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mardi 23 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 23 novembre 2021

 23/11/2021

Le 16 décembre, Cyril Hanouna recevra Éric Zemmour pour étrenner sa nouvelle émission. Un programme littéraire ? On peine à le croire. Politique, alors ? Il m'arrive de voir par hasard des extraits de programmes animés par Hanouna, et cet échantillon suffit à me faire dresser les cheveux sur la tête, tant les engueulades volent bas et le parler relâché s'y exhibe sans vergogne (relâché, relâché... même pas sûr que ce soit le bon terme... tout le monde, ou peu s'en faut, emploie un langage argotique où se glissent sans aucune nécessité des termes étrangers, ou inspirés par l'étranger ; une langue souvent grossière, agressive, et certainement pas vouée à l'édification de l'honnête homme). Qu'est-ce qu'Éric Naulleau va faire dans cette galère ? Et son ex-compère Zemmour, donc ? Réagira-t-il à la présence de femmes voilées dans le public, chose classique, sauf erreur de ma part, dans les émissions ce cet animateur ?

Tiens, en parlant de langue, un tour chez nos voisins suisses, efficaces autant que placides comme l'on sait, et salutairement rétifs aux éclats qui abîment trop souvent notre nation exacerbée, nous permet de prendre connaissance de quelques slogans tracés pour accueillir Zemmour, demain : "Zemmour mange tes morts", "Crève Zemmour de merde", voilà ce que l'on peut lire sur des murs à Genève, explique l'Express. On aurait tant aimé que ce pays reste dans la mémoire collective la vieille démocratie qui a inventé le coucou, plutôt que devenir celle qui singe les pires pratiques de notre France bien fanée.

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lundi 22 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 22 novembre 2021

 22/11/2021

Le service politique de BFMTV, après un minutieux pesage des probabilités, des théories en présence et des différentes logiques à l'œuvre dans le grand tout de la société des gens qui savent, annonce sans trembler la nouvelle tant attendue : "Éric Zemmour envisage de déclarer sa candidature en début de semaine prochaine."

Bon, d'accord, on a déjà prévu cette officialisation dix fois, cinquante fois, que sais-je, mais là, c'est du lourd. Ou pas. Enfin, à force d'annoncer la chose, elle finira bien par arriver. Il est vrai que Zemmour n'a pas fait mystère de ses projets ce matin sur France Info : à la question de savoir ce qui le ferait changer d'avis, il répond "Que je traverse la rue et que je sois renversé... Vous savez, il peut encore tout arriver, on ne sait jamais" (certes, on ne sait jamais. Jean-Christophe Lagarde a-t-il le permis de conduire ?)

Trêve de plaisanteries, l'émission sur la radio publique a suscité quelques réactions, un peu tiédasses et pas toujours bienveillantes, mais je retiens surtout qu'il s'agit du grand retour de Zemmour sur une antenne nationale, plutôt réussi selon moi, et qui peut préluder à un frémissement qui redonnera du lustre à une épopée dont les enluminures se sont ternies au fil du temps.

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dimanche 21 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 21 novembre 2021

21/11/2021

Nouveau coup de sang aujourd'hui autour de Zemmour. Cette fois-ci, le futur ex-candidat n'est pas à l'origine du fait, mais sa victime, tout sauf résignée.

Jean-Christophe Lagarde sur France Info : « Se foutre du monde au point de dire "je suis un RPR"… Mais monsieur Zemmour, si monsieur Pasqua était là, il te filerait une balle dans la tête. »

Cette élégante déclaration déclencha comme il se doit la levée de boucliers qu'on imagine, si bien que M. Lagarde présenta ses regrets et reformula sa pensée par écrit, à la façon d'un exercice de style de Raymond Queneau : « Je voulais dire qu’à l’époque une telle imposture de sa part aurait eu une réplique des plus cinglantes. »

Zemmour, lui, se tint coi, puis fit publier une réponse qui cogne (lien Twitter) :

Lettre à Jean-Christophe Lagarde, par Éric Zemmour
Lettre à Jean-Christophe Lagarde, par Éric Zemmour

Voilà qui est dit et replace en quelque sorte Zemmour dans la position qui lui est la plus favorable : celle de l'homme qui encaisse, se redresse et tape dur, laissant l'adversaire en ruines. Sa réaction est légitimée par la violence de la phrase d'origine - Pasqua qui lui « filerait une balle dans la tête », déclaration qui tient autant de la vieille tradition d'extrême droite que du langage racaille.

Ce n'est certainement pas un hasard si Zemmour cite Yassine Belattar, animateur et, dit-on, humoriste, au cœur depuis hier d'une vive controverse au sujet d'une altercation, je crois, avec un journaliste, ou quelqu'un faisant fonction de journaliste pour la chaîne Livre Noir. Éric Naulleau a commenté avec ironie cet incident, rappelant au passage les menaces dont il aurait fait l'objet :

Éric Naulleau au sujet de la dernière "affaire Belattar"
Éric Naulleau au sujet de la dernière "affaire Belattar"

Décapitation, menaces de mort, balle dans la tête. Voici l'état des débats aujourd'hui en France. Dansez, chantez, villageois, la nuit tombe ; le vent qui vient à travers la campagne nous rendra fous.

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samedi 20 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 20 novembre 2021

 20/11/2021

Chaîne YouTube : 268k abonnés. Ça piétine. Sondages : toujours derrière Marine Le Pen au premier tour. Meeting à Londres : pas de réactions notables dans la presse, si ce n'est pour se moquer de la vétusté de l'hôtel déniché en catastrophe. Karcher : Zemmour promet de le passer, s'il est élu, contrairement à suivez-mon-regard. Pas sûr que cela suffise à sortir le char de l'ornière où il a versé.

La presse unanime, ou peu s'en faut, s'est mise à citer ses compagnons d'extrême-droite-néonazis-ultra-radicaux-manifiens-pour-tous et ses manières de bad boy quand il se pointait sur le plateau d'On n'est pas couché. Jonathan Lambert : "Zemmour arrivait en studio, il était souvent en survêtement, avec les cheveux détachés, un peu cradingues, il venait avec une bande de potes. Je vous assure, c'est fascinant ! Il arrivait parfois avec une casquette. Avec ses copains et ses copines, ça roulait parfois un petit bédo dans la loge et lorsqu'on lui disait : 'Antenne dans cinq minutes', il se rhabillait, il se recoiffait et c'était bon."

