilà, ce n'est plus la même chose qu'il y a un mois. Son envolée dans les sondages a cessé net et a même subi un petit recul. La progression de sa chaîne Youtube, 265k abonnés, accuse le pas - il n'y a pas si longtemps, on se disait qu'elle enfoncerait celle de Jean-Luc Mélenchon, mais cette perspective paraît au contraire s'éloigner, l'audience du chef de la France Insoumise sur la plateforme de vidéos atteignant les 600k abonnés.

Marine Le Pen a beau jeu de se poser en candidate respectable et pleine de sagesse, loin des provocations de l'affreux Jojo qu'est devenu Zemmour. Ses phrases, vraies ou trafiquées, sur Pétain, Dreyfus ou les enfants assassinés à Toulouse plombent comme jamais auparavant son image - et il y a fort à parier que ce n'est que le début d'une opposition plus systématique qui jouera pour l'essentiel sur ce ressort. Il devra coltiner ces mots redoutables comme le capitaine Haddock son sparadrap dans l'Affaire Tournesol.

Nouvelle vague à l'horizon ? Ou bien Zemmour à bout de souffle ?
Nouvelle vague à l'horizon ? Ou bien Zemmour à bout de souffle ? (DR)

La magie s'est éteinte. L'effort et la surprise furent si grands, depuis la rentrée, que ses outrances font maintenant partie du décor. Les jours à venir nous diront si Zemmour sera capable d'un nouveau souffle, ou bien si cette période incertaine marque, comme le suggérait un journal, le début de la fin.

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dimanche 14 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 14 novembre 2021

 14/11/2021

Zemmour à Bordeaux. Nouvelles attaques contre les lourdeurs bureaucratiques et les impôts. Je serais le premier à applaudir si le discours était adossé à une vision libérale de la société, perspective qui me semble des plus éloignées, concernant Zemmour. Salle chauffée à blanc, qui ne se surprend même pas d'entendre l'homme citer Gustav Mahler. Logique, après tout, que ce compagnon errant dont le chant plaintif célèbre la terre et ses enfants morts exalte une résurrection.



Scandale (encore un !) autour d'une accusation portée à François Hollande, à la fois à Bordeaux et devant le Bataclan, le 13 novembre. Je cite LCI :

« Eric Zemmour a expliqué, samedi soir, que l'ancien chef de l'État "savait que des terroristes seraient infiltrés parmi les migrants" et qu'il "n’a pas arrêté le flot des migrants". "J'ai simplement dit ce qui est arrivé", a-t-il insisté. "Donc François Hollande ne l’ignorait pas, il n’a pas protégé les Français. Il a pris une décision absolument criminelle de laisser les frontières ouvertes", a ajouté le polémiste, évoquant une "guerre de civilisation" sur le sol français. »

LCI, toujours, rapporte la réponse de l'ancien président :

« "Les propos des extrêmes droites, et notamment les déclarations d'Eric Zemmour, sont à la fois infondées, indécentes et indignes", a répondu François Hollande dimanche matin sur Radio J. "Tous ceux qui sont dans le dévoiement, la dérive, l'hystérisation, la manipulation [...] doivent être mis de côté dans le pacte républicain."

"Les terroristes du 13 novembre sont venus de Belgique, ils sont Belges ou Français", a-t-il souligné, rappelant par ailleurs les mesures prises à l'époque pour "contrôler les arrivées extérieures" à l'Union européenne. "C'est indécent d'être devant le Bataclan, de parler de guerre de civilisation devant le bâtiment lui-même" en reprenant "le langage même des terroristes". Et c'est "indigne parce que ça laisse penser que ceux qui ont dirigé la France sont des criminels", a ajouté François Hollande. »

Réaction de Manuel Valls : « C’est faux, c’est ignoble, c’est inacceptable. Il ne s’agit pas seulement de s’indigner face à de tels propos mais de répliquer point par point aux mensonges distillés par ce personnage dont le seul but est de semer le doute et la haine. »

Raquel Garrido s'indigne que de tels propos « empêchent la réconciliation avec les terroristes. » Eric Naulleau lui répond : « Abjection, votre honneur... »

Chants de la nuit.

