vendredi 10 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 10 septembre 2021

10/09/2021

Vendredi. Pas de Face à l'info aujourd'hui. La décision du CSA fait grand bruit - enfin, surtout parmi les "identitaires", "patriotes" et autres soutiens traditionnels de Zemmour. Ailleurs, je n'ai pas vu grand-chose, sinon des décomptes de la présence télévisuelle de Z, afin de démontrer que son temps de parole excède de beaucoup celui dont bénéficierait un candidat lambda. Cela est certain. Mais Z n'est pas candidat à ce jour. Le CSA estime que la "zone grise" dans laquelle se complaît le possible candidat et orateur vedette justifie sa décision. Zemmour, lui, dit qu'il ne se taira pas, et semble soutenu par Cnews.

Une décision politique ? Sans doute. Mais elle ferait alors reconsidérer le consensus jusque-là établi, qui voulait que l'Élysée favorise Zemmour pour mieux diviser la droite. Quel serait l'intérêt de l'affaiblir ? Y a-t-il la moindre chance pour que ce candidat, sans parti ni appareil, se retrouve au second tour ? La sentence du CSA, par contre-coup, est une aubaine pour le Rassemblement National. Le calcul serait dès lors de tout faire pour avoir Marine Le Pen en finale, étant donné que jamais elle ne trouvera assez de votes pour être élue. Un débat Macron-Zemmour, ce serait une autre affaire. Macron connaît mieux les dossiers, l'économie, et on imagine mal Zemmour le bousculer sur ces sujets. En revanche, les discussions sur les thèmes sociétaux, environnementaux et civilisationnels peuvent faire le plus grand mal au président sortant, surtout face à un cogneur comme peut l'être Zemmour. Est-ce cette perspective qui explique la surprenante prise de position du CSA ?

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jeudi 9 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 9 septembre 2021

09/09/2021

J'ai entendu, par bribes, car je suis au travail, l'hommage à Belmondo. Curieusement, le passage musical de la Marseillaise que j'évoquais ici il y a quelques jours, non au sujet de l'acteur, mais de la campagne de Zemmour, a retenti (Liberté ! Liberté ché-éri-e), sans que je ne m'explique son rapport avec le disparu. Et puis, hélas, hélas, la musique d'Ennio Morricone pour je ne sais plus quel film (le Professionnel ?), absolument logique, bien entendu, et résolument révoltante, entre les mains expertes de la Garde Républicaine, me crève le cœur, comme le fait, toutes les fois que j'y songe, la déchéance du vieux professeur "Unrath" dans l'Ange bleu - métaphore lucide d'une civilisation qui s’effondre en oubliant son héritage.

Face à l'info. Z est bon au sujet du procès de Salah Abdeslam : son analyse est brillante, originale, convaincante - même si on imagine que les réactions défavorables seront nombreuses. C'est avec ce genre d'interventions qu'il se rend précieux, car unique, ou presque, dans une offre médiatique très majoritairement portée sur l'édulcoration ou l'omission des faits, quand elle n'avance pas d'analyses baroques pour "sauver la ligne" et perpétuer "la grande parade" qu'avait si bien décrite Revel. C'est là le plus grand point fort de Zemmour, qui présente en même temps une kyrielle de faiblesses criantes. Ce tableau ne fait pas de moi un de ses possibles "électeurs naturels", tant sont grandes les réserves qu'il suscite.

Après un commentaire sur les ONG et le futur de Benoît Hamon, il en vient à la décision du CSA, qui a décidé de décompter son temps de parole à partir d'aujourd'hui. "Les politiques sont tellement lâches qu'ils se cachent derrière un organisme soi-disant indépendant", assène-t-il, et ajoute un "j'accuse" où il cite nommément Emmanuel Macron. Gonflé. La guerre est-elle déclarée ?

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mercredi 8 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 8 septembre 2021

08/09/2021

19h, Face à l'info. Je viens de lire que le CSA demandait aux télévisions de décompter le temps de parole de Zemmour (pas encore candidat déclaré), étant donné le poids que sa parole possède sur le "débat politique national". Étrange, car en ce cas j'aurais en tête beaucoup d'autres commentateurs que Z, et depuis fort longtemps. Je scrute la face du chroniqueur : nulle contrariété n'y apparaît. Peut-être l'émission, en léger différé, a-t-elle été tournée avant l'annonce. Est-il possible que Z soit capable d'ignorer superbement cette nouvelle embûche ? À moins que la nouvelle de sa relaxe, dans une n-ième affaire de poursuite par des associations dites antiracistes, ne l'ait placé sur un petit nuage, bien au-dessus de l'adversité.