Sapristi ! Zemmour avec une casquette, comment ne pas penser à Hilarion Lefuneste ? Pour le reste, c'est à se demander si l'on parle ici de Zemmour ou de Gainsbourg, auteur, il est vrai, d'un Exercice en forme de Z.

Gainsbourg : Exercice en forme de Z (chanté par Jane Birkin)

Tandis que la Suisse s'échauffe, des périodiques s'interrogent sur une possible "fortune cachée" du journaliste. Aucune raison de se réjouir du côté de ses soutiens. Quelle stratégie pour relancer la Z-machine ? Un tweet officiel attire toutes les attentions : "La Croisée des chemins s’achève. Le 5 décembre, la suite de l’histoire commence au Zénith de Paris. Venez l’écrire avec moi !"

La Croisée des chemins s’achève. Le 5 décembre, la suite de l’histoire commence au Zénith de Paris. Venez l’écrire avec moi !
Z comme Zénith : la suite commence le 5 décembre

Ah ah, cette suite de l'histoire qui commencerait le 5 décembre, ne serait-ce pas enfin l'annonce de cette candidature tant attendue par le monde politique ? J'en connais qui l'espèrent vivement : tous les commentateurs, éditorialistes, plumitifs et auteurs de chroniques que personne ne lit qui en ont assez de recourir à des artifices lourdingues pour désigner le possible-candidat-sans-l-être.

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vendredi 19 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 19 novembre 2021

 19/11/2021

Zemmour et la Suisse, je n'y comprends rien. Ira, ira pas ? Le publiciste devait se rendre à Genève. Les Helvètes se rebiffent. Pas tous, mais une part influente d'entre eux, refusant d'accueillir dans la confédération une personne condamnée pour « provocation à la discrimination raciale » et « incitation à la haine religieuse », non seulement « par les tribunaux français », mais aussi « par l’opinion publique européenne ». Ces mots sont tirés d'une pétition en ligne apparemment rédigée à la va-vite et sans souci majeur du respect de la langue. Surprenante référence au passage à une « opinion publique européenne » dont je n'avais pas idée. Comment pouvoir se prononcer au nom d'une telle opinion ? Que professe cette opinion au sujet des migrants ? De l'islam ? Des éoliennes ? On serait curieux de le savoir, puisqu'il semble désormais possible de fonder pour partie une pétition sur un avis présenté comme étant majoritaire en Europe. Il va de soi que l'on ne saurait invoquer cette opinion sans l'avoir au préalable interprétée, exploit visiblement accompli par les promoteurs du texte.

En attendant, Londres. Zemmour avait réservé une salle. Réservation annulée. Le maire Sadiq Khan : « Je veux être clair. La force de notre ville est sa diversité. Alors ceux qui souhaitent diviser nos communautés et inciter à la haine contre des gens à cause de leur couleur de peau ou de leur religion ne sont pas les bienvenus dans notre ville. »

Zemmour trouve une autre salle, embarque sur l'Eurostar, ironise à son arrivée sur l'absence pour l'accueillir de M. Khan, « qu'Anne Hidalgo admire, là, j'ai tout compris. »

Pour ce genre d'uppercuts, il est bon. C'est même ce qui fait sa valeur médiatique. Depuis qu'il se rend çà et là pour promouvoir ses idées, il a renoncé aux affrontements. L'émérite boxeur descendu du ring n'est plus qu'un être fragile aux gestes gauches, premier de la classe vite insupportable quand il persiste dans ses élucubrations et décalé quand il déclame des propos polémiques. Sans adversaire direct, l'homme perd sa force, comme Antée soulevé du sol. Le dernier sondage en date le donne à 12%, derrière Marine Le Pen.

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jeudi 18 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 18 novembre 2021

 18/11/2021

L'accroche "Les inquiétants amis d'Eric Zemmour" orne la première page du Canard Enchaîné du 17 novembre. Page 3, le titre devient "Les charmantes fréquentations d'Eric Zemmour". Le journal dresse la liste de ces "amis", ou "fréquentations".

D'abord, un groupuscule portant le nom de "Famille gallicane", dont l'un des passe-temps est de tirer à l'arme à feu sur ces caricatures de Noirs, de Juifs et de musulmans. "Ces dernières semaines, la Famille gallicane s'est prise de passion pour Zemmour, dont elle colle les affiches", précise l'hebdomadaire. Le président de Génération Z a été interrogé : dès qu'il a eu connaissance de ces agissements sordides, les drôles ont été exclus, a-t-il affirmé. On ne voit pas trop en quoi ces individus (le Canard parle de nazillons) seraient des "amis" ou des "fréquentations" du futur candidat, que je n'ai jamais entendu préconiser la force brutale à l'encore de personnes en vertu de leur "race". Il explique même l'exact opposé dans son éloge de la méritocratie républicaine et, dans l'état actuel de mes connaissances, les réunions qu'il organise ne sont pas interdites à des personnes à cause de leur couleur de peau, chose comme on le sait possible dans des cercles qui entendent combattre la pensée de Zemmour.

Ensuite, deux "transfuges" du RN, Vincent Usher et Hugo Gagnieu, participent à la levée de fond pour le "polémiste". Comme le journal ne dit rien sur les opinions défendues par ces deux personnes, le matériel nous manque pour jauger "l'inquiétude" que doit provoquer leur présence dans l'état-major zemmourien.

L'article parle ensuite de Tristan Mordrelle tout en citant brièvement les termes de Libération. Décidément ! Un journaliste conscient de sa mission aurait sué sang et eau pour nous instruire sur les affinités nationales-socialistes, ou eugéniques, ou exterminatrices, ou négationnistes, ou lebensraum-compatibles, de ce personnage. Mais ici, rien. On reprend les mots de Libé. Voilà. Au lecteur de se débrouiller avec ça.

