mardi 7 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 7 septembre 2021

07/09/202

Face à l'info. On parle du Brésil. D'emblée, Z se trompe sur le printemps des démocraties en Amérique Latine. Il ne suit pas la chute du mur de Berlin mais la précède, d'une dizaine d'années, et trouve son origine dans la démocratisation de l'Espagne et du Portugal, faisant tomber un à un les dictateurs au fil des années 80 et au début de la décennie suivante - sauf évidemment Castro et sa clique. Mais c'est un détail. Zemmour, en grande forme, enfourche son cheval de bataille pour aller guerroyer contre le "gouvernement des juges".

Je comprends que le pouvoir des juges, qui ne sont pas élus et profitent de leur fonction pour endosser un rôle d'idéologues, a quelque chose de très déplaisant. D'un autre côté, la démocratie "du peuple, par le peuple, pour le peuple", est une perspective tout aussi terrifiante : une démocratie intégrale, sans garde-fou, peut verser sans faillir dans le totalitarisme, comme l'a montré l'Allemagne des années 1930. Oui, le plus barbare des États peut être une dictature démocratique, sans oxymore, puisqu'il se contenterait de mettre en œuvre le souhait du plus grand nombre, fût-il porteur de carnages sans nombre. Au passage, il est piquant de paraphraser le mot de Lincoln, cet immense constitutionnaliste, pour défendre une démocratie hors limites.

Le problème est à mon sens un peu différent : dans une démocratie libérale, les contre-pouvoirs institutionnels ne devraient pouvoir s'exercer qu'en rapport avec les droits de l'homme et du citoyen. Ces droits, tous ces droits, mais seulement ces droits. Je parle ici des textes fondateurs, et non des versions dévoyées de l'après-guerre, qui portent la marque des Soviétiques, et encore moins de la définition actuelle qui en font un fourre-tout cauchemardesque. À titre d'exemple, on finirait par oublier que piquer un logement inoccupé n'est pas un droit de l'homme. Trucider son voisin parce qu'il aime Zemmour non plus, au passage.

Je pense que Z est en droit de s'inquiéter du pouvoir des juges. Je ne le suis pas du tout cependant quand il défend une démocratie illibérale.

Décidément en grande forme, fulminant, gesticulant, le verbe empressé, Z a fini l'émission sur les chapeaux de roue, s'employant à démonter un par un les arguments de Sandrine Rousseau et de ses semblables - il manquait simplement un contradicteur, ou une antagoniste, pour que le combat fût complet et réellement convainquant.

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lundi 6 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 6 septembre 2021

06/09/2021

L'Homme de Rio ne répond plus. Si je m'écoutais, là, tout de go, et sans égard pour le devoir de réserve qui suit un deuil, je donnerais tout Belmondo pour dix minutes de Delon dans Plein Soleil. Oh, Bébel a fait de bons films, sans aucun doute, à côté d'une belle brochette de navets. Son malheur, et le nôtre, est peut-être d'avoir accepté le rôle de Stavisky, d'essuyer un échec retentissant et de se cantonner par la suite à des rôles d'amuseur public, non sans talent, mais avec beaucoup, beaucoup trop de déchet.

Z note que l'époque de Belmondo, Delon, Bardot, Johnny, aurait regardé avec un drôle d'air la fluidité des genres, et d'autres théories semblables de notre temps. Bien. Sauf que rien n'était nouveau sous le soleil. Charles Boyer incarnait lui aussi, et combien, un magnifique mâle français (je ne me souviens pas qu'on ait mobilisé de la sorte tous les médias pour la mort de Charles Boyer, mais j'étais alors trop jeune, et n'avais de toute façon jamais entendu parler de Charles Boyer). Pour le dire autrement, je regrette que l'on sublime un peu trop, me semble-t-il, l'esprit français et le génie de Belmondo, traits qui étaient présents dans la grande tradition de nos acteurs, dont le talent m'apparaît, bien souvent, supérieur à celui du cher disparu, sans que l'on ne s'avise trop de le célébrer.