Z en grande forme, aujourd'hui encore, en commentant les résultats d'un sondage qui apporte de l'eau à son moulin : déclinisme, amour du passé, attente d'une autorité, défiance envers le multiculturalisme, les chiffres, à l'en croire, plaident en sa faveur, mieux, plébiscitent son école de pensée. Son regard s'allume quand, triomphant, il souligne plusieurs fois combien les taux s'exacerbent chez les sympathisants LR. Tiens tiens, s'apprêterait-il à plumer la volaille républicaine ?

Comme hier, Z achève sur les chapeaux de roues au sujet de la culture du bâillon (cancel culture). Il est habile. Quand Christine Kelly l'entraîne sur le contenu des livres détruits, avec leurs stéréotypes vécus par certains Canadiens comme autant d'insultes, il n'entre pas dans le fond, mais affirme haut et fort le droit, le devoir même, d'être choqué. Mine de rien, c'est la définition même d'une société démocratique, dans laquelle tout citoyen doit accepter l'éventualité d'être choqué, chose certes déplaisante, mais moins qu'un régime qui prétendrait supprimer toute survenance d'un incident de cet ordre - autrement dit, un régime totalitaire.

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mardi 7 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 7 septembre 2021

07/09/202

Face à l'info. On parle du Brésil. D'emblée, Z se trompe sur le printemps des démocraties en Amérique Latine. Il ne suit pas la chute du mur de Berlin mais la précède, d'une dizaine d'années, et trouve son origine dans la démocratisation de l'Espagne et du Portugal, faisant tomber un à un les dictateurs au fil des années 80 et au début de la décennie suivante - sauf évidemment Castro et sa clique. Mais c'est un détail. Zemmour, en grande forme, enfourche son cheval de bataille pour aller guerroyer contre le "gouvernement des juges".

Je comprends que le pouvoir des juges, qui ne sont pas élus et profitent de leur fonction pour endosser un rôle d'idéologues, a quelque chose de très déplaisant. D'un autre côté, la démocratie "du peuple, par le peuple, pour le peuple", est une perspective tout aussi terrifiante : une démocratie intégrale, sans garde-fou, peut verser sans faillir dans le totalitarisme, comme l'a montré l'Allemagne des années 1930. Oui, le plus barbare des États peut être une dictature démocratique, sans oxymore, puisqu'il se contenterait de mettre en œuvre le souhait du plus grand nombre, fût-il porteur de carnages sans nombre. Au passage, il est piquant de paraphraser le mot de Lincoln, cet immense constitutionnaliste, pour défendre une démocratie hors limites.

Le problème est à mon sens un peu différent : dans une démocratie libérale, les contre-pouvoirs institutionnels ne devraient pouvoir s'exercer qu'en rapport avec les droits de l'homme et du citoyen. Ces droits, tous ces droits, mais seulement ces droits. Je parle ici des textes fondateurs, et non des versions dévoyées de l'après-guerre, qui portent la marque des Soviétiques, et encore moins de la définition actuelle qui en font un fourre-tout cauchemardesque. À titre d'exemple, on finirait par oublier que piquer un logement inoccupé n'est pas un droit de l'homme. Trucider son voisin parce qu'il aime Zemmour non plus, au passage.

Je pense que Z est en droit de s'inquiéter du pouvoir des juges. Je ne le suis pas du tout cependant quand il défend une démocratie illibérale.

Décidément en grande forme, fulminant, gesticulant, le verbe empressé, Z a fini l'émission sur les chapeaux de roue, s'employant à démonter un par un les arguments de Sandrine Rousseau et de ses semblables - il manquait simplement un contradicteur, ou une antagoniste, pour que le combat fût complet et réellement convainquant.

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lundi 6 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 6 septembre 2021

06/09/2021

L'Homme de Rio ne répond plus. Si je m'écoutais, là, tout de go, et sans égard pour le devoir de réserve qui suit un deuil, je donnerais tout Belmondo pour dix minutes de Delon dans Plein Soleil. Oh, Bébel a fait de bons films, sans aucun doute, à côté d'une belle brochette de navets. Son malheur, et le nôtre, est peut-être d'avoir accepté le rôle de Stavisky, d'essuyer un échec retentissant et de se cantonner par la suite à des rôles d'amuseur public, non sans talent, mais avec beaucoup, beaucoup trop de déchet.