Dernier nom, Samuel Lafont. Son crime ? "Ex de La Manif pour tous et de la campagne de Fillon". Plus on avance dans le texte, et plus les "sympathies néonazies" que Radio Classique soulignait dans l'encart du Canard Enchaîné s'évaporent. Je crois pouvoir affirmer que tous les tenants de la manif pour tous, pas davantage que les anciens soutiens de Fillon, ne sont des adorateurs éperdus du IIIe Reich.

Comme je le redoutais, les révélations n'en sont pas vraiment - il faudra bien sûr surveiller les accointances entre les supports officiels de Zemmour avec les peu recommandables membres du groupuscule armé pour que nous sachions s'il y a quelque anguille sous roche. Les enquêteurs seraient également bien inspirés de nous instruire sur les opinions "extrémistes" des autres personnes citées. Faut-il le préciser ? Venir du RN, ou de l'entourage de Fillon, ou de La Manif pour tous, ou être fils de collabo, ne permettent pas d'établir des sympathies néonazies.

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mercredi 17 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 17 novembre 2021

 17/11/2021

Décidément, le vent tourne. Jean-Marie Le Pen préfère finalement sa fille à Zemmour, jugé trop tendre pour encaisser les coups, "pas à la hauteur de l'événement". Et puis, "des déclarations courageuses lui ont valu cette étonnante ascension, mais il a brûlé ses cartes sans s’en rendre compte." Le retrait de ce soutien n'apportera sans doute aucune voix supplémentaire au probable candidat, engoncé dans une gangue de soufre, et reflète la désaffection ambiante.

J'apprends qu'Atlantico consacre à son tour un article à Tristan Mordrelle, le conseiller "ultra radical" dépeint par Libération. Hélas, Atlantico ne fait que reprendre les termes de Libé sans rien ajouter. Pas sérieux. Le Canard Enchaîné dresse quant à lui "l’inventaire des sympathies néonazies de certains soutiens d’Eric Zemmour", selon Radio Classique. Nous aurions donc des individus nostalgiques de la solution finale, de l'espace vital à conquérir pour le bien du peuple et de la hiérarchie des races dans l'entourage de Z ? Comme je n'ai pas lu l'article je ne saurais en dire davantage. Je doute un peu, pour être honnête, n'ayant qu'une confiance très limitée dans les capacités d'analyse du Canard et me doutant vaguement que "néonazi" est employé ici à la légère, mais je jugerai sur pièce, quand j'aurai l'article sous les yeux.

Quand ça ne veut pas... Le baromètre Harris Interactive revoit lui aussi Zemmour à la baisse, mais toujours devant Marine Le Pen. Macron vainqueur de quelque côté qu'on tripote les hypothèses. Le procès, encore un, pour des propos que Z a tenus à l'encontre de "mineurs isolés", a tourné à la foire d'empoigne, les défenseurs questionnant la recevabilité de certaines parties civiles. Il faut dire qu'elles sont plusieurs dizaines (!) ce qui en dit long sur la volonté d'éradiquer la parole libre de Zemmour, diront les zemmouriens, ou sur la santé démocratique et attachée à la fraternité de notre société attaquée par la bête immonde, diront les plaignants.

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mardi 16 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 16 novembre 2021

 16/11/2021

Un chemin de saucisson en forme de Z accueille le presque-candidat au salon Made In France, durant lequel Zemmour revêt une marinière qui lui tombe comme une grenouillère. On le voit parti pour Genève, où il n'est pas le bienvenu, avant d'apprendre qu'il s'envolera pour Londres. Je ne sais pas pour vous, mais Zemmour et Londres, ça sonne à mes oreilles comme l'impossible union entre l'huile et le vinaigre, pour reprendre une métaphore ô combien abîmée.

Trafalgar Square, Londres
Trafalgar Square, Londres (DR)

Pour Libération, "Eric Zemmour s’offre les services d’un entrepreneur ultra radical pour sa campagne présidentielle." Radical tout court n'était pas suffisant, trop mou, trop enclin à faire penser à une vétille. Nous avons bien affaire à un ultra radical, comme si ce mot ne désignait pas déjà une forme d'absolu, d'indépassable, de blanc que nulle lessive Omo ne saurait rendre plus blanc. On mettra l'expression sur le compte d'un stagiaire, ou d'un rédacteur soucieux de ne pas laisser planer le moindre doute sur ses intentions vaillamment opposées à la résurgence des thèses hitlériennes. L'article nous apprend qu'il s'agit d'un, je cite, sympathisant de la Nouvelle droite, fils de collabo et proche de sphères néonazies, fin de citation. On ne voit pas trop ce que vient faire "fils de collabo" dans cette énumération - à moins que les enfants soient, pour Libé, responsables des choix de leurs parents - et pour le reste on attendra d'autres études pour savoir s'il s'agit ici d'un n-ième procès en diabolisation échafaudé sur des calembredaines, ou bien si réellement Zemmour mange avec le diable.

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lundi 15 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 15 novembre 2021

 15/11/2021

On assiste, depuis une petite semaine, à une sorte de normalisation du fait zemmourien. Oh, l'homme est toujours là, ses meetings rassemblent une foule tout acquise et, semble-t-il, de plus en plus bruyante, les manifestations de sympathie quant à elles ne s'épuisent pas et les scandales viennent toujours égrener les faits et gestes du "polémiste d'extrême droite", comme disent les journaux.

Mais voilà, ce n'est plus la même chose qu'il y a un mois. Son envolée dans les sondages a cessé net et a même subi un petit recul. La progression de sa chaîne Youtube, 265k abonnés, accuse le pas - il n'y a pas si longtemps, on se disait qu'elle enfoncerait celle de Jean-Luc Mélenchon, mais cette perspective paraît au contraire s'éloigner, l'audience du chef de la France Insoumise sur la plateforme de vidéos atteignant les 600k abonnés.

Marine Le Pen a beau jeu de se poser en candidate respectable et pleine de sagesse, loin des provocations de l'affreux Jojo qu'est devenu Zemmour. Ses phrases, vraies ou trafiquées, sur Pétain, Dreyfus ou les enfants assassinés à Toulouse plombent comme jamais auparavant son image - et il y a fort à parier que ce n'est que le début d'une opposition plus systématique qui jouera pour l'essentiel sur ce ressort. Il devra coltiner ces mots redoutables comme le capitaine Haddock son sparadrap dans l'Affaire Tournesol.