dimanche 5 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 5 septembre 2021

05/09/2021

À peine ai-je posé quelques réflexions sur une illustration musicale pour la campagne de Zemmour que je m'avise que celle-ci a déjà commencé, vraisemblablement, par l'intermédiaire d'une tournée de promotion pour son livre à paraître le 16 septembre, "La France n'a pas dit son dernier mot". Le site croiseedeschemins-ez.fr permet aux amateurs de s'inscrire pour des rencontres à travers la France. Une courte vidéo de promotion (https://youtu.be/J1NrHSM-TAQ) a même été tournée à cette occasion. Horreur ! Le fond sonore semble sortir d'une bande originale minimaliste pour série Netflix. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi, ça veut dire beaucoup. Notre héritage est-il donc jugé si pauvre par Z et ses camarades pour qu'ils croient bon de nous verser dans les oreilles une telle mélasse, qui est à l'histoire de notre musique l'équivalent d'une ferme d'éoliennes pour un paysage de nos provinces ? Cette curieuse cécité auditive n'est décidément pas raccord avec la défense de notre patrimoine et ne laisse d'inquiéter. Au même titre, d'ailleurs, que la phrase "je raconte [...] nos conversations avec des politiques [...]", drôlement tournée, et où l'on peut regretter que l'emploi de "politiques" remplace "hommes politiques". Une concession à une anglicisation de la langue que l'on n'imaginait pas trouver chez un bonapartiste. Napoléon, reviens, ils sont tous devenus fous !

samedi 4 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 4 septembre 2021

04/09/2021

L'un des traits le plus surprenants, chez cet amoureux de la France millénaire, est l'absence de toute sensibilité musicale en rapport avec notre pays - je veux dire, qui soit à la hauteur de son érudition littéraire. Je ne crois pas l'avoir jamais entendu dire la moindre chose sur Méhul, Lalo, Debussy ou Boulez ; s'il évoque Lully, c'est en rapport avec Molière et Louis XIV, et quand il parle de musique, c'est pour lâcher des considérations sur nos chansonniers (souvent talentueux, il est vrai) et des groupes de rock anglo-saxons. Un défenseur de notre pays vanterait, me semble-t-il, un peu moins les Rolling Stones et un peu plus César Franck, pour la même raison qu'il placerait Guy de Maupassant au-dessus de Sophie Kinsella.

Je me sens l'âme d'un philanthrope, aujourd'hui. Le bruit court que la candidature de Z pourrait être officialisée à mi-octobre (Iéna !) ou mi-novembre (pont d'Arcole !). Cela signifie réunions officielles, grands discours, tournées, avec toute l'organisation que cela réclame. Allons droit au but : quelle musique pour accompagner l'entrée du nouveau candidat ? De la variétoche anglo-saxonne ? On n'y croit pas. Du gnagnan façon Abba ? Pitié. Je me crois fondé à exclure, en l'état du dossier, un éventuel emprunt à un opus de Youssoupha.

Cessons là, le choix s'impose de lui-même :

Amour sacré de la Patrie
Conduis, soutiens nos bras vengeurs !
Liberté ! Liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs ! (Bis)
Sous nos drapeaux que la Victoire
Accoure à tes mâles accents !
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire !

Oui, c'est la Marseillaise, pas le passage que tout le monde connaît, mais l'un des plus beaux, dans la version d'Hector Berlioz. Le refrain commence a cappella, à la façon d'un hymne d'église, pour s'achever par une irrésistible envolée des cordes et une péroraison triomphale quand retentit le refrain. Quoi de plus français en vérité ? Et quoi de plus touchant que ces mots inoubliables murmurés par une foule fervente : "Liberté ! Liberté chérie" ?

https://youtu.be/k1RSdchvYxE?t=375 (à partir de 6 minutes et 15 secondes).



vendredi 3 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 3 septembre 2021