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samedi 13 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 13 novembre 2021

 13/11/2021

BFM s'interroge sur le ZemmourCoin. Non, ce n'est pas la nouvelle appellation de Canard WC, mais une "cryptomonnaie des conservateurs", nous dit-on, lancée en pleine vague zemmourienne et voulant profiter de l'engouement autour du futur candidat.

Je trouve un site au nom curieux et un brin inquiétant de zcoin.army qui annonce fièrement : "Détenez du $zCOIN et gagnez un revenu passif en $BNB toutes les 60 minutes." Je veux bien être pendu si j'y comprends quoi que ce soit. Une phrase supplémentaire accentue ma perplexité : "C'est le moment de rendre la pareille aux Patriotes". En quoi ? Comment ? Souscrire à une monnaie virtuelle, l'une de ces multiples tentatives qui foisonnent depuis le succès du Bitcoin, serait ici un geste patriotique ? Et de quelle "pareille" s'agit-il ?

J'avoue ne pas avoir lu les explications fournies dans cette page, qui répondraient sans aucun doute à mes interrogations de novice. Les illustrations sont, disons, spéciales, et font croire à une bizarre parodie, sans que l'on sache très bien ce qui serait alors parodié. On y voit par exemple Z épauler un fusil (souvenir de la visite au Milipol) et mettre en joue la Lune. Pourquoi la Lune ? Qu'a donc commis notre satellite naturel pour se voir ainsi menacé ? S'il y a une référence elle m'échappe complètement. Un compteur actionné par un Chapelier fou donne le temps restant avant le prochain versement de cet énigmatique "revenu passif en $BNB".

Illustration tirée du site zcoin.army
Illustration tirée du site zcoin.army, comprenne qui pourra


Encore deux semaines d'attente : Le Parisien a des informations selon lesquelles Zemmour déclarera sa candidature officielle "à une date comprise entre le 25 et le 30 novembre."

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vendredi 12 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 12 novembre 2021

12/11/2021

Il s'voyait déjà en haut de l'affiche. En dix fois plus gros que n'importe qui son nom s'étalait.

Ça, pour s'étaler ! Deux sondages revoient à la baisse le phénomène Zemmour, doublé par Marine Le Pen qui se qualifierait pour le second tour. Macron accentue sa domination et demeure vainqueur dans tous les cas de figure. "Pour la première fois depuis la rentrée, les intentions de vote en faveur d'Eric Zemmour diminuent", note Jean-Marc Morandini. "Eric Zemmour s'essouffle-t-il ?" s'interroge Closer, qui distingue un "premier coup dur pour le polémiste". BFMTV entrevoit peut-être ici "le début de la fin".

Aznavour : Je m'voyais déjà...
Aznavour : Je m'voyais déjà... (DR)

Douce jubilation des partisans du RN sur l'air d'on vous l'avait bien dit, consternation des zemmouristes incapables de concevoir un Macron toujours aussi haut, et même plus haut qu'il ne l'a jamais été.

Zemmour réagit avec une pointe de mauvaise foi : ces deux instituts de sondage (Elabe et Odoxa), "je ne connaissais même pas." Et s'il ne les connaissait pas, c'est parce qu'il ne pratique que les plus grands, à l'instar des sportifs : "C’est comme en foot, il y a de grands joueurs et de petits joueurs..."

L'éminent décrypteur d'un destin résolument caché au common man devrait se souvenir d'avoir fanfaronné fort imprudemment sur le sort du candidat Jospin, en 1995, et sur le résultat d'une rencontre entre le Brésil et l'Allemagne, deux décennies plus tard. Mais, voyez-vous, d'autres ont réussi avec peu de voix et beaucoup d'argent, moi j'étais trop pur ou trop en avance, mais un jour viendra je leur montrerai que j'ai du talent.

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