Nouvelle vague à l'horizon ? Ou bien Zemmour à bout de souffle ?
Nouvelle vague à l'horizon ? Ou bien Zemmour à bout de souffle ? (DR)

La magie s'est éteinte. L'effort et la surprise furent si grands, depuis la rentrée, que ses outrances font maintenant partie du décor. Les jours à venir nous diront si Zemmour sera capable d'un nouveau souffle, ou bien si cette période incertaine marque, comme le suggérait un journal, le début de la fin.

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dimanche 14 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 14 novembre 2021

 14/11/2021

Zemmour à Bordeaux. Nouvelles attaques contre les lourdeurs bureaucratiques et les impôts. Je serais le premier à applaudir si le discours était adossé à une vision libérale de la société, perspective qui me semble des plus éloignées, concernant Zemmour. Salle chauffée à blanc, qui ne se surprend même pas d'entendre l'homme citer Gustav Mahler. Logique, après tout, que ce compagnon errant dont le chant plaintif célèbre la terre et ses enfants morts exalte une résurrection.



Scandale (encore un !) autour d'une accusation portée à François Hollande, à la fois à Bordeaux et devant le Bataclan, le 13 novembre. Je cite LCI :

« Eric Zemmour a expliqué, samedi soir, que l'ancien chef de l'État "savait que des terroristes seraient infiltrés parmi les migrants" et qu'il "n’a pas arrêté le flot des migrants". "J'ai simplement dit ce qui est arrivé", a-t-il insisté. "Donc François Hollande ne l’ignorait pas, il n’a pas protégé les Français. Il a pris une décision absolument criminelle de laisser les frontières ouvertes", a ajouté le polémiste, évoquant une "guerre de civilisation" sur le sol français. »

LCI, toujours, rapporte la réponse de l'ancien président :

« "Les propos des extrêmes droites, et notamment les déclarations d'Eric Zemmour, sont à la fois infondées, indécentes et indignes", a répondu François Hollande dimanche matin sur Radio J. "Tous ceux qui sont dans le dévoiement, la dérive, l'hystérisation, la manipulation [...] doivent être mis de côté dans le pacte républicain."

"Les terroristes du 13 novembre sont venus de Belgique, ils sont Belges ou Français", a-t-il souligné, rappelant par ailleurs les mesures prises à l'époque pour "contrôler les arrivées extérieures" à l'Union européenne. "C'est indécent d'être devant le Bataclan, de parler de guerre de civilisation devant le bâtiment lui-même" en reprenant "le langage même des terroristes". Et c'est "indigne parce que ça laisse penser que ceux qui ont dirigé la France sont des criminels", a ajouté François Hollande. »

Réaction de Manuel Valls : « C’est faux, c’est ignoble, c’est inacceptable. Il ne s’agit pas seulement de s’indigner face à de tels propos mais de répliquer point par point aux mensonges distillés par ce personnage dont le seul but est de semer le doute et la haine. »

Raquel Garrido s'indigne que de tels propos « empêchent la réconciliation avec les terroristes. » Eric Naulleau lui répond : « Abjection, votre honneur... »

Chants de la nuit.

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samedi 13 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 13 novembre 2021

 13/11/2021

BFM s'interroge sur le ZemmourCoin. Non, ce n'est pas la nouvelle appellation de Canard WC, mais une "cryptomonnaie des conservateurs", nous dit-on, lancée en pleine vague zemmourienne et voulant profiter de l'engouement autour du futur candidat.

Je trouve un site au nom curieux et un brin inquiétant de zcoin.army qui annonce fièrement : "Détenez du $zCOIN et gagnez un revenu passif en $BNB toutes les 60 minutes." Je veux bien être pendu si j'y comprends quoi que ce soit. Une phrase supplémentaire accentue ma perplexité : "C'est le moment de rendre la pareille aux Patriotes". En quoi ? Comment ? Souscrire à une monnaie virtuelle, l'une de ces multiples tentatives qui foisonnent depuis le succès du Bitcoin, serait ici un geste patriotique ? Et de quelle "pareille" s'agit-il ?

J'avoue ne pas avoir lu les explications fournies dans cette page, qui répondraient sans aucun doute à mes interrogations de novice. Les illustrations sont, disons, spéciales, et font croire à une bizarre parodie, sans que l'on sache très bien ce qui serait alors parodié. On y voit par exemple Z épauler un fusil (souvenir de la visite au Milipol) et mettre en joue la Lune. Pourquoi la Lune ? Qu'a donc commis notre satellite naturel pour se voir ainsi menacé ? S'il y a une référence elle m'échappe complètement. Un compteur actionné par un Chapelier fou donne le temps restant avant le prochain versement de cet énigmatique "revenu passif en $BNB".

Illustration tirée du site zcoin.army
Illustration tirée du site zcoin.army, comprenne qui pourra


Encore deux semaines d'attente : Le Parisien a des informations selon lesquelles Zemmour déclarera sa candidature officielle "à une date comprise entre le 25 et le 30 novembre."

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vendredi 12 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 12 novembre 2021

12/11/2021

Il s'voyait déjà en haut de l'affiche. En dix fois plus gros que n'importe qui son nom s'étalait.

Ça, pour s'étaler ! Deux sondages revoient à la baisse le phénomène Zemmour, doublé par Marine Le Pen qui se qualifierait pour le second tour. Macron accentue sa domination et demeure vainqueur dans tous les cas de figure. "Pour la première fois depuis la rentrée, les intentions de vote en faveur d'Eric Zemmour diminuent", note Jean-Marc Morandini. "Eric Zemmour s'essouffle-t-il ?" s'interroge Closer, qui distingue un "premier coup dur pour le polémiste". BFMTV entrevoit peut-être ici "le début de la fin".

Aznavour : Je m'voyais déjà...
Aznavour : Je m'voyais déjà... (DR)

Douce jubilation des partisans du RN sur l'air d'on vous l'avait bien dit, consternation des zemmouristes incapables de concevoir un Macron toujours aussi haut, et même plus haut qu'il ne l'a jamais été.