03/09/2021

"Zemmour, il n'a pas toujours tort", laisse aujourd'hui tomber un collègue de bureau, sans que je ne l'eusse auparavant lancé sur Z, ni sur aucun autre sujet politique : la réflexion est venue comme ça, sans préavis, comme une pomme lâche sa branche au terme d'une lente maturation. Je n'ai pas repris le mot au vol, me contentant d'acquiescer d'un air vague, non à ce qu'il disait, mais au fait que j'avais bien reçu le message. Il sera temps de travailler le sujet une autre fois et de savoir pourquoi, selon lui, Z n'a pas toujours tort. Cette expression est assez vague pour s'appliquer à tout un chacun, il est vrai. Qui pourrait-on accuser d'avoir toujours tort ? Macron ? Non, certainement pas Macron, qui dit noir, blanc ou gris à son interlocuteur en fonction de la couleur de celui-ci. Cette attitude de caméléon intellectuel - et condamné par le fait à dire de temps à autre quelques vérités - n'est certes pas celle de Z qui (c'est pour lui à la fois un point fort et un drame) profère sans détours ce qu'il a sur le cœur en se refusant à appliquer les codes convenus du discours public.

J'apprends dans un reportage de LCI (fichtrement mal filmé, on croirait une promotion du gouvernement pour la vaccination) que Z, au 30 août, aurait réuni 100 promesses de parrainage. Eh eh ! S'il y a quête de parrains, c'est bien pour poser une candidature officielle, non ? J'apprends par la même occasion le nom de sa conseillère, dit-on, une certaine Sarah Knafo, d'après ce que je comprends, une "tête", bien faite, bien pleine et, apparemment, "bien" tout court. Attention aux boules puantes, si l'aventure devait se poursuivre ! Pour l'heure, madame Knafo serait bien inspirée de dire à son poulain d'arrêter les mimiques de comptoir et l'essayage de grands chapeaux à plumes, si possible, tant cela, plus que ses idées, risque de lui être fatal. Il serait regrettable que le sauveur de la France chutât à cause d'une pauvre, et bien inutile, grimace, ou d'une frivolité de potache.

jeudi 2 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 2 septembre 2021

02/09/2021

"Des mesures dures à prendre, qu'on ne prendra pas." Z parle de la lutte contre le trafic de drogue. Le "on" qui ne fera rien, bien sûr, c'est Macron. Pas certain que Z au pouvoir ferait, lui, grand-chose de plus. S'attaquer aux trafiquants, c'est enflammer des cités. Que ferait l'état si une dizaine, une cinquantaine, de quartiers dit "sensibles" (ou "populaires" dans la novlangue) entraient simultanément en sédition ? Envoyer l'armée se frotter à des types munis de kalachnikov ? Enfoncer à l'aide de blindés herses, barrages de voitures enflammées et bataillons de lanceurs de mortiers ? Déclencher le plan "Ronce" dont Z avait jadis, à grand bruit, dévoilé l'existence, ou la possible existence ? Envoyer des hélicos "balayer tout ça", comme dans La Chute du faucon noir où des multitudes haineuses et fanatisées périssent sous le feu du ciel ? Peut-être est-ce là notre destin - un destin à la libanaise, comme on dit parfois. Si cela devait arriver, et si l'armée l'emporte, ce qui est loin d'être sûr, étant donné les soutiens moraux dont les "populations défavorisées" jouissent dans une marge importante de la presse et des "influenceurs" - que faire des trafiquants ? Les expulser, dit Zemmour, quand ils ont une nationalité étrangère. Admettons. Et les Français ? Nos prisons sont pleines à craquer.