Z note que l'époque de Belmondo, Delon, Bardot, Johnny, aurait regardé avec un drôle d'air la fluidité des genres, et d'autres théories semblables de notre temps. Bien. Sauf que rien n'était nouveau sous le soleil. Charles Boyer incarnait lui aussi, et combien, un magnifique mâle français (je ne me souviens pas qu'on ait mobilisé de la sorte tous les médias pour la mort de Charles Boyer, mais j'étais alors trop jeune, et n'avais de toute façon jamais entendu parler de Charles Boyer). Pour le dire autrement, je regrette que l'on sublime un peu trop, me semble-t-il, l'esprit français et le génie de Belmondo, traits qui étaient présents dans la grande tradition de nos acteurs, dont le talent m'apparaît, bien souvent, supérieur à celui du cher disparu, sans que l'on ne s'avise trop de le célébrer.

dimanche 5 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 5 septembre 2021

05/09/2021

À peine ai-je posé quelques réflexions sur une illustration musicale pour la campagne de Zemmour que je m'avise que celle-ci a déjà commencé, vraisemblablement, par l'intermédiaire d'une tournée de promotion pour son livre à paraître le 16 septembre, "La France n'a pas dit son dernier mot". Le site croiseedeschemins-ez.fr permet aux amateurs de s'inscrire pour des rencontres à travers la France. Une courte vidéo de promotion (https://youtu.be/J1NrHSM-TAQ) a même été tournée à cette occasion. Horreur ! Le fond sonore semble sortir d'une bande originale minimaliste pour série Netflix. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi, ça veut dire beaucoup. Notre héritage est-il donc jugé si pauvre par Z et ses camarades pour qu'ils croient bon de nous verser dans les oreilles une telle mélasse, qui est à l'histoire de notre musique l'équivalent d'une ferme d'éoliennes pour un paysage de nos provinces ? Cette curieuse cécité auditive n'est décidément pas raccord avec la défense de notre patrimoine et ne laisse d'inquiéter. Au même titre, d'ailleurs, que la phrase "je raconte [...] nos conversations avec des politiques [...]", drôlement tournée, et où l'on peut regretter que l'emploi de "politiques" remplace "hommes politiques". Une concession à une anglicisation de la langue que l'on n'imaginait pas trouver chez un bonapartiste. Napoléon, reviens, ils sont tous devenus fous !

samedi 4 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 4 septembre 2021

04/09/2021

L'un des traits le plus surprenants, chez cet amoureux de la France millénaire, est l'absence de toute sensibilité musicale en rapport avec notre pays - je veux dire, qui soit à la hauteur de son érudition littéraire. Je ne crois pas l'avoir jamais entendu dire la moindre chose sur Méhul, Lalo, Debussy ou Boulez ; s'il évoque Lully, c'est en rapport avec Molière et Louis XIV, et quand il parle de musique, c'est pour lâcher des considérations sur nos chansonniers (souvent talentueux, il est vrai) et des groupes de rock anglo-saxons. Un défenseur de notre pays vanterait, me semble-t-il, un peu moins les Rolling Stones et un peu plus César Franck, pour la même raison qu'il placerait Guy de Maupassant au-dessus de Sophie Kinsella.

Je me sens l'âme d'un philanthrope, aujourd'hui. Le bruit court que la candidature de Z pourrait être officialisée à mi-octobre (Iéna !) ou mi-novembre (pont d'Arcole !). Cela signifie réunions officielles, grands discours, tournées, avec toute l'organisation que cela réclame. Allons droit au but : quelle musique pour accompagner l'entrée du nouveau candidat ? De la variétoche anglo-saxonne ? On n'y croit pas. Du gnagnan façon Abba ? Pitié. Je me crois fondé à exclure, en l'état du dossier, un éventuel emprunt à un opus de Youssoupha.

Cessons là, le choix s'impose de lui-même :

Amour sacré de la Patrie
Conduis, soutiens nos bras vengeurs !
Liberté ! Liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs ! (Bis)
Sous nos drapeaux que la Victoire
Accoure à tes mâles accents !
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire !

Oui, c'est la Marseillaise, pas le passage que tout le monde connaît, mais l'un des plus beaux, dans la version d'Hector Berlioz. Le refrain commence a cappella, à la façon d'un hymne d'église, pour s'achever par une irrésistible envolée des cordes et une péroraison triomphale quand retentit le refrain. Quoi de plus français en vérité ? Et quoi de plus touchant que ces mots inoubliables murmurés par une foule fervente : "Liberté ! Liberté chérie" ?

https://youtu.be/k1RSdchvYxE?t=375 (à partir de 6 minutes et 15 secondes).