Zemmour réagit avec une pointe de mauvaise foi : ces deux instituts de sondage (Elabe et Odoxa), "je ne connaissais même pas." Et s'il ne les connaissait pas, c'est parce qu'il ne pratique que les plus grands, à l'instar des sportifs : "C’est comme en foot, il y a de grands joueurs et de petits joueurs..."

L'éminent décrypteur d'un destin résolument caché au common man devrait se souvenir d'avoir fanfaronné fort imprudemment sur le sort du candidat Jospin, en 1995, et sur le résultat d'une rencontre entre le Brésil et l'Allemagne, deux décennies plus tard. Mais, voyez-vous, d'autres ont réussi avec peu de voix et beaucoup d'argent, moi j'étais trop pur ou trop en avance, mais un jour viendra je leur montrerai que j'ai du talent.

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jeudi 11 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 11 novembre 2021

11/11/2021

Zemmour est-il fasciste ? Je découvre l'éditorial de Riss, "D'un Zemmour l'autre", dans le Charlie Hebdo du 3 novembre dernier. Riss n'est pas seulement un excellent analyste, c'est aussi un homme courageux qui mérite le respect de tous les hommes attachés à la liberté.

Éditorial de Riss : D'un Zemmour l'autre (c) Charlie Hebdo, 3 novembre 2021
Éditorial de Riss : D'un Zemmour l'autre (c) Charlie Hebdo, 3 novembre 2021. Lien

Pour répondre à cette question, Riss met en exergue la pratique révisionniste de l'histoire, explique que Zemmour s'en est fait un chantre pour ce qui touche notamment à la période de l'Occupation, et estime en définitive que l'homme, en utilisant de tels procédés, "répond alors parfaitement aux critères de la pensée fasciste." Ce raisonnement s'achève par une conclusion nuancée : "La question de savoir si Zemmour est un fasciste n’est alors plus aussi incongrue qu’on pouvait le penser au départ."

Ces derniers mots doivent en laisser plus d'un perplexe, car l'on trouve bien des commentaires, dans des journaux moins "stylés" que Charlie, qui ne s'encombrent pas de telles précautions. Pour eux, comme pour la majorité des opposants à Zemmour, la question de son fascisme n'est pas du tout incongrue, elle est tranchée depuis longtemps et ne saurait souffrir la moindre mise en cause.

Cela étant dit j'ai sursauté à plusieurs reprises en lisant cet édito. Riss introduit son discours de la façon suivante : "Il y a à l’extrême droite une caractéristique qu’on ne retrouve quasiment jamais ni à gauche ni dans la droite classique. C’est le révisionnisme."

Puis, il définit ainsi le révisionnisme : "il ne s’agit pas de cette démarche qui consiste pour tout historien à se poser des questions qui peuvent l’amener à « revoir » certaines interprétations d’épisodes historiques à la lumière de découvertes nouvelles. Non, le « révisionnisme », au sens où il est pratiqué par l’extrême droite, consiste à écrire une autre Histoire, en contradiction totale avec les recherches historiques connues".

Le révisionnisme est donc un crime contre la pensée, puisqu'il vise à falsifier la vérité afin de servir une idéologie. Bien. Dès lors, on se demande comment qualifier l'attitude pratiquée par le parti communiste depuis plus d'un siècle, quand il se refuse à reconnaître la cruelle répression des Ukrainiens sous Staline et sa sordide sœur de sang, la grande famine appelée Holodomor, si longtemps oubliées de l'histoire ; le mensonge qui entoura des décennies durant le massacre de Katyń, les carnages de Mao, Castro, Brejnev et de leur clique, et tant d'autres crimes contre l'humanité si abasourdissants que la raison échoue à se les figurer. Les remises au pas de Budapest et de Prague ont été célébrées comme des opérations anti-fascistes. Pourtant, il ne viendrait à l'esprit de personne d'employer ici le mot de révisionnisme pour désigner la propagande qui voulait occulter ces outrages au genre humain.

Nous sommes ici devant un piège sémantique. Pour ces événements aujourd'hui bien décrits par les historiens, à défaut d'être bien connus, nulle "réécriture de l'histoire", mais falsification de l'actualité, au moment même de sa survenance. Le mensonge est noué avec la genèse des faits. La construction de l'histoire est révisionniste, négationniste, ou ce que l'on voudra, car fondée sur la volonté délibérée de travestir la réalité en tant que phénomène observable. Une lecture, ou une relecture, de l'Aveuglement de Christian Jelen - qui n'était pas réputé pour ses sympathies fascistes - nous permettrait, au besoin, de nous en souvenir. Pour le dire autrement, le "révisionnisme de droite" est la déformation d'un passé pourtant bien documenté, alors que le "révisionnisme communiste" est la déformation du présent, qui devient une histoire mal documentée - et, dans bien des cas, présentée dans cette version altérée par des historiens malhonnêtes, lâches ou aveugles.

C'est pourquoi Riss a raison d'écrire que le "révisionnisme" est "pratiqué par l'extrême droite". Le mot et la position politique sont intimement liés, quand bien même il s'agit d'une profonde injustice. Mais il n'a raison qu'en partie. Quand Mélenchon déplore "l'annexion" de la RDA par l'Allemagne de l'Ouest, est-il d'extrême droite ? Françoise Héritier, défendant la thèse stupide d'une différence de taille entre les hommes et les femmes due à une construction sociale, est-elle d'extrême droite ? Ceux qui avancent que  la cinquième symphonie de Beethoven est une marque historique d'exclusion et d'élitisme au détriment des femmes, des LGBTQ+ et des personnes de couleur relèvent-ils de l'ultra-droite ? La revisitation de l'histoire qui fait de Churchill un raciste qu'il faut gommer de nos mémoires est-elle professée par des émules de Mussolini ?