Après l'affaire Merah, il y a une dizaine d'années, j'ai été surpris d'entendre la même idée dans la bouche de personnes fort différentes, et qui ne se connaissaient pas. Cette idée était de rétablir la peine de mort. Je n'aurais jamais cru qu'on reviendrait un jour sur cet accomplissement. Et les gens qui tenaient ce discours n'étaient pas des fachos, plutôt de gauche même, des gens "de tous les jours", des collègues, des amis. Ça m'était resté quelque part en tête quand un jour j'entendis Z expliquer que le renoncement à la peine de mort, dans un monde où la réclusion à perpétuité n'était plus en usage, n'avait de sens que si on persistait dans le pari qu'un homme peut s'amender. Que le pire criminel peut réfléchir, changer profondément, regretter son geste et devenir, pourquoi pas, quelqu'un de bien. Or, continuait Z (je cite de mémoire), comment voulez-vous qu'un islamiste renonce à son idéologie ? Tout ce qui a touché à la "déradicalisation" s'est évaporé dans un nuage de gaz hilarant. Ça ne marche pas, ça ne peut pas marcher : un homme comme Merah, ou comme les dizaines d'islamistes qui ont ensanglanté notre sol, doit être éliminé de la vie publique, soit en passant le restant de sa vie en prison, soit en subissant le châtiment suprême.

Est-ci ici un aboutissement logique de la pensée de Z ? Je n'en sais rien. Si la "campagne" se poursuit, nous aurons des éclaircissements. L'autre idée qui est apparue dans les mêmes années, me semble-t-il, et proférée par des personnes tout aussi éloignées des pensées extrémistes, était de rouvrir Cayenne, ou autre bagne du même genre, pourvu que l'on éloigne, si possible jusqu'à leur disparition, des gens dont on sait pertinemment qu'ils ne changeront pas et resteront une menace pour nous quoi qu'il advienne ; et tant pis pour eux, tant mieux pour nous, si en s'évadant à la nage ils aiguisent l'appétit d'un requin. Ce n'est pas mon idée - pas davantage que celle du rétablissement de la peine capitale - mais, je le répète, celle que j'ai vu fleurir spontanément çà et là il y a quelque temps, et qui est peut-être retombée depuis.

Ce dont je suis sûr, en revanche, est que le débat de ce soir sur la criminalisation des consommateurs de drogues n'a pas exploré une hypothèse qui me semblait s'imposer naturellement dans le cours de la discussion : si l'on responsabilise ces consommateurs, cela veut dire exactement, non qu'on les mette à l'amende, en prison ou dans un cachot de l'Île du Diable, mais qu'on les rende responsables de leurs actes. C'est le principe même d'être adulte, chose oubliée dans une société où l'État met son nez partout en ne résolvant rien. Ici, "responsables de leurs actes", cela signifie qu'ils doivent être comptables, non seulement des méfaits qu'ils pourraient commettre - je parle de l'atteinte au bien d'autrui - mais également du coût de leur prise en charge si jamais ils avaient besoin d'assistance médicale. L'idée peut être choquante, mais elle n'est pas en soi hors du débat - ou en tout cas elle ne devrait pas l'être, si n'était un plateau composé d'étatistes plus ou moins forcenés, dont Z est l'emblématique tête de file.

mercredi 1 septembre 2021

Zemmour au fil des jours - 1er septembre 2021

01/09/2021

Une petite victoire qui agace beaucoup de monde. Le débat politique tourne autour de Zemmour et de sa possible candidature, Mélenchon en parle pour s'en gausser, se prenant les pieds dans le tapis au passage en mélangeant langues arabe et berbère, ce qui étonne d'un homme instruit et porté sur la glorification de l'autre. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, fustige le promoteur d'une "France rabougrie" (ce qui change de "nauséabond"), la droite classique, entre affolement et adhésion, s'interroge sur sa candidature, le rassemblement national s'échauffe à son tour, allant jusqu'à évoquer le grand remplacement, sujet jusque-là tabou dans ces parages. Une séquence de l'émission de Yann Barthès l'a pris pour cible, sans grand talent ni traits d'humour qui ne se résument à un lourd ricanement, dans une séquence intitulée "la réac du réac". Je ne doute pas qu'on trouve de pareilles offensives à France Inter ou autres médias de la même obédience, dont le recensement serait fastidieux. Peut-être que le dénigrement portera et finira par rendre légitime l'exclusion définitive des soutiens de Z dans les réseaux sociaux. Pour l'heure, beau succès : tout mène à Z, à la fureur de ceux qui, voulant le dénigrer, contribuent à installer son nom dans le débat public.