Je me permettrai donc de ne pas suivre le chroniqueur pour qui les pratiques révisionnistes signent le fascisme, sauf à considérer que Mélenchon, Héritier, Black Lives Matter, etc., sont des fascistes (au sens de l'éditorial : posture d'extrême droite ; sinon, la question se pose, effectivement). Je ne le suis pas non plus quand il écrit : "Après la Seconde Guerre mondiale, seuls les partis politiques qui avaient combattu dans la Résistance étaient légitimes pour participer à la vie politique, excluant l’extrême droite, qui fut trop proche de Vichy et de l’occupant." Je trouve cette analyse incomplète. Le PCF a été l'allié des Nazis jusqu'au jour où Hitler attaqua l'URSS. Le sujet est bien documenté (chacun connaît, ou devrait connaître, Le passé d'une illusion, de François Furet, voir aussi cet article parmi tant d'autres). Le renversement d'alliance ne se produisit pas pour des raisons de divergences idéologiques. Pourtant, on trouve des communistes dans le gouvernement de la Libération.

C'est pourquoi il me paraît important d'apporter une nuance de taille à ce passage de l'éditorialiste : "Ces théories, qui disent tout le contraire de ce que les historiens sérieux ont démontré, sont typiques de l’extrême droite qui, depuis 1945 et les sentences du procès de Nuremberg, répète jusqu’à la nausée que l’Histoire est toujours écrite par les vainqueurs, laissant entendre qu’une autre Histoire pourrait être racontée, dont l’objectif est en réalité de réhabiliter son idéologie fasciste." Il n'est pas besoin de vouloir réhabiliter une telle idéologie pour, en effet, estimer que l'histoire, hélas, a bien été écrite par les vainqueurs, et que Nuremberg a perpétué le mythe du communisme ami de l'humanité. Cette illusion encore tenace a été aggravée par l'absence de procès de cette idéologie dans les années 1990. Oui, une autre histoire est possible, et serait à mon avis nécessaire pour enfin rendre justice à la mémoire des peuples d'Europe centrale et d'ailleurs si longtemps opprimés par le grand frère soviétique ou ses cousins orientaux, africains ou latino-américains.

Et Zemmour dans tout ça ? Je suis prêt à entendre qu'il est fasciste - j'ai déjà formulé, me semble-t-il, assez de réserves sur les idées qu'il exprime pour que l'on me prenne au mot. Toutefois les éléments ne me paraissent pas suffisants pour sauter le pas. S'il pose la question de l'innocence de Dreyfus, c'est dans sa volonté de comprendre, dans le contexte de l'époque, la détermination de ne pas affaiblir une France en quête de revanche militaire (je pense que la France s'est au contraire grandie d'avoir réhabilité Dreyfus). Son opinion sur Pétain rejoint celle de Français de l'après-guerre, qui n'étaient pas tous des collabos ou des admirateurs de Rebatet. Il ne m'apparaît pas scandaleux de la défendre : dans ses mémoires Le Voleur dans la maison vide Jean-François Revel raconte avec esprit la passion que mettait le Colonel Rémy à défendre "la droiture" du maréchal Pétain, car "L'objectif final [de De Gaulle et de Pétain] était le même que le nôtre : il s’appelait la libération de la France". Si l'on considère que le Colonel Rémy, compagnon de la Libération et gaulliste de la première heure, était un fasciste, alors les mots n'ont plus de sens.

Il y a donc urgence, si l'on veut continuer à employer ce qualificatif à bon escient, de définir enfin ce qui singularise le fascisme - et en cela l'édito de Riss, bienvenu mais imprécis, ne nous est d'aucune aide.

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mercredi 10 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 10 novembre 2021

10/11/2021

À qui le tour ? La bataille contre la zemmourisation des esprits vient de se trouver une nouvelle cible, Franz-Olivier Giesbert, épinglé pour avoir écrit dans son dernier livre « J’habite Marseille, capitale française du cosmopolitisme, ville monde où je suis heureux et où je me sens chez moi, mais souvent quand je me rends à pied à la gare Saint-Charles en passant par la Canebière, j’ai le cœur serré parce que, pendant le trajet, je n’ai entendu personne ou presque parler français. Que va-t-il arriver à notre langue ? ». Réaction de Laure Adler : « Vous êtes blanc, quoi. Et fier de l’être. » Pour bien faire entendre sa perspective d'humaniste outragée, elle l’interroge : « Il n’y pas assez de blancs autour de vous ? »


Évidemment, ça n'a rien à voir. Giesbert ne parle pas de race, de couleur de peau, ou d'ethnie. Il énonce un constat, et s'en désole. Mais poser un constat est aujourd'hui chose criminelle. Qu'aurait donc voulu entendre Laure Adler ? Que Giesbert ne remarque pas l'abandon de notre langue ? Ou bien, s'il ose le remarquer, qu'il ait la décence de le taire ou, mieux, qu'il s'en félicite ? Ce mini-drame est exactement, à petite échelle, celui du Grand Remplacement, avec les mêmes réflexes outrés qui installent le débat sur un terrain racialiste, avec toutes ses embûches, ses inférences nauséabondes, pour reprendre un adjectif consacré, et l'assurance de voir proclamée sa parenté avec les desseins de la droite extrême.

Des milliers de migrants (j'emploie à contre-cœur ce terme qui est devenu un mot-valise qui recouvre des réalités très diverses : réfugiés, clandestins, demandeurs d'asile...) se pressent en Biélorussie à la frontière avec la Pologne. On voudrait diviser encore un peu plus l'Union européenne, déjà bien falote et inconséquente, que l'on ne s'y prendrait pas autrement. La Pologne proteste, accuse le Kremlin. Que ferait Zemmour président ? Prendrait-il le parti d'une Pologne victime de ce sordide chantage ? Ou bien encouragerait-il la politique de son cher modèle Poutine, en s'asseyant sur l'intérêt des Européens ? Pour ma part, je ne l'imagine pas une seconde dire son fait au despote russe, tant est grande sa complaisance envers Poutine et sa volonté de se concilier les grâces de Moscou pour faire la nique aux Ricains.

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mardi 9 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 9 novembre 2021

 9/11/2021

À peine a-t-il énoncé une mesure à la Zemmour, Arnaud Montebourg se trouve vitupéré de toutes parts, désavoué, même, par les "Jeunes pour Montebourg", association dont le compte Twitter s'est évanoui illico. Pour mémoire, il s'était proposé de bloquer "tous les transferts" d'argent des immigrés, "11 milliards qui passent par Western Union", pour faire pression sur les pays d'origine qui renâcleraient à rapatrier leurs ressortissants turbulents. L'ancien ministre socialiste assure s'être mal exprimé.

Pas sûr que ces vraies-fausses excuses améliorent les scores prévisionnels. Dans le nouveau sondage Harris Interactive, Montebourg stagne à 2% d'intentions de votes. C'est deux fois moins qu'Anne Hidalgo, qui n'est déjà pas très haute, pour rester dans l'euphémisme. Macron reste égal à lui-même, 23%-24%, et Zemmour, pour la première fois, se détache de Marine Le Pen. De 2 à 4 point séparent les deux candidats, toujours en la faveur de Zemmour, qui atteint sa plus haute estimation, 19%, dans l'hypothèse ou Michel Barnier représenterait la droite. Les soutiens remuants de l'homme-qui-ne-laissera-pas-tomber-les-Français-périphériques le clament haut et fort, voici un tournant décisif, devant nos yeux se produit le phénomène qui renvoie à leurs chères études ces journalistes aguerris qui ont si bien analysé le plafond de verre censé bloquer à tout jamais Z à son apogée de 17 points, et voilà que la barrière virtuelle vole en éclats, le candidat-écrivain prend le large et voit sa dauphine Marine s'éloigner inexorablement tandis que s'annonce le plus décisif des duels au sommet.

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lundi 8 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 8 novembre 2021

8/11/2021

"Sondage: Zemmour devance Le Pen, les catégories populaires divisées." Le Figaro note que le candidat-pas-candidat, avec 17%, est pour la première fois au second tour selon le "baromètre IFOP-Fiducial", tout en restant loin de Macron, étonnamment stable à 25%.

"A Colombey, droite et gauche défendent la mémoire de de Gaulle contre l'extrême droite", pour actu-orange.fr. Droite : Christian Jacob, Michel Barnier, Xavier Bertrand, Eric Ciotti, Philippe Juvin et Valérie Pécresse ; Jean Castex (est-il de droite ?), François Bayrou, Nicolas Dupont-Aignan, Florian Philippot. Gauche : Anne Hidalgo, Arnaud Montebourg. Marine Le Pen prévoit un discours à Bayeux. Zemmour refuse d'associer son nom à ce cirque médiatique - une nouvelle façon de se singulariser, lui qui se dit héritier véritable du gaullisme. Du reste on le trouve à applaudir une proposition du néo-gaulliste Montebourg :

"Élection présidentielle 2022 : Arnaud Montebourg veut bloquer les transferts d'argent privé vers les pays refusant de rapatrier les clandestins." Hurlements d'horreur à gauche, roucoulements de plaisir à la croisée des chemins, le parti socialiste coule normalement. C'est dans ce contexte d'une responsabilisation des "pays d'origine" que l'Algérie, si l'on en croit Marianne, interdit définitivement "l’usage du français dans les administrations et dans l’enseignement." Coup de canif dans la francophonie ? Certainement ; à mettre en regard de ces coups de poignards qui cadencent l'actualité du pays. Dernier en date, ce matin, à Cannes, par un Algérien, selon France-Info, voulant blesser ou tuer des policiers. Commentaire lu sous un article : "on se demande comment il ne peut recueillir que 17%".

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dimanche 7 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 7 novembre 2021

 7/11/2021

Le nom du parti zemmourien ne sera finalement pas Vox Populi, si j'interprète bien ce qui a été dit sur BFM. Quel sera-t-il ? Mystère. Et Zemmour sera-t-il candidat ? Évidemment, il ne répond pas et recommande la patience, mais ajoute qu'il "ne laissera pas tomber" les gens très nombreux qui le soutiennent, quoi qu'il entende par là.

"Je suis quand même potentiellement au second tour, qui l'eût cru, il y a seulement un mois et demi ? Soyons honnêtes, personne, même pas moi". Il y a un mois et demi, cela nous mène aux alentours du 23 septembre, et il devenait clair que le phénomène Zemmour s'était durablement installé sur les ondes et dans nos vies, comme je l'écrivais alors.

Éric Zemmour dans "BFM Politique" (7 novembre 2021)

Cette émission inaugure un style jusque-là inédit, si l'on oublie un instant CNews, celui d'une discussion, sinon sereine, du moins au diapason des programmes habituels, sans coups de sang ni anathèmes, entre Zemmour tout disposé à se laisser de temps à autre couper la parole, et des journalistes qui ne se prennent pas pour des procureurs. Et c'est sur BFM ! On croit rêver.

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samedi 6 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 6 novembre 2021

 6/11/2021

Le futur parti de Zemmour s'appellera Vox Populi, annonce l'Internaute. Pourquoi pas. L'appellation colle parfaitement à la démocratie du peuple, pour le peuple, par le peuple, chère à l'homme politique en herbe. Rideau de fumée si l'on en croit l'éditorial du Monde, ramassant en quelques lignes tous les clichés antizemmouriens. Un échantillon ? Les affirmations "scandaleuses" du personnage "flattent les milieux ultranationalistes et la France rance, émoustillés par le spectacle d’une personnalité revendiquant son identité juive, faisant cause commune avec les héritiers du théoricien de l’antisémitisme Charles Maurras."

Article une nouvelle fois écrit avec les pieds (la dernière virgule, dans l'extrait cité, est si malvenue qu'il faut s'y reprendre pour comprendre ce que veut dire l'éditorialiste), prodigue en poncifs (la France "rance", ça va bien une fois, mais à la cinquantième utilisation on classe l'expression dans les recettes faciles du "journalisme sans peine") et volontiers caricatural (Zemmour ne "revendique" pas son "identité juive"). Et l'on déplore un nouvel article à charge qui ne discute pas les paroles exactes de Zemmour, mais leur version simplifiée et forcément mutilée. Il est très inquiétant de voir lâcher la proie pour l'ombre. À force de démonter ce qu'il n'a pas dit, on légitime, par défaut, ce qu'il a réellement dit, et Dieu sait qu'il y aurait matière à discussion. Si l'aventure Zemmour continue, et si l'homme parvient à conserver autour de lui un nombre toujours plus grand de suiveurs, il suffira de se souvenir de ce genre d'articles de presse pour trouver l'une des raisons de cette popularité. Le journaliste croit accomplir une tâche salutaire, mais s'il s'affirme en même temps comme un militant, ses efforts produiront l'exact inverse de l'effet recherché. Ne pas prendre au sérieux les déclarations de Zemmour (les vraies, pas les raccourcis à charge) révèle un parti-pris méprisant ainsi qu'un refus d'accomplir un travail de journaliste : voilà que disparaît alors l'un des piliers de la démocratie, à savoir une presse honnête à même d'éclairer l'électeur.

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vendredi 5 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 5 novembre 2021

5/11/2021

"_ Cette conférence dont je parlais, de M. Renan, en 1883, s'appelle L'islamisme et la science. Et, ensuite il parle de l'islam, parce qu'en fait, jusqu'à il y a trente ans, les deux mots étaient étroitement synonymes. En revanche, je fais une grande différence entre l'islam et les musulmans. Les musulmans peuvent très bien avoir une pratique, une approche, modérée de l'islam, mais comme disait mon vieil ami Malek Chebel malheureusement défunt, dans ce cas-là ils sont modérément musulmans. Et c'est bien ce qu'on a vu avec cette histoire de voile, comment cette pauvre femme s'est faite insulter et menacer de mort parce qu'elle osait prétendre qu'elle avait la liberté d'enlever le voile. En vérité il n'y a pas liberté d'enlever le voile en islam.

_ Si elle est menacée de mort ce n'est pas par l'ensemble des musulmans. Ce sont des islamistes.

_ Ce sont les seuls qui se sont exprimés."

Intéressante passe d'armes hier entre Zemmour et Henri Peña-Ruiz, auteur d'un "dictionnaire amoureux" de la laïcité (j'avoue n'avoir lu aucun de ces "dictionnaires amoureux" qui semblent surgir au sujet de tout et de son contraire ; peut-être l'alliance revendiquée entre le savoir (le dictionnaire) et la passion (amoureux) me laisse-t-elle sceptique, et passablement gêné, sans que j'exclue l'éventualité d'être ici dans l'injustice caractérisée). Je ne sais pas ce que M. Peña-Ruiz a écrit dans son "dictionnaire", mais un article dans Marianne, par lui signé, suscite la méfiance. "Dans une rue commerçante de Drancy (93), Éric Zemmour demande à une femme d’ôter son voile", peut-on y lire. Un lecteur occasionnel pourrait penser que l'horrible Zemmour a pris à partie une passante innocente pour violer sa conscience. C'est pour prévenir ce type de raccourci erroné que j'avais réalisé la transcription de l'échange, me doutant bien des abus auquel il donnerait prise. Le reste de l'article fonctionne sur le même genre d'approximations et de phrases alambiquées que l'on ne s'attendrait pas à trouver sous la plume d'un "agrégé de l'université et docteur en philosophie," je cite : "Embarrassée, la femme veut lui faire comprendre qu’à ses yeux le voile est un simple habit devenu habituel et comparable en cela à la cravate." La suite des événements a démontré au contraire combien ce "simple habit devenu habituel" (Diable !) n'est en rien comparable à la cravate.

M. Peña-Ruiz également à la peine quand il s'agit de démonter les partis-pris de Zemmour. La preuve par l'amalgame avait si souvent servi, et avec des résultats si déplorables, qu'on s'étonne de la voir ainsi brandie en guise d'argument, ce qu'elle n'est ni de près ni de loin. Or hier elle a été dégainée et lancée je ne sais combien de fois à la face de l'auteur de La France n'a pas dit son dernier mot qu'on ne peut s'empêcher de mettre en doute, une fois de plus, la capacité de celui qui l'emploie à formuler une argumentation un tant soit peu construite. L'écharpée finale, qui oppose la vision peña-ruizienne d'un intégrisme également présent parmi les trois grandes religions aux interrogations zemmouristes sur les crimes imputables aux fondamentalistes chrétiens contemporains restera sans doute comme un moment marquant de cette campagne.

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jeudi 4 novembre 2021

Zemmour au fil des jours - 4 novembre 2021

 4/11/2021

Je tombe sur la dernière partie de l'émission Cnews avec Zemmour. Il s'agit d'un débat avec Denis Olivennes. Je ne connais pas ce monsieur qui me paraît avoir du répondant. À Zemmour : "le protectionnisme ce n'est pas courageux". Ça fait du bien d'entendre de telles choses. Oui, la stratégie protectionniste est non seulement lâche mais contre-productive. La réponse aux défis internationaux est une adaptation intelligente à la situation et non un repli artificiel, avec sa conséquence de maintenir sous perfusion des canards désormais boiteux. Le protectionnisme prépare le grand appauvrissement, avance joliment Olivennes.

Éric Zemmour invité de Christine Kelly sur CNews
Éric Zemmour invité de Christine Kelly sur CNews

J'ai déjà remarqué que face à ce genre d'arguments, Zemmour aime renvoyer son interlocuteur à ses supposées lubies, soit "idéologiques", soit "dogmatiques" (le pseudo-candidat, idéologue forcené, voit de l'idéologie partout, même parmi les gens qui récusent précisément toute approche idéologique). Ce soir, nous eûmes droit à "dogmatique". Le libre-échangisme, précise Zemmour, n'a pas que des avantages (en réponse à une affirmation que personne n'avait formulée). Avez-vous vu la souffrance des victimes du chômage de masse ? Ah tiens, voilà que Zemmour, si insensible au sort de foules se faisant massacrer par des tyrans, verse une larme sur les chômeurs.

Olivennes, décidément fort pertinent, met l'accent sur la hausse du niveau de vie permise par la mondialisation, et pointe (pas assez explicitement, le temps lui a manqué) le fait que les emplois "détruits" étaient à vrai dire "transformés", ce qui est la meilleure chose qui puisse arriver. Mimiques de Zemmour, gêné par l'argument qui heurte sa vision hantée par le spectre de Krasucki. Les derniers échanges laissent entrevoir un accord possible, mais rien n'est moins sûr, Zemmour part certainement de trop loin pour évoluer significativement vers une pensée libérale.

Je n'ai pas vu les autres parties de l'émission et ne saurais en parler. Je retiens simplement que Zemmour refuse toujours de dire à Christine Kelly s'il sera candidat, et paraît curieusement emprunté quand le sujet est abordé